Suite à des accidents, des pathologies graves ou des opérations chirurgicales, il est possible de se retrouver dans un état de conscience minimale. Dans cette situation très proche du coma, le cerveau des patients conserve une activité électrique et quelques fonctions cérébrales dont l’activité est extrêmement basse. Récemment, une équipe de neurobiologistes a montré qu’il était possible d’augmenter l’activité de certaines zones cérébrales afin de faire de nouveau apparaitre des fonctions cognitives chez ces patients. Bien que de plus amples travaux soient nécessaires, ces résultats constituent une voie thérapeutique encourageante pour aider des personnes en état de conscience minimale dans le futur.
Des chercheurs rapportent avoir utilisé avec succès des ultrasons focalisés de faible intensité pour « relancer » des parties du cerveau de personnes dans des situations similaires au coma, réveillant certaines fonctions chez des patients qui étaient auparavant dans un « état de conscience minimale » (MCS). La méthode utilise la stimulation par ultrasons pour exciter les neurones du thalamus, un centre de traitement pour tout le cerveau et une région connue pour avoir une activité plus faible après un coma.
Deux séances de traitement de 10 minutes ont été administrées à trois patients en MCS, avec une semaine entre chaque séance. Alors qu’un patient n’a montré aucune réponse, les chercheurs ont observé des améliorations significatives chez les deux autres patients. La recherche s’appuie sur des résultats similaires de 2016, impliquant un patient qui se remettait d’une chirurgie et d’un coma médicalement induit. Dans la nouvelle étude, les états de coma avaient duré beaucoup plus longtemps.
Une personne dans un état de conscience minimale peut montrer des signes de conscience clairs, mais subtils ou incohérents. Ces signes, comme le clignement des yeux sur ordre ou l’état de veille, sont généralement suffisamment soutenus pour ne pas être considérés comme des comportements réflexifs, et ils aident à différencier le MCS des comas ou des états végétatifs.
Un retour de plusieurs fonctions cognitives
« Je considère que ce nouveau résultat est beaucoup plus significatif, car ces patients chroniques étaient moins susceptibles de récupérer spontanément que le patient aigu que nous avons traité en 2016 – et tout rétablissement se produit généralement lentement sur plusieurs mois et plus généralement des années, pas sur des jours et des semaines, comme nous le montrons. Il est très peu probable que nos découvertes soient simplement dues à une guérison spontanée », explique le neuroscientifique Martin Monti, de l’Université de Californie (UCLA).
L’un des patients à avoir répondu au traitement était un homme de 56 ans, qui était dans un état de conscience minimale depuis plus de 14 mois, incapable de communiquer. Après le traitement, il pouvait non seulement regarder les photos de parents lorsque leurs noms étaient mentionnés, mais aussi lâcher ou saisir une balle sur demande. Lorsqu’on lui a posé des questions simples sur son identité, il a pu secouer la tête pour « oui » ou « non ».
L’autre patient à montrer des signes de progrès, une femme de 50 ans, était dans un MCS encore plus profond depuis plus de deux ans et demi. Après les séances d’échographie, elle a pu comprendre certaines paroles et reconnaître des objets de base, dont un crayon et un peigne. Les chercheurs disent que la technique est sûre, car elle n’utilise qu’une petite quantité d’énergie et qu’il n’y a eu aucun changement dans la pression artérielle, la fréquence cardiaque ou le taux d’oxygène dans le sang des patients.
Des travaux supplémentaires nécessaires
Il est important de souligner que la recherche est encore dans une phase précoce et expérimentale. Alors que la femme de 50 ans a montré des signes accrus de sensibilisation des mois après, les différences par rapport au point de départ du MCS n’étaient pas si significatives. Et après quelques mois sans traitement, l’homme de 56 ans était revenu à quelque chose de proche de son état de coma d’origine.
Prenant en compte aussi le seul patient qui n’a pas du tout répondu au traitement, les chercheurs restent prudents quant à la réussite de l’échographie et à la rapidité de son déploiement. Néanmoins, ces résultats sont très encourageants — il y a des signes certains que ce type de traitement pourrait aider des patients. Le traitement peut être appliqué via un appareil de la taille d’une soucoupe, et les chercheurs espèrent qu’il pourra éventuellement être utilisé à domicile sur des patients qui sont dans un état de conscience minimale ou végétatif à long terme.