L’analyse de ces microorganismes a donné naissance à une nouvelle branche dans l’arbre du vivant

hemimastigote regne vivant
Vue au microscope électronique de Hemimastix kukwesjijk, la nouvelle espèce découverte par le groupe. | Yana Eglit
⇧ [VIDÉO]   Vous pourriez aussi aimer ce contenu partenaire

Des chercheurs ont identifié un nouveau règne du vivant en analysant un organisme microscopique rare. La découverte a été publiée cette semaine dans la revue Nature.

Des biologistes de l’Université de Dalhousie au Canada ont découvert, après avoir analysé des échantillons de terre prélevés il y a quelques années durant une randonnée en Nouvelle-Ecosse, un nouveau type d’organisme qui montrait des caractéristiques très différentes de celles des autres règnes du vivant connus, d’après les analyses génétiques.

Ces prélèvements, qui avaient été effectués par Yana Eglit, étudiante diplômée de l’Université de Dahlousie, contenaient deux espèces de cet organisme, nommé hemimastigote.

« Ils représentent une branche majeure… que nous ne savions pas que nous manquions », déclare le superviseur de Eglit et co-auteur de l’étude, le professeur Alastair Simpson. « Il n’y a rien que nous connaissons qui leur soit étroitement lié ».

Selon lui, il serait même possible qu’il faille remonter des milliards d’années avant l’apparition des premiers animaux pour trouver un ancêtre commun aux hemimastigotes, ainsi qu’aux autres organismes vivants.

À lire également : Une toute nouvelle espèce de tardigrade a été découverte dans un parking japonais

Yana Eglit ne s’attendait pas à une telle découverte durant l’analyse des échantillons. En les observant au microscope, elle remarqua un organisme qui possédait de nombreux flagelles, des sortes de filaments que l’on trouve sur de nombreux microbes qui, en ondulant de manière coordonnée, leur permettent de se déplacer. Mais ceux qui étaient présents sur cet organisme effectuaient des mouvements aléatoires.

Eglit avait déjà repéré par le passé un microorganisme gesticulant de la même manière. Il s’agissait également d’un hemimastigote. En effet, cet organisme n’est pas inconnu. Plus de 10 espèces ont été identifiées depuis le 19ème siècle, mais personne n’avait déterminé le règne auquel ils appartiennent, jusqu’à aujourd’hui, grâce aux méthodes d’analyse génétique qui se sont perfectionnées au fil du temps.

Jusqu’à maintenant, les scientifiques savaient uniquement que ceux-ci font partie des Eucaryotes, et non des bactéries et des Archées, en raison de la présence d’organites typiques de ce domaine, comme le noyau.

Mais l’identification d’une deuxième espèce dans ses échantillons étonna davantage Eglit, car les hemimastigotes sont extrêmement difficiles à trouver. De plus, l’un des deux était une nouvelle espèce jamais découverte auparavant. Les chercheurs l’ont nommé Hemimastix kukwesjijk.

Elle étudia le comportement de ce dernier, et plus particulièrement sa manière de se nourrir. Il se nourrissait de protistes, ou plus précisément ceux de la famille des diatomées, en tirant sur eux des extrusomes, qui fonctionnement comme des sortes de petits harpons. Il enroule ensuite ses flagelles autour de sa proie, et aspire le contenu de son cytoplasme.

Hemimastix kukwesjijk proie
Hemimastix-kukwesjijk (à droite avec les flagelles), aspirant le contenu de sa proie. Crédits : Yana Eglit/Nature

À présent qu’ils connaissent son mode de nutrition, Eglit et son groupe sont capables de les domestiquer et de les reproduire en nombre important, afin de les fournir à d’autres chercheurs désirant les étudier.

Leur analyse génétique a permis de classer les hemimastigotes dans un « supra-règne » qui regroupe également le règne animal et des mycètes (champignons), qui sont suffisamment similaires pour en faire partie.

De plus amples analyses génétiques sur Hemimastix sont en cours. Le groupe espère ainsi en apprendre davantage sur l’histoire évolutive de la vie sur Terre. Mais en attendant, Simpson, très satisfait de sa découverte avec le groupe, déclare : « Ça sera certainement la seule et unique fois dans ma vie, que j’aurai pu découvrir une telle chose ».

Source : Nature

Laisser un commentaire