Au cours des dernières années, de nombreux nouveaux astéroïdes ont été ajoutés aux différents catalogues cosmiques qui leur sont dédiés, notamment les astéroïdes évoluant à proximité de la Terre (objets géocroiseurs, ou NEO). Cette recrudescence n’est pas liée à l’apparition de plus en plus d’astéroïdes, mais à l’amélioration des moyens de détection dont disposent les astronomes. La récente détection de l’astéroïde géocroiseur 2020 QU6 par un astronome brésilien amateur en est un bon exemple. Elle rappelle également la nécessité pour les institutions spatiales de continuer à surveiller et lister les astéroïdes géocroiseurs afin de prévenir toute menace.
L’astéroïde, appelé 2020 QU6, mesure environ 1 km de diamètre, soit une taille suffisante pour entraîner de très lourdes conséquences s’il avait frappé la Terre. Cependant, il ne posait aucun risque pour notre planète car l’objet est passé à côté de la Terre à une distance de plus de 40 millions de kilomètres, soit plus de 100 fois la distance entre la Terre et la Lune.
« Dans les actualités, nous entendons de plus en plus souvent parler de découvertes d’astéroïdes, principalement parce que nous nous améliorons dans la recherche et le suivi des astéroïdes géocroiseurs. Il n’y a pas soudainement plus d’astéroïdes, nous améliorons simplement nos technologies pour les voir », explique Bruce Betts, planétologue en chef à la Planetary Society.
Astronomes amateurs : des alliés au sol à soutenir pour l’observation des astéroïdes
L’astéroïde 2020 QU6 a été découvert le 27 août par l’astronome amateur Leonardo Amaral à l’observatoire Campo dos Amarais près de Sao Paulo, au Brésil. En 2019, Amaral a reçu une subvention de 8500$ de la Planetary Society pour acheter un meilleur équipement d’observation qui lui permettrait de trouver, suivre et caractériser plus efficacement les objets géocroiseurs (NEO).
L’emplacement d’Amaral dans l’hémisphère sud offre également un point de vue unique pour trouver un si grand astéroïde, car de nombreux relevés du ciel professionnels de chasse aux astéroïdes sont situés dans l’hémisphère nord. Alors que la NASA et d’autres grandes agences traquent les astéroïdes, la découverte de l’astéroïde 2020 QU6 si proche de son approche de la Terre rappelle la nécessité de soutenir les astronomes au sol comme Amaral.
Animation montrant la trajectoire de l’astéroïde 2020 QU6 entre la Terre et Mars durant 4 mois, entre août et novembre 2020 :
L’astéroïde d’Amaral est inhabituel en matière de taille. La plupart des estimations indiquent que 90% des objets d’au moins un kilomètre de large ont déjà été trouvés et qu’aucun ne touchera la Terre prochainement. Un besoin plus pressant est la détection d’astéroïdes plus petits qui peuvent encore causer des ravages à l’échelle régionale.
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La nécessité de surveiller les astéroïdes géocroiseurs potentiellement menaçants
En 2013, un astéroïde de 20 mètres de diamètre a explosé au-dessus de la ville russe de Tcheliabinsk, brisant des fenêtres, endommageant des bâtiments et blessant plus de 1000 personnes. Un siècle plus tôt en 1908, un astéroïde plus gros a explosé au-dessus de Tunguska, en Sibérie, nivelant une forêt entière. Si un astéroïde de la taille de celui de Tunguska frappait une grande région métropolitaine, des millions de personnes pourraient être tuées.
En 1998, le Congrès américain a ordonné à la NASA de lancer SpaceGuard, un effort pour trouver et suivre 90% de tous les objets géocroiseurs de 1 kilomètre et plus d’ici 2008. En 2005, le Congrès a élargi le mandat de la NASA en matière de géocroiseurs pour trouver et suivre au moins 90% des objets géocroiseurs de 140 mètres ou plus d’ici 2020. Mais comme l’agence n’a jamais reçu suffisamment de fonds pour s’acquitter de cette tâche beaucoup plus difficile, seuls 40% de ces objets ont été trouvés à ce jour. Aux taux de détection actuels, il faudra encore 30 ans avant que la NASA n’atteigne l’objectif.
Un nouveau télescope spatial de la NASA appelé NEO Surveillance Mission, ou NEOSM, pourrait atteindre cet objectif dans 10 ans, mais le financement a été difficile à obtenir. Bien qu’elle puisse être lancée dès 2025, les niveaux de financement actuels pousseraient la mission au moins vers la fin des années 2020. Le budget actuel de la défense planétaire de la NASA est de 160 millions de dollars par an — moins de 1% des dépenses totales de la NASA et l’équivalent de 48 cents pour chaque Américain.