Des chercheurs proposent le meilleur traitement pour la perte d’odorat due à la COVID-19

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Parmi les effets à long terme de la COVID-19, il y a la perte plus ou moins marquée de l’odorat. Si certaines personnes s’en plaignent durant quelques semaines avant de se rétablir pleinement, d’autres déclarent ne jamais avoir retrouvé complètement leurs capacités olfactives plusieurs mois après l’infection.

Comment récupérer l’odorat après des mois de dysfonctionnement ? Certains ont eu recours aux stéroïdes pour les y aider, mais leur utilisation est controversée et n’est pas sans effets secondaires. Des experts en olfaction proposent un moyen simple et naturel pour récupérer gentiment, mais sûrement, ce précieux sens après la COVID-19. Comment ? En réentraînant le nez à sentir certaines odeurs. On appelle cette thérapie la rééducation olfactive.

Il s’agit d’une tâche longue qui pourrait bien durer des mois, mais en sentant au moins quatre arômes différents deux fois par jour, cela pourrait aider à récupérer plus rapidement et de façon plus complète, sans effets secondaires. Cette recommandation est basée sur une étude systématique fondée sur des preuves cliniques, qui a parallèlement conclu que les corticostéroïdes ne devraient pas être la première option de traitement pour la perte d’odorat due à la COVID-19.

Ces médicaments sont couramment prescrits pour traiter la congestion et l’inflammation nasale, mais cela ne semble pas être la cause du dysfonctionnement olfactif chez les personnes atteintes de COVID-19, surtout si la perte d’odorat persiste longtemps après la guérison de l’infection initiale. Les corticostéroïdes pourraient donc s’avérer inefficaces.

Selon les chercheurs, l’entraînement olfactif en revanche, est un moyen plus probant de remettre le nez en état après une infection virale. « En tant que groupe d’experts, nous insistons fortement sur la prise en compte initiale de l’entraînement olfactif », écrivent-ils dans leur document. « L’entraînement olfactif n’a aucun effet secondaire connu et est peu coûteux. De plus, c’est le seul traitement disponible… soutenu par une solide base de preuves ».

Une efficacité prouvée

Bien qu’il soit difficile de comparer les traitements par stéroïdes et par entraînement olfactif pour le dysfonctionnement olfactif post-COVID-19 spécifiquement car aucune étude contrôlée n’a été réalisée, l’idée d’un entraînement olfactif existe depuis un certain temps. Elle a même été utilisée avec succès pour aider à traiter la perte d’odorat due à d’autres infections.

En 2020, par exemple, une comparaison systématique des traitements potentiels de la perte d’odorat post-virale — y compris l’entraînement olfactif, les stéroïdes systémiques, les thérapies topiques, les médicaments oraux non stéroïdiens et l’acupuncture — a révélé que l’entraînement olfactif devrait être la recommandation numéro un sur la base des preuves d’efficacité actuelles.

Surtout qu’aujourd’hui, nous pourrions avoir besoin de mettre en œuvre cette pratique à une échelle jamais vue auparavant. En effet, environ 60% des personnes qui contractent le COVID-19 ressentent une perturbation de l’odorat, tandis qu’environ 10% présentent des symptômes persistants pendant des semaines, voire des mois. Heureusement, il semble que pour la plupart des gens, l’odorat finit par revenir petit à petit, et l’entraînement olfactif pourrait y être pour quelque chose.

Début 2021, une étude portant sur 1363 patients atteints de coronavirus et présentant un dysfonctionnement olfactif a révélé que 95% des patients avaient retrouvé leur odorat au bout de six mois. Il avait été conseillé à ces patients d’entreprendre deux séances d’entraînement à l’odorat par jour à domicile, bien que le nombre de personnes qui ont réellement suivi ces recommandations ne soit pas clair. Les résultats ont été publiés dans la revue International Forum of Allergy & Rhinology.

Corticostéroïdes : manque de preuves d’efficacité et effets secondaires

Les corticostéroïdes ont également été envisagés comme option thérapeutique, mais ce médicament n’est pas sans effets secondaires : rétention d’eau, hypertension artérielle, sautes d’humeur, pour n’en citer que quelques-uns. De plus, il se peut qu’il ne soit d’aucune utilité. Les chercheurs précisent cependant qu’à l’heure actuelle, nous ne disposons pas de suffisamment de preuves pour en être certains et de ce fait l’exclure complètement des options de traitement. Bien que certains rapports de cas suggèrent que les stéroïdes peuvent aider les personnes ayant perdu leur odorat après la COVID-19, en l’absence d’un contrôle, on ne sait pas si ces patients se seraient rétablis d’eux-mêmes.

Sur la base des preuves actuelles, les auteurs rejoignent de nombreux autres experts qui appellent à la prudence : « jusqu’à ce que des essais randomisés et contrôlés par placebo puissent être entrepris, nous devrions commencer par l’entraînement olfactif et non par les stéroïdes ».

Récupération de l’odorat par la stimulation de la neuroplasticité

« [L’entraînement de l’odorat] est apparu comme une option de traitement bon marché, simple et sans effets secondaires pour diverses causes de perte d’odorat, dont la COVID-19 », explique Carl Philpott de l’Université d’East Anglia, au Royaume-Uni. « Il vise à favoriser la récupération en s’appuyant sur la neuroplasticité – la capacité du cerveau à se réorganiser pour compenser un changement ou une blessure ».

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Représentation du bulbe olfactif et des nerfs olfactifs humains (en jaune). Durant une infection virale, les nerfs peuvent être endommagés plus ou moins sévèrement. Dans ce cas, la récupération est lente car elle implique la régénération de cellules nerveuses olfactives par les cellules souches encore présentes et, suite à cela, à la rééducation du cerveau à interpréter ces nouvelles connexions. © Wikimedia Commons / Patrick J. Lynch / CC BY 2.5

Cela demande du temps, et tout le monde ne va pas s’améliorer au même rythme. Les personnes âgées, par exemple, peuvent mettre plus de temps à retrouver leur odorat car elles ont moins de neurones récepteurs olfactifs. Traditionnellement, l’entraînement olfactif repose sur quatre odeurs : le clou de girofle, la rose, le citron et l’eucalyptus, mais le choix de l’une d’entre elles n’a pas vraiment d’importance.

Il peut même être bénéfique de se concentrer sur des odeurs familières, comme les parfums, le zeste de citron, la vanille ou le café moulu, et de réfléchir à des souvenirs pendant qu’ils sont reniflés. Pour obtenir les meilleurs résultats, il est conseillé de changer les quatre « odeurs » de référence toutes les 12 semaines.

Source : International Forum of Allergy & Rhinology

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