La production de plastique n’a cessé de croître ces dernières décennies, passant de 1,5 million de tonnes en 1950, à 359 millions de tonnes en 2018 ; évidemment, la quantité de déchets plastiques augmente de la même façon. Près des trois quarts des déchets trouvés sur les plages du monde sont en plastique (emballages, bouteilles, bouchons, etc.), et 5000 milliards de morceaux de plastique flottent sur les océans. On estime ainsi que d’ici 2050, toutes les espèces d’oiseaux marins ingéreront du plastique régulièrement. Pour limiter les dégâts, il devient crucial d’augmenter le taux de recyclage des déchets en plastique. Mais comment s’effectue ce processus exactement ?
Près d’un tiers des déchets en plastique sont recyclés en Europe, mais 25% sont enfouis ; la France fait figure de mauvais élève, avec un taux de recyclage des déchets d’emballages inférieur à 30%. Les trois principales sources de déchets plastiques dans l’Union européenne sont les emballages (environ 40%), le secteur du BTP (environ 20%) et le secteur regroupant les plastiques à usage domestique ou professionnel (électroménager, mobilier, matériel médical, etc.). Depuis le 1er janvier 2021, la vente et la mise à disposition de certains produits en plastique à usage unique (couverts, assiettes, gobelets, pailles, touillettes, etc.) ont été progressivement interdites.
En 2019, à l’échelle mondiale, les chercheurs ont estimé que la production et l’incinération de plastique avaient rejeté plus de 850 millions de tonnes de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. D’ici 2050, ces émissions pourraient atteindre 2,8 milliards de tonnes — un chiffre qui pourrait être significativement réduit grâce à un meilleur recyclage. Cependant, la grande diversité des plastiques qui sont jetés complique le processus de recyclage, augmente les coûts et impacte la qualité du produit fini.
Différentes familles de plastiques
Le recyclage commence par le tri des déchets. Pour que celui-ci soit efficace, il est nécessaire de distinguer les différents types de plastiques qui existent. Pour cela, il faut s’appuyer sur la classification mise en place par l’industrie du plastique dans les années 1980 ; celle-ci prend la forme d’un logo, un triangle de Möbius, qui indique que le produit est recyclable. Mais attention, cela ne signifie en aucun cas qu’il sera nécessairement recyclé!
À l’intérieur de ce triangle se trouve un numéro, qui indique la composition du plastique ; il existe au total sept catégories de plastiques recyclables et jusqu’à présent, seules deux d’entre elles sont recyclées partout en France : les numéros 1 et 2, qui correspondent respectivement au polyéthylène téréphtalate (PET) et au polyéthylène haute densité (PEHD). Il s’agit typiquement de bouteilles d’eau et de lait, de flacons de produits cosmétiques (gel douche, shampoing, etc.) et de produits ménagers (lessives, détergents, etc.).
Les autres emballages en plastique (PVC, polypropylène, polystyrène, etc.) ne contiennent pas assez de matière première, leur recyclage n’est ainsi pas viable sur le plan économique. Le meilleur moyen de valoriser ces déchets est de les incinérer pour récupérer l’énergie calorifique. À noter que plusieurs communes bénéficient toutefois de « l’extension des consignes de tri » (ECT), qui invite les usagers à recycler l’ensemble de leurs emballages en plastique (y compris les sacs et films en plastique, les pots de yaourt, les barquettes alimentaires, etc.).
Une fois récupérés par les services de collecte d’ordures ménagères, ces plastiques parviennent au centre de tri où ils sont triés par famille (PET, PEHD, polypropylène, etc.), puis sont compactés sous forme d’énormes paquets, appelés « balles de plastique ». Ils sont ensuite transportés, selon leur nature, vers une usine de régénération (ou directement vers une usine d’incinération).
Broyage, nettoyage, purification
Dans le cadre de la régénération, les plastiques contenus dans les balles sont nettoyés, broyés, puis ramollis. On obtient alors de minuscules paillettes de plastique, qui sont lavées à l’eau chaude additionnée de détergent pour enlever toutes les impuretés (telles que les résidus d’étiquettes et de colle). Pour améliorer la qualité des paillettes, les régénérateurs effectuent parfois une étape supplémentaire de purification par tri optique.
À noter que les paillettes de PET sont souvent mélangées aux paillettes de PEHD (qui proviennent des bouchons des bouteilles). Pour les séparer, on utilise un système de flottaison, car ces deux matériaux n’ont pas la même densité. Ensuite, les paillettes sont chauffées à haute température (environ 280°C) pour être transformées en granulés. Ce sont ces derniers qui sont utilisés par les usines de recyclage pour produire de nouveaux objets en plastique. Les granulés de PET sont ensuite purifiés par polycondensation.
À noter que chaque type de granulés est recyclé pour un usage bien précis. Les granulés de PEHD sont par exemple utilisés pour la fabrication d’arrosoirs, de tuyaux ou de sièges auto pour enfant. Les granulés de PET sont, quant à eux, utilisés pour le rembourrage (synthétique) de couettes, d’oreillers ou d’ours en peluche, pour fabriquer de nouveaux emballages (bouteilles), des vêtements en matière « polaire », etc.
Un recyclage (trop) longtemps délégué
Si les pays industrialisés possèdent tous des centres de recyclage, ceux-ci ne sont pas capables pour autant de traiter les énormes quantités de détritus produits par leurs habitants. C’est pourquoi ils ont longtemps exporté une grande partie de leurs déchets plastiques, notamment en Chine, en Thaïlande ou encore en Malaisie. Jusqu’en 2018, plus de la moitié des déchets exportés dans le monde étaient envoyés en Chine (qui manquait de plastique pour alimenter sa propre industrie).
Le problème qui s’est rapidement posé était que de nombreux arrivages étaient constitués de mélanges de déchets, non triés, dont certains étaient impossibles à recycler. Résultat : les plastiques non exploitables se sont accumulés, entraînant des conséquences écologiques dramatiques dans toute l’Asie du Sud-est. La Chine a donc fini par interdire l’importation de plastique (entre autres déchets) et le réseau mondial du recyclage s’est progressivement déporté vers la Malaisie, la Thaïlande et le Vietnam. Les pays qui se délestaient de leurs déchets ont chacun entrepris de trouver d’autres solutions : certains se sont rabattus sur l’incinération, d’autres tentent de développer leurs capacités de recyclage, d’autres augmentent le prix des emballages pour compenser les coûts, etc.
Le gouvernement français s’est quant à lui engagé à atteindre un taux de 100% de plastique recyclé en 2025. En attendant, le moyen le plus efficace de lutter contre l’augmentation des déchets plastiques reste encore de réduire les achats induisant un emballage ou un produit en plastique. Pour cela, il faut privilégier tant que possible les achats d’aliments « en vrac », fabriquer ses propres produits ménagers et bannir l’usage d’objets en plastique à usage unique.