Élection de Joe Biden : un soulagement pour la communauté scientifique

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| AFP
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Joe Biden est le nouveau président des États-Unis, et les scientifiques du monde entier poussent un soupir collectif de soulagement. Le nouveau locataire de la Maison-Blanche va avoir tout l’espace nécessaire pour modifier, inverser voire supprimer les réformes et décisions antiscience prises par Donald Trump durant son mandat. En tête de liste des objectifs du nouveau président : rejoindre les accords de Paris sur le climat, rendre la parole à la science environnementale et s’entourer de chercheurs pour mieux combattre la pandémie.

Cependant, des inquiétudes demeurent : près de la moitié du pays a voté pour le président Donald Trump, dont les actions ont à plusieurs reprises sapé la science et les institutions scientifiques. Biden aura du pain sur la planche en janvier alors qu’il prendra la tête d’une nation politiquement polarisée. « Notre long cauchemar national est terminé. Je ne pourrais pas le dire mieux que ça », déclare Alta Charo, bioéthicien à l’Université du Wisconsin, citant les célèbres remarques de 1974 du président Gerald Ford sur le mandat de son prédécesseur Richard Nixon.

Malgré le décompte des votes et les contestations judiciaires de Trump et de son équipe dans certains États, les principaux médias américains ont déclaré Biden vainqueur le 7 novembre, après avoir confirmé qu’il avait remporté la Pennsylvanie et obtenu suffisamment de votes dans les collèges électoraux pour remporter la victoire. Une fois que Biden prendra ses fonctions le 20 janvier, il aura l’occasion d’inverser de nombreuses politiques introduites par l’administration Trump, qui étaient préjudiciables à la science et à la santé publique.

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Cela comprend des actions sur le changement climatique, l’immigration et la pandémie de COVID-19, qui pourraient faire plus d’un quart de million de victimes aux États-Unis avant que Trump ne quitte ses fonctions en janvier. Les chercheurs espèrent qu’une grande partie des dommages pourra être réparée. Avec Trump écarté, déclare Pervez Hoodbhoy, physicien et spécialiste de la prolifération nucléaire basé à Islamabad, « au lieu de l’individualisme colérique de Trump, nous aurons peut-être un minimum de coopération internationale, un plus grand respect des lois et des traités, plus de civilité en politique à travers le monde, moins de fake news, plus de sourires et moins de colère ».

Rétablir l’importance de la science dans la lutte contre la pandémie

Biden, un démocrate qui a été vice-président sous l’ancien président Barack Obama, a promis d’intensifier les programmes américains de test et de traçage pour aider à maîtriser le coronavirus, à rejoindre l’accord de Paris sur le climat pour lutter contre le réchauffement climatique et inverser les interdictions de voyager et les restrictions de visa qui ont fait des États-Unis une destination moins attrayante pour les chercheurs étrangers.

« Cela témoigne des forces et de la résilience de la science américaine concernant sa résistance durant les quatre dernières années. Elle peut s’attendre maintenant à une période de stabilité et de soutien indispensables de la part de l’administration de Biden », déclare James Wilsdon, chercheur en sciences sociales à l’Université de Sheffield.

L’une des premières priorités de Biden sera de mettre en place un plan de réponse à la pandémie plus agressif. Le 6 novembre, les États-Unis ont enregistré plus de 130’000 nouvelles infections à coronavirus en une seule journée ; le nombre le plus élevé signalé dans le monde depuis le début de l’épidémie.

Trump a cherché à minimiser la COVID-19 tout en s’opposant aux efforts étatiques et locaux pour contenir le coronavirus comme étant trop coûteux. En revanche, l’équipe de Biden s’est engagée à intensifier les programmes de test et de traçabilité de la COVID-19, en travaillant avec les autorités étatiques et locales pour mettre en œuvre des obligations de masque à l’échelle nationale et renforcer les établissements de santé publique.

Administration Biden : un gouvernement à l’écoute de la science

L’équipe de Biden a également promis « d’écouter la science ». L’administration Trump a à plusieurs reprises écarté les scientifiques du gouvernement des agences de santé publique telles que les Centres de contrôle et prévention des maladies (CDC) et la Food and Drug Administration tout au long de la pandémie. Avec Biden en charge, dit Charo, « il existe un large éventail d’agences gouvernementales qui vont maintenant avoir enfin la chance de faire leur travail correctement ».

L’administration de Biden rouvrira également des voies de communication avec d’autres pays et organisations internationales dans sa lutte contre le coronavirus. Trump a retiré les États-Unis de l’Organisation mondiale de la santé plus tôt cette année, critiquant l’agence internationale pour son soutien à la Chine, où l’épidémie a commencé. « Joe Biden et Kamala Harris comprennent qu’aucun pays ne peut faire face seul à nos défis actuels et, espérons-le, réengagera et aidera à reformer les principales institutions multilatérales à base scientifique », déclare Marga Gual Soler, experte en diplomatie scientifique.

Rendre son importance à la science environnementale

En tête de liste se trouve l’accord de Paris sur le climat de 2015. Les États-Unis se sont officiellement retirés de cet accord le 4 novembre, mais Biden a déclaré qu’il rejoindrait le pacte après son entrée en fonction en janvier. Biden et Harris ont également fait campagne sur un plan de 2 milliers de milliards de dollars américains pour stimuler l’énergie propre, moderniser les infrastructures et réduire les émissions de gaz à effet de serre.

L’élection de Biden revêt une importance particulière pour les scientifiques de l’Agence américaine de protection de l’environnement (EPA), qui a souffert des efforts de Trump pour faire reculer les réglementations, renforcer l’influence de l’industrie et saper la façon dont la science est utilisée pour élaborer des règles visant à réduire la pollution et à protéger la santé publique.

« L’administration Trump a tenté de faire muter l’ADN de l’organisation », explique Dan Costa, un toxicologue qui a dirigé le programme de recherche sur l’air, le climat et l’énergie de l’agence jusqu’en janvier 2018, et qui est l’un des nombreux scientifiques chevronnés de l’EPA qui ont finalement choisi de partir pendant le mandat de Trump. Il faudra du temps à l’agence pour récupérer, mais un nuage s’est levé, dit Costa.

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