Attirance physique : un indicateur de bonne santé à long terme, selon une étude

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Les personnes physiquement attirantes seraient-elles en meilleure santé ? Alors que la plupart des hypothèses corroborant cette corrélation manquent d’arguments, une nouvelle étude appuie l’hypothèse que l’attractivité physique est un indicateur de santé biologique. Les personnes considérées comme physiquement attirantes auraient tendance à avoir une meilleure santé à long terme (sur 10 ans de suivi) que celles d’apparence moyenne. Celles dont l’attractivité est jugée inférieure à la moyenne quant à elles ne semblent pas concernées par cette différence d’état de santé.

Depuis longtemps, les psychologues et les biologistes ont suggéré l’existence d’une certaine corrélation entre l’attractivité et la santé physique. Malgré quelques variations individuelles et temporelles, la recherche psychologique a révélé qu’en général, un grand nombre de normes d’attractivité sont partagées par les humains, et ce indépendamment de l’âge, de l’origine ethnique ou de la culture. Les experts en biologie évolutive ont suggéré que ces normes tiennent d’une adaptation de la perception, visant à choisir le meilleur partenaire.

De ce fait, les normes d’attractivité universelles pourraient fournir de subtils indices sur certaines qualités physiques telles que la santé. En théorie, d’un point de vue évolutif, les individus ayant montré une préférence pour le visage (ou le physique) associé à une bonne santé auraient transmis cette sélectivité à un plus grand nombre de descendants. Cette prédominance aurait fait de certaines caractéristiques une norme universelle du système perceptif humain.

Cependant, les preuves pouvant véritablement soutenir cette mise en relation sont extrêmement limitées. Certaines études ont par exemple suggéré un lien direct entre l’attractivité physique et la santé immunitaire. Toutefois, la plupart ne tenaient pas compte de certains facteurs de variation tels que la santé initiale des individus de l’enquête et de leurs situations socio-économiques. En effet, ces facteurs ont à la fois une influence non négligeable sur l’attractivité physique et la santé à long terme.

Publiant une nouvelle étude sur le sujet dans la revue American Journal of Human Biology, Alexi Gugushvili, professeur de sociologie à l’Université d’Oslo, explique : « mon collègue et moi étions intéressés par ce sujet parce qu’il existe une croyance à la fois dans la perspective savante évolutionniste et dans la culture populaire selon laquelle la santé et l’attractivité physique sont liées, mais nous n’avions jusqu’ici trouvé aucune preuve décisive concernant cette question ».

Dans leur analyse, les chercheurs ont mis en évidence une relation entre la santé cardiométabolique et l’attractivité physique — en tenant compte de nombreux facteurs de variabilité. Leurs résultats ont révélé que les personnes considérées supérieures à la moyenne en matière d’attractivité physique ont tendance à être en meilleure santé sur le long terme que celles d’apparence moyenne — sur 10 ans de suivi.

Des résultats conformes à la théorie évolutive

Pour aboutir à leurs résultats, les chercheurs se sont appuyés sur les données d’une étude longitudinale nationale sur la santé d’adolescents américains jusqu’à leur âge adulte. D’un côté, l’attractivité physique des participants a été notée sur une échelle de 1 à 5, 1 étant « très peu attirant » et 5 « très attirant ». D’un autre côté, la corrélation entre l’attractivité physique et la santé a été mesurée sur la base du risque cardiométabolique réel (ou CMR), reflétant la santé immunitaire, métabolique et cardiovasculaire.

Pour le CMR, un ensemble de biomarqueurs pertinents a été évalué : le cholestérol LDL, le glucose mg/dL, la protéine C-réactive, la tension artérielle systolique et diastolique ainsi que la fréquence cardiaque au repos. Quant aux facteurs de variation susceptibles d’influencer la corrélation attrait physique-santé, les chercheurs ont sélectionné le statut socio-économique (éducation, profession, revenus), les traits de personnalité, l’intelligence, la santé autoévaluée et les problèmes de santé chronique signalés.

Les analyses ont révélé que les personnes ayant un score d’attractivité de 5 avaient une santé cardiométabolique nettement meilleure, sur un suivi de 10 ans. Leur risque cardiométabolique était plus faible, même en tenant compte des différents facteurs de variation. L’indice de masse corporelle semble également jouer un rôle modérateur sur l’attractivité physique et la santé, selon les résultats. Un IMC plus élevé diminue l’attractivité parallèlement à la santé. Cependant, l’influence de l’attractivité physique sur le risque cardiométabolique serait restée significativement élevée, même en tenant compte de l’IMC.

De manière étonnante, les enquêtes ont révélé que les personnes ayant un indice d’attractivité très faible montrent une meilleure santé cardiométabolique. Une recherche antérieure a d’ailleurs suggéré que ces personnes, considérées comme très peu attirantes, peuvent avoir de meilleurs « résultats globaux » dans la vie, tels que le revenu et le statut social. Ces performances leur épargneraient le stress supplémentaire que les personnes subsistant dans des conditions inférieures peuvent subir. Ainsi, la stabilité sociale pourrait leur assurer une meilleure santé, contrecarrant en quelques sortes en partie le « manque » au niveau de la santé par rapport aux personnes attirantes, expliquant ainsi en partie cette exception.

Toutefois, il faut garder à l’esprit que cette étude comporte des limites, dans la mesure où l’évaluation de l’attractivité physique pourrait comporter une certaine subjectivité. De plus, l’on ne connaît pas encore l’ordre réel de la causalité entre cette attractivité et la santé. Néanmoins, « nos résultats sont largement conformes à la perspective évolutive qui suppose que l’attractivité physique est liée à la santé biologique des individus », concluent les chercheurs dans leur étude.

Source : American Journal of Human Biology

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