Découverte d’un volcanisme lunaire inédit, impactant les chances de présence d’une forme de vie

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| NASA/USGS
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Une anomalie thermique détectée sur la Lune pourrait indiquer une nouvelle forme de volcanisme lunaire, remettant en question les connaissances actuelles sur l’activité géologique de notre satellite naturel. Cette découverte pourrait signifier que la Lune est géologiquement plus active qu’on ne le pensait, avec des implications potentielles pour la recherche de la vie extraterrestre et l’exploration spatiale future.

Au fil des décennies, la Lune a été le théâtre d’une exploration scientifique intense. Les chercheurs du monde entier ont déployé des efforts considérables pour déchiffrer les mystères que recèle notre satellite naturel. Grâce à une multitude de missions lunaires, allant des premiers atterrissages d’Apollo aux orbiteurs modernes, nous avons pu collecter une mine d’informations sur la Lune. Ces données ont révélé une histoire géologique complexe, marquée par des impacts de météorites, des éruptions volcaniques et des mouvements tectoniques.

Récemment, une étude menée par Matthew A. Siegler du Planetary Science Institute (Arizona) et ses collègues, a mis en lumière une anomalie thermique dans la région de Compton-Belkovich, connue pour sa concentration élevée en thorium, un élément radioactif. Cette anomalie, plus grande que ce que la désintégration du thorium pourrait expliquer, suggère l’existence d’une nouvelle forme de volcanisme lunaire. Cette observation pourrait bien changer notre compréhension de l’activité géologique de la Lune, et ouvrir de nouvelles perspectives pour l’exploration spatiale et la recherche de la vie extraterrestre. L’étude est publiée dans la revue Nature.

Une invitation à rêver, prête à être portée.

Une anomalie thermique intrigante

Les chercheurs ont utilisé des données provenant de diverses missions lunaires pour détecter cette anomalie thermique, entre autres les instruments à micro-ondes des orbiteurs Chang’e 1 et Chang’e 2 de la Chine. Ils ont détecté une anomalie sous une région volcanique connue sous le nom de Compton-Belkovich, près du pôle Nord, sur la face cachée de la Lune. Notamment une température anormale, environ 20 fois supérieure à la moyenne des hautes terres lunaires.

Compton-Belkovich est connue pour être une région géologiquement active, avec une concentration élevée de thorium. Le thorium est un élément radioactif qui génère de la chaleur lorsqu’il se désintègre. Cependant, la quantité de chaleur émise par la région était bien supérieure à celle que l’on pourrait attendre de la désintégration du thorium seul.

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Le point chaud de Compton-Belkovich. © Siegler et al., Nature, 2023

Un volcanisme lunaire inédit

Pour expliquer cette anomalie, les chercheurs ont dû envisager d’autres sources de chaleur. Ils ont examiné diverses possibilités, y compris l’activité volcanique. En combinant les données thermiques avec d’autres types de données, comme des images de la surface lunaire et des mesures de la composition chimique du sol, ils ont pu construire un argument solide en faveur de l’existence d’une nouvelle forme de volcanisme lunaire.

En effet, l’analyse des données suggère que l’anomalie thermique pourrait être due à une énorme masse de magma solidifié, connue sous le nom de batholite, qui se trouve profondément sous la surface de la Lune. Ce batholite aurait été déposé il y a environ 3,5 milliards d’années, selon le communiqué de l’étude. Sur Terre, les batholites sont assez courants. Ils se forment lorsque de grandes quantités de magma s’accumulent dans la croûte terrestre et se solidifient lentement, créant d’énormes masses de roche ignée. Mais c’est la première fois qu’un batholite est détecté sur la Lune. Cette matrice de granit est également beaucoup plus grande que ce à quoi les chercheurs s’attendaient — ​​environ 50 kilomètres de diamètre.

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Un modèle géophysique du batholite de Compton-Belkovich. © Siegler et al., Nature, 2023

Le rôle du volcanisme lunaire

Historiquement, le volcanisme a joué un rôle déterminant dans la formation de la surface de la Lune. Les vastes plaines de lave basaltique, connues sous le nom de « mares », sont une caractéristique dominante de la géographie lunaire. Ces mares, qui couvrent une grande partie de la surface lunaire, sont le résultat d’éruptions volcaniques massives qui ont eu lieu il y a entre 3 et 4 milliards d’années.

Ces éruptions ont été si puissantes qu’elles ont réussi à percer la croûte lunaire, permettant à la lave de se répandre sur de vastes étendues. Avec le temps, cette lave s’est solidifiée pour former les vastes plaines de basalte que nous voyons aujourd’hui. Ces mares offrent un contraste frappant avec les hautes terres lunaires, plus anciennes et criblées de cratères d’impact.

Un volcanisme toujours actif ?

Cependant, malgré l’évidence de cette activité volcanique passée, la plupart des scientifiques pensaient que la Lune était géologiquement morte, sa petite taille et son manque de tectonique des plaques signifiant qu’elle avait perdu la chaleur interne nécessaire pour alimenter le volcanisme. La découverte de cette anomalie thermique soulève donc la possibilité que le volcanisme lunaire puisse être un processus actif et non un phénomène relégué à l’histoire géologique ancienne.

De plus, si le volcanisme est toujours en cours, cela remet en question de nombreuses hypothèses concernant la Lune, de sa formation à son évolution, en passant par sa structure interne. Cette observation pourrait avoir des implications significatives pour la recherche de vie extraterrestre. En effet, la présence d’une activité géologique active pourrait créer des conditions propices à l’existence de certaines formes de vie. L’activité volcanique fournirait la chaleur nécessaire à la subsistance de la vie dans des environnements autrement froids et hostiles.

Sans compter que les volcans peuvent libérer des composés chimiques qui sont essentiels pour la vie telle que nous la connaissons. Il est important de noter que toute forme de vie sur la Lune serait probablement très différente que ce que nous connaissons sur Terre, en raison des conditions environnementales extrêmes.

Source : Nature 

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