Nos actions ne sont pas « conscientes », selon une nouvelle théorie de la conscience

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| Gerd Altmann/Pixabay
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Vous est-il déjà arrivé de manger un pot de glace entier sans vous en apercevoir alors que vous vous étiez juré de n’en goûter qu’une cuillérée ? Bonne nouvelle, ça n’est pas entièrement de votre faute, selon une nouvelle théorie sur la conscience développée par des scientifiques de l’université de Boston.

Les chercheurs sont justement partis d’un certain nombre de comportements ou d’actions qui ne semblaient pas se concrétiser de manière complètement consciente. « Nous savions que les processus conscients étaient tout simplement trop lents pour être activement impliqués dans la musique, le sport et d’autres activités nécessitant des réflexes d’une fraction de seconde. Mais si la conscience n’est pas impliquée dans de tels processus, alors une meilleure explication de ce que fait la conscience était nécessaire », explique ainsi Andrew Budson, professeur de neurologie à l’université de Boston et co-auteur du travail de recherche, dans un communiqué de l’université. Cette théorie a été publiée dans l’Official Journal of Cognitive and Behavioral Neurology.

Elle s’appuie notamment sur la notion d’action inconsciente et consciente. Selon les chercheurs, ce qui est nouveau dans cette théorie, c’est qu’elle part du postulat que nos actions ne découlent pas, comme on pourrait le penser, de décisions (conscientes), mais seraient bien inconscientes. La conscience serait une forme de « mémoire » qui intervient non pas en premier, mais en second lieu.

Des actions guidées par notre inconscient

« En un mot, notre théorie est que la conscience s’est développée comme un système de mémoire qui est utilisé par notre cerveau inconscient pour nous aider à imaginer l’avenir de manière flexible et créative et à planifier en conséquence », explique Andrew Budson. « Ce qui est complètement nouveau dans cette théorie, c’est qu’elle suggère que nous ne percevons pas le monde, ne prenons pas de décisions ou n’effectuons pas d’actions directement. Au lieu de cela, nous faisons toutes ces choses inconsciemment et ensuite, environ une demi-seconde plus tard, nous nous souvenons consciemment de les avoir faites ».

Cela expliquerait en effet le destin tragique du fameux pot de glace, ou notre capacité à jouer de la musique sans même y penser lorsque l’on s’est suffisamment entraîné. D’ailleurs, les scientifiques vont même plus loin : « Même nos pensées ne sont généralement pas sous notre contrôle conscient. Ce manque de contrôle est la raison pour laquelle nous pouvons avoir des difficultés à arrêter un flux de pensées qui nous traversent l’esprit lorsque nous essayons de nous endormir, et aussi pourquoi la ‘pleine conscience’ est difficile ».

Budson et les coauteurs de l’étude considèrent un certain nombre de troubles neurologiques, psychiatriques et du développement comme des troubles de la conscience. Parmi ces troubles, la maladie d’Alzheimer et d’autres démences, le délire, la migraine, la schizophrénie, le trouble dissociatif de l’identité, et certains types d’autisme… Ils espèrent donc que cette nouvelle approche pourra enrichir les pratiques des professionnels qui sont en contact avec des personnes qui les vivent. Leur article fournit donc des recommandations sur la façon dont les cliniciens, les éducateurs et les individus peuvent adapter leur comportement pour prendre en compte à la fois le cerveau conscient et inconscient. Selon les chercheurs, leur travail pourrait amener des développements qui permettraient de mieux gérer des comportements à risque tels que la suralimentation.

Source : Official Journal of Cognitive and Behavioral Neurology

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