Le développement de médicaments ou de cosmétiques à partir du monde végétal, tel que la plante de cannabis, est un sujet d’intérêt actuel de l’industrie pharmaceutique et cosmétique. Actuellement, plusieurs pays ont légalisé l’utilisation et la distribution de produits à base de cannabis. Récemment, l’univers des cosmétiques se penche également sur l’utilisation du CBD, notamment au vu de leurs bénéfices sur la peau. Qu’en est-il réellement de leur efficacité ? Le CBD sera-t-il le nouvel atout beauté ?
Le cannabis (Cannabis sativa) est l’un des produits naturels addictifs les plus couramment consommés après l’alcool et le tabac. L’industrie pharmaceutique et cosmétique s’intéressent au phytocannabinoïde présent dans cette plante, le CBD (cannabidiol). Ce dernier n’a pas d’activité psychoactive, contrairement au tétrahydrocannabinol (THC) également présent dans le cannabis, et posséderait des avantages certains pour la santé.
Concernant plus particulièrement le monde cosmétique, les phytonutriments sont le moteur de l’innovation dans la recherche sur la peau, car ils peuvent la protéger contre les agents exogènes et endogènes nocifs et peuvent aider à remédier aux troubles cutanés et au vieillissement. Le cannabidiol (CBD) est l’un de ces phytonutriments.
Les chercheurs postulent que le cannabidiol a une utilisation potentielle dans les cosmétiques comme agent antiacnéique et anti-inflammatoire. En conséquence, une importante activité de recherche est menée. Ainsi, les produits à base de cannabis, notamment l’huile infusée au CBD, sont largement utilisés dans diverses formulations, telles que les soins capillaires et les soins de la peau.
Quel avantage à la présence de CBD dans les cosmétiques ?
Concrètement, pour que les industriels puissent utiliser le CBD dans leur production, ils peuvent combiner ce dernier avec une huile, telle que l’huile de chanvre ou de noix de coco, pour créer de l’huile de CBD.
Il faut savoir que la législation européenne actuelle n’interdit pas l’utilisation de CBD obtenu par synthèse dans les produits cosmétiques. Les graines et les feuilles de cannabis (sans la partie supérieure de la plante, les fleurs ou les fruits) obtenues à partir de variétés de chanvre à faible teneur en THC (moins de 0,2%) peuvent également être utilisées, à la fois après un traitement approprié (comme pour obtenir des huiles) ou après un processus d’obtention et de purification du CBD pour une utilisation directe en tant qu’ingrédient.
Une étude de 2014 a exploré les effets du CBD sur les sébocytes humains, responsables de la production de sébum. Bien que nécessaire à la protection de la peau contre les agressions extérieures, le sébum en excès peut entraîner de l’acné. L’étude indique alors que le CBD peut empêcher les sébocytes de créer trop de sébum.
De surcroît, d’une part, une étude de 2016 note les propriétés antibactériennes et antifongiques potentiels de la plante de cannabis. Cela pourrait aider à prévenir l’acné due aux infections de la peau. D’autre part, une étude de 2019 suggère enfin que le CBD pourrait également être bénéfique pour traiter l’apparence des cicatrices d’acné.
De plus, le cannabis pourrait aider à apaiser la sécheresse et les démangeaisons dermiques, déclencheurs potentiels d’eczéma, de dermatite et de psoriasis. En effet, une étude de 2019 note que le CBD présente des propriétés anti-inflammatoires. Comme l’huile de CBD peut aider à apaiser la peau et à réduire l’apparence des irritations, elle peut être utile pour les personnes ayant la peau sensible.
Finalement, la recherche cosmétique est surtout portée par les produits antivieillissement, et là encore, le CBD peut jouer un rôle. Une étude de 2017 met en évidence les propriétés antioxydantes du CBD. Associées à ses propriétés anti-inflammatoires, le CBD peut aider à prévenir l’apparition du vieillissement cutané.
Bien qu’il existe peu de recherches confirmant les prétendus bienfaits topiques des cannabinoïdes, il est certain que la biologie cutanée est modulée par le système endocannabinoïde humain (ECS). Des récepteurs de l’ECS ont été identifiés dans la peau, comme l’explique une étude de 2020. Ce réseau de signalisation moléculaire conservé au cours de l’évolution joue un rôle certain dans l’homéostasie corporelle, ce qui laisse penser que le CBD utilisé dans les cométiques pourrait être un vrai atout dans le traitement de certaines infections comme l’acné, le psoriasis ou le prurit.
Peut-on utiliser sans risque un cosmétique à base de CBD ?
Les produits CBD en général font souvent des allégations trompeuses, note la FDA (Food and Drug Administration, États-Unis). Étant donné que les produits à base de CBD n’ont pas besoin d’ordonnance et sont facilement disponibles, de nombreuses personnes estiment que le CBD est pour la plupart inoffensif. Mais ce n’est pas nécessairement vrai. Selon la FDA, il existe des risques à surveiller lors de l’utilisation de CBD.
Le CBD, surtout s’il est pris par voie orale, peut endommager le foie, bien qu’une étude récente démontre que 55% des consommateurs présentent un risque réduit de cancer du foie. Il n’y a pas encore d’informations permettant de savoir si les produits au CBD peuvent avoir le même effet lors d’une application sur la peau. Par exemple, la quantité de CBD absorbée par la peau n’est pas encore claire.
Néanmoins, comme le souligne l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les gens tolèrent généralement bien le CBD. Cependant, certains effets secondaires courants du CBD, qui peuvent être dépendants de la dose, incluent la sécheresse buccale, la somnolence, la fatigue, la diarrhée, des changements d’appétit et de poids. Sans compter que le CBD peut interagir avec certains médicaments. Il est donc important que les personnes sous traitement avertissent leur médecin avant d’utiliser des produits à base de CBD.
Finalement, bien qu’un ensemble de preuves précliniques suggèrent que l’application topique de CBD peut être efficace pour certains troubles cutanés, tels que l’eczéma, le psoriasis, le prurit, et les états inflammatoires, l’efficacité clinique confirmée et l’élucidation des mécanismes moléculaires sous-jacents doivent encore être pleinement identifiés.