L’appendice pourrait être le point de départ de la maladie de Parkinson

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Une analyse d’environ 1.7 million de personnes a révélé un lien entre l’appendice et la maladie de Parkinson. Cette maladie touche près de 10 millions de personnes à travers le monde et pourtant, ses causes restent encore largement inexpliquées. La maladie de Parkinson se caractérise principalement par une lenteur des mouvements associée à une raideur ainsi que des tremblements. D’autres symptômes, comme des troubles digestifs par exemple, peuvent apparaître des dizaines d’années avant la survenue des premiers problèmes moteurs.

Publiée ce mercredi 31 octobre dans la revue Science Translational Medicine, cette nouvelle et vaste étude vient de souligner le rôle que pourrait avoir l’appendice dans l’apparition de cette maladie. En effet, l’étude menée sur 1.7 million de personnes a révélé que les individus qui avaient eu une ablation de l’appendice avaient jusqu’à 25% moins de chances de développer la maladie de Parkinson, selon leur lieu de résidence.

De plus, des amas de protéines précédemment associés à la maladie ont été découverts dans l’appendice et dans d’autres parties du système digestif, s’ajoutant donc aux preuves existantes qui établissent un lien entre l’intestin et les maladies cérébrales.

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Des neuroscientifiques travaillant pour des organismes de recherche du monde entier ont associé les détails du PPMI (Parkinson’s Progression Markers Initiative – une étude clinique observationnelle permettant d’évaluer de manière exhaustive les cohortes d’intérêts importants en utilisant des techniques avancées d’imagerie, d’échantillonnage biologique et des évaluations cliniques et comportementales, dans le but d’identifier les biomarqueurs de la progression de la maladie de Parkinson), aux enregistrements du registre national suédois des patients, afin de rechercher une relation entre la maladie neurodégénérative et les appendicectomies.

Aujourd’hui, il existe de plus en plus de preuves suggérant que la maladie de Parkinson se développe dans l’intestin et remonte le nerf vague jusqu’à atteindre le cerveau. Cela pourrait ne pas être aussi surprenant que prévu, étant donné qu’un symptôme précoce de la maladie est la constipation. Des amas anormaux d’une protéine appelée alpha-synucléine associée à la maladie ont également été détectés dans le tractus gastro-intestinal.

Comme la protéine s’accumule en tant que réaction immunitaire aux toxines et aux bactéries, et que le cul-de-sac intestinal appelé appendice vermiforme est censé avoir un rôle à jouer en tant qu’abri pour la microflore intestinale, il s’agit d’une supposition évidente concernant son lien avec la maladie. « Bien que sa réputation soit en grande partie d’être « inutile », l’appendice joue en réalité un rôle majeur dans notre système immunitaire, dans la régulation de la composition de nos bactéries intestinales et maintenant, comme le montre notre travail, dans l’apparition de la maladie de Parkinson », explique Viviane Labrie, auteure principale de l’étude.

Il ne s’agit pas des premiers chercheurs à émettre cette supposition. D’autres études ont eu des résultats plutôt mitigés. En effet, il faut savoir que la maladie de Parkinson est une maladie à action lente : il faut des années aux cellules cérébrales productrices de dopamine pour se dégrader à un point tel que le corps subit des tremblements, une rigidité musculaire et la perte de divers mouvements automatiques.

Cette mort lente des cellules cérébrales semble être liée à la manière dont l’alpha-synucléine se plie et s’agglomère chez certaines personnes, ce qui est, dans une certaine mesure, imputé aux mutations du gène responsable de la construction de la protéine.

Cependant, des décennies de recherche suggèrent qu’il doit y avoir plus d’accumulation que de gènes, car les interactions entre le cerveau et les intestins semblent de plus en plus suspectes. La lenteur du développement des symptômes au début de la maladie de Parkinson est sans doute préférable aux personnes à risque, mais elle rend les études un peu plus compliquées pour les chercheurs.

C’est en utilisant un registre de patients à long terme, que l’équipe a pu remonter des décennies dans le passé afin de voir quels individus avaient fait enlever leur appendice et déterminer si ces derniers avaient depuis reçu un diagnostic de la maladie de Parkinson. Une comparaison des chiffres de deux banques de données a confirmé que quelque chose « d’étrange » se passait.

En effet, les chercheurs ont constaté que plus d’un demi-million de patients inscrits au registre avaient subi une appendicectomie pour suspicion d’inflammation ou à cause d’une infection, tandis que 2200 des 1.7 million de patients avaient reçu un diagnostic de maladie de Parkinson. Ce chevauchement était révélateur, avec seulement 1.6 diagnostics pour 100’000 personnes sans appendice. Parmi ceux qui avaient encore leur appendice intact, le taux était plus proche de 2.0 pour 100’000.

Cette différence de 20% est significative. Cependant, cela ne signifie en aucun cas que le fait de retirer votre appendice vous rendra immunisé à la maladie de Parkinson. Cette découverte ajoute donc encore un élément au mystère, mais aide bien évidement les chercheurs à mieux comprendre pourquoi les formes mutantes d’alpha-synucléine s’accumulent et détruisent les cellules du cerveau.

Des comparaisons basées sur le fait que les patients vivent en milieu urbain ou rural ont également révélé que les paysans dont l’appendice avait été retiré avaient 25% moins de risques de développer la maladie. Cela contribue aux recherches précédentes, démontrant des liens entre l’exposition aux pesticides et la maladie de Parkinson. « Cette recherche conforte deux hypothèses : la maladie de Parkinson débuterait tôt dans le tube digestif, et les facteurs environnementaux, comme l’exposition aux pesticides, ont un rôle dans l’apparition de la pathologie chez les personnes prédisposées génétiquement », constate Vanessa Fleury, neurologue aux Hôpitaux universitaires de Genève (HUG).

Source : Science Translational Medicine

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