Un champignon utilisé en médecine traditionnelle chinoise stimulerait la croissance des neurones et la mémoire

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Le champignon crinière de lion, également connu sous le nom de Hericium erinaceus, est utilisé depuis des siècles en médecine traditionnelle chinoise. Les molécules actives de ce champignon sont reconnues pour avoir des effets bénéfiques sur le microbiote intestinal, en modulant l’axe intestin-cerveau, ainsi que sur la neurogenèse. Cependant, c’est seulement au cours des 20 dernières années que des études ont commencé à déchiffrer précisément ces mécanismes thérapeutiques au niveau moléculaire. L’une de ces études, qui a identifié de nouveaux composés actifs dans le champignon crinière de lion, a montré comment il peut stimuler la croissance neuronale et améliorer la mémoire. Les tests précliniques ont en effet révélé un impact significatif pour ces deux aspects.

Le champignon crinière de lion, connu sous les noms de « yamabushitake » en japonais (champignon des moines de montagne) et « hou tou gu » en mandarin (champignon à tête de singe), est un champignon qui pousse dans les régions tempérées du nord de l’Asie, de l’Europe et de certaines régions nord-américaines. Il se caractérise par une croissance globulaire imposante avec des franges blanches longues, ressemblant à la crinière d’un lion. Appréciant particulièrement les souches de feuillus morts, il s’agit d’un saprophyte de frêne, de noyer, de hêtre, d’érable, etc.

Le champignon crinière de lion a une place de choix dans la cuisine médicinale chinoise, où il est apprécié pour ses nombreuses vertus curatives. Il est considéré comme un aliment fortifiant pour le foie, les poumons, la rate, le cœur et les reins, et est souvent utilisé pour traiter des problèmes de digestion tels que les ulcères gastro-intestinaux. En plus de renforcer le « Qi » et de soigner l’insomnie, la faiblesse chronique et l’hypodynamie, ce champignon comestible est également considéré comme ayant des propriétés anti-cancer.

D’un autre côté, les recherches en médecine conventionnelle ont identifié plusieurs biomolécules actives sécrétées par le fameux champignon, telles que des bêta-glucanes, l’ergostérol (provitamine D2), le GABA naturel, les héricénones, l’érinacine, etc. Ces deux dernières molécules confèreraient au champignon, d’incroyables effets de neuroprotection et de régénération nerveuse. Des tests in vivo auraient d’ailleurs démontré des réparations de lésions cérébrales ainsi qu’un ralentissement du vieillissement cellulaire.

De manière plus précise, la consommation de crinière de lion permettrait d’augmenter la sécrétion d’un précurseur de croissance neuronale. De ce fait, la myélinisation serait stimulée et améliorerait la fluidité de l’interconnexion neuronale. Des essais cliniques ont par le passé démontré que ces vertus permettent au champignon d’atténuer de manière significative les symptômes de démence. Étant donné que le champignon améliore la connexion entre les neurones, il pourrait également diminuer les symptômes de la dépression et de l’anxiété (où l’on observe une rigidité de connexion entre plusieurs régions du cerveau).

La nouvelle étude, dirigée par l’Université du Queensland (en Australie), se concentre sur la recherche de nouveaux composés bioactifs pouvant stimuler la croissance neuronale et améliorer la mémoire. « Des extraits de ces champignons crinière de lion sont utilisés en médecine traditionnelle dans les pays asiatiques depuis des siècles, mais nous voulions déterminer scientifiquement leur effet potentiel sur les cellules du cerveau », explique Frederic Meunier, professeur à l’institut de neurologie de l’Université du Queensland, et co-auteur principal de la nouvelle étude, parue dans le Journal Of Neurochemistry.

Un puissant effet de croissance axonale

Testés en laboratoire, les nouveaux composés issus du champignon et isolés par les chercheurs leur ont permis d’en observer directement les effets sur les neurones. Pour ce faire, les chercheurs australiens ont purifié et isolé deux composés appelés N-de phényléthyl isohéricérine (ou NDPIH dérivé de l’isoindoline du champignon), et un autre dérivé hydrophobe appelé héricène A.

Ajoutés à des cellules cérébrales de l’hippocampe isolées in vitro, les deux composés ont démontré un puissant effet de croissance axonale et de ramification de neurites (des prolongements cellulaires du neurone qui peuvent prendre deux formes distinctes au cours de leur croissance : l’axone et la dendrite). « En utilisant la microscopie à super-résolution , nous avons découvert que l’extrait de champignon et ses composants actifs augmentaient largement la taille des cônes de croissance des neurones », explique Meunier. Ces derniers seraient des sortes d’excroissances qui auraient pour rôle l’adaptation des cellules cérébrales à leur environnement, ainsi que l’établissement de nouvelles connexions avec d’autres neurones.

L’inhibition du récepteur de la kinase B de la tropomyosine (dont la stimulation induit la neurotrophie ou la croissance neuronale), n’a été que partiellement activée, grâce à la NDPIH. D’après les chercheurs de la nouvelle étude, cette dernière agirait par le biais d’une voie neurotrophique complémentaire et indépendante du récepteur de la kinase B de la tropomyosine.

Par ailleurs, des souris nourries avec un extrait brut du champignon et avec de l’hericène A ont démontré une expression accrue de la neurotrophine (une famille de protéines essentielles à la survie et la différenciation des neurones du système nerveux périphérique). Ce constat signifie que le champignon peut avoir une influence significative sur la mémoire hippocampique et les performances cognitives. « La découverte a des applications potentielles dans le traitement et la protection contre les troubles neurodégénératifs tels que la maladie d’Alzheimer », concluent les chercheurs.

Source : Journal Of Neurochemistry

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