L’administration Trump a enterré plusieurs dizaines d’études sur les énergies renouvelables

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| Aurich/ThinkStock
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Depuis son élection, le président Trump s’est progressivement érigé en « ennemi de la science » pour la communauté scientifique. Entre nihilisme, désinformation et pression politique sur les institutions scientifiques, nombre de ses décisions ont porté des coups presque fatals à plusieurs domaines scientifiques. Mais le constat ne s’arrête pas ici. Une enquête détaillée conjointe d’InvestigateWest et Grist a récemment révélé que l’administration Trump a enterré, bloqué, détourné voire supprimé plus d’une quarantaine d’études de grande ampleur sur les énergies renouvelables. Un nouvel exemple d’ingérence politique anti-science et de la tendance, déjà ancienne, de Trump à nier l’importance des énergies renouvelables.

Dan Simmons et Alex Fitzsimmons, des hauts fonctionnaires du département de l’Énergie nommés par Trump, ont empêché la publication de recherches montrant que les énergies renouvelables étaient efficaces, les cachant dans des revues scientifiques coûteuses, ou même en modifiant des rapports. Dans l’ensemble, cela montre la mauvaise habitude de la Maison-Blanche de cacher des recherches potentiellement vitales afin de protéger et de promouvoir l’industrie des carburants fossiles.

Au total, le ministère a bloqué les rapports pour plus de 40 études sur l’énergie propre. Le département les a remplacés par de simples présentations, les a enterrés dans des revues scientifiques non accessibles au public, ou les a laissés paralysés au sein de l’agence, selon des courriels et des documents obtenus par InvestigateWest, ainsi que des entretiens avec plus d’une douzaine d’anciens employés du ministère de l’Énergie et de ses laboratoires nationaux.

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Une ingérence politique de longue date

Ce n’est pas la première fois que l’administration Trump réduit au silence les scientifiques de l’environnement ou de l’énergie à des fins politiques. En 2018, Scott Pruitt, directeur de l’Environmental Protection Agency, a empêché la publication d’une étude majeure sur les niveaux dangereux de pollution de l’eau aux États-Unis. L’année suivante, il est apparu que le ministère de l’Agriculture avait caché au public plus de 45 études sur l’impact du changement climatique.

L’ingérence politique est une pratique omniprésente ciblant la recherche financée par le bureau de l’efficacité et des énergies renouvelables du DOE, affirment des chercheurs fédéraux, qui ajoutent que la tendance s’intensifie. La vaste portée de l’ingérence révélée par l’enquête de deux mois d’InvestigateWest est également confirmée par une lettre envoyée la semaine dernière au secrétaire à l’Énergie Dan Brouillette de l’US House Science Committee.

La lettre cite un article d’août 2020 d’InvestigateWest qui détaillait le retrait politique d’une étude datant de 2016. Elle énumère également six autres études financées par le DOE qui ont été « indûment retardées ou modifiées par des hauts fonctionnaires du DOE » et quatre autres rapports achevés qui « ne sont pas encore publiés ».

Un personnel administratif entaché de conflits d’intérêts

Le département de l’énergie de Trump prétend suivre une stratégie énergétique propre, qui comprend un soutien aux énergies renouvelables. Cependant, le secrétaire Brouillette et son secrétaire adjoint, Mark Menezes, sont tous deux d’anciens lobbyistes ; Brouillette pour Ford Motor Company et Menezes pour les services publics d’électricité. Les industries qu’ils représentaient risquaient de perdre de l’argent en raison des progrès technologiques financés par le bureau de l’efficacité et des énergies renouvelables.

Par exemple, les centrales électriques combinant des panneaux solaires et de grosses batteries peuvent — comme les barrages hydroélectriques — réduire la demande de centrales à gaz naturel favorisées par les producteurs d’électricité que Menezes desservait auparavant. Et le passage aux véhicules électriques nécessite un réoutillage coûteux de la part des constructeurs automobiles.

Lorsque les rapports des scientifiques du gouvernement ont commencé à apparaître dans les médias — annonçant des innovations ou la croissance du marché dans l’espace renouvelable, ou explorant des options politiques et des mises à niveau du réseau qui stimuleraient davantage les énergies renouvelables —, les personnes nommées par l’administration Trump ont été initialement prises au dépourvu. Ensuite, elles ont riposté.

Des études systématiquement soumises à contrôle

Un document obtenu par InvestigateWest montre que Fitzsimmons a mis en place en mai 2018 un système permettant aux personnes nommées d’intervenir et, si nécessaire, de consulter leurs supérieurs avant la publication de rapports politiquement sensibles. Il a ordonné que ceux qui traitent les sujets les plus sensibles — y compris les études comparant différentes sources d’énergie ou projetant les perspectives des énergies renouvelables — soient désignés « Tier 1 » et signalés pour examen par Simmons et Fitzsimmons.

L’examen préalable à la publication des rapports Tier 1 a permis aux principaux responsables politiques du Département de l’énergie d’examiner les conclusions des scientifiques et d’exiger des changements ou d’empêcher leur publication. De telles interférences se sont produites régulièrement depuis, selon des courriels, des documents et des entretiens obtenus ou menés par InvestigateWest.

Revues payantes, annulation et simplification : les outils de l’administration

En plus des études perdues dans les limbes, d’autres envoyées pour examen au bureau de l’efficacité et des énergies renouvelables ont été rétrogradées en présentations de conférence ou simplement annulées. Le National Renewable Energy Lab, ou NREL, pour sa part, examine tous les rapports qu’il envoie à Washington et, selon des salariés, en bloque entièrement certains. « Nous avons tout un processus d’examen qui implique la haute direction, où tout ce qui est controversé est examiné et discuté, et très probablement retiré », révèle un chercheur.

Certaines études dont la publication est prévue sous forme de rapports officiels du Département de l’énergie ou de laboratoires nationaux ont été soumises à la place à des revues scientifiques. Les articles dans les revues sont généralement moins détaillés et sont publiés en dehors du domaine public, ce qui réduit l’impact d’une étude.

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