Une stimulation sonore ciblée à 100 Hertz pourrait soulager efficacement le mal des transports, selon une étude récente. Testée sur des humains et des modèles animaux dans un environnement simulant les conditions de déplacement en véhicule, cette technique a permis de réduire vertiges et inconfort après seulement une minute d’exposition. Elle pourrait constituer une méthode non invasive et facilement applicable pour traiter ce trouble courant.
Affectant des individus de tous âges, le mal des transports demeure une gêne fréquente, influant sur les habitudes de mobilité. Tandis que certains tolèrent mieux certains moyens de transport, d’autres en sont durablement incommodés. Le phénomène touche plus souvent les passagers que les conducteurs, et son incidence pourrait s’accroître avec l’essor des véhicules autonomes, qui transformeront les conducteurs d’aujourd’hui en passagers de demain.
Des recherches ont établi que le mal des transports résulte d’un dysfonctionnement du système vestibulaire, en particulier des voies réflexes des otolithes. Ce système, situé dans l’oreille interne, œuvre de concert avec les systèmes visuel et proprioceptif pour assurer notre équilibre. Les otolithes, en détectant les déplacements de la tête, informent le cerveau sur l’orientation du corps. Une perturbation de ce mécanisme, souvent accompagnée d’une dérégulation du système nerveux autonome, en serait la cause.
Faute de dispositifs embarqués spécifiquement conçus pour prévenir cette affection, les passagers recourent encore majoritairement à des traitements médicamenteux. Or, ceux-ci présentent des effets secondaires et leur efficacité varie selon les individus.
Une équipe de la faculté de médecine de l’Université de Nagoya, au Japon, avance qu’une stimulation sonore ciblée du système vestibulaire pourrait offrir une solution non médicamenteuse prometteuse. « Le déséquilibre induit par un dysfonctionnement vestibulaire et la dérégulation autonome qui en découle sont des causes majeures du mal des transports. Un son capable d’activer la fonction vestibulaire pourrait donc atténuer ces symptômes », écrivent-ils dans leur étude, parue dans la revue Environmental Health and Preventive Medicine.
Une vibration précisément réglée à 100 Hz
Des travaux antérieurs avaient déjà montré que des vibrations sonores à 100 Hertz (Hz) peuvent activer les fonctions des otolithes. Un son pur à cette fréquence semble également moduler les fonctions vestibulaires. Par ailleurs, des données épidémiologiques recueillies chez des sujets sains indiquent qu’une composante sonore de 100 Hz intégrée à un morceau de musique contribue à améliorer l’équilibre. Les fréquences et niveaux de pression acoustique exacts permettant cette stimulation restaient néanmoins à préciser.
Pour combler cette lacune, les chercheurs japonais ont mené des expériences ex vivo sur des souris, testant des sons allant de 90 à 1 000 Hz et des pressions comprises entre 65 et 85 décibels (dB). Ils ont ensuite procédé à des essais sur l’humain et l’animal, afin de valider les effets de la stimulation sonore dans des conditions proches de l’ambiance sonore ordinaire.
L’étude s’est concentrée sur le mal provoqué par des mouvements verticaux et latéraux, typiques de ceux subis dans un véhicule en déplacement. Ces mouvements ont été simulés au moyen d’une balançoire et d’un simulateur de conduite. Les effets ont été mesurés par des évaluations posturales, des électrocardiogrammes et un questionnaire d’autoévaluation.
Chez les participants humains, une seule minute d’exposition à un son pur de 100 Hz, administrée avant l’utilisation du simulateur, a suffi pour atténuer significativement les symptômes, tels que les nausées et les vertiges. « Notre étude démontre qu’une stimulation brève par un son unique, que nous avons désigné sous le nom de ‘sound spice’, réduit les symptômes du mal des transports », explique Takumi Kagawa dans un communiqué de l’université de Nagoya.
Les analyses ont confirmé que les vibrations acoustiques activent les otolithes, sensibles à la gravité et à l’accélération linéaire. « Nos données indiquent que l’exposition à cette fréquence sonore permet de restaurer l’activité des nerfs sympathiques, souvent altérée lors d’un épisode de mal des transports », précise Masahi Kato, coauteur de l’étude.
Autre avantage, « le niveau sonore requis pour obtenir ces effets demeure dans la plage d’exposition quotidienne au bruit ambiant, ce qui garantit la sécurité du procédé », conclut Kagawa. L’équipe envisage désormais de poursuivre ses recherches pour adapter cette technologie à divers contextes de voyage, notamment en avion ou en bateau.