La Chine bientôt première puissance spatiale ? Elle pourrait évincer les États-Unis d’ici 5 à 10 ans, selon les experts

« L’essor spatial de la Chine … a fondamentalement redessiné le champ de la compétition pour le pouvoir mondial. »

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La station spatiale Tiangong, achevée en 2023, constitue l'une des avancées marquantes de la Chine en matière d'exploration spatiale. | China Manned Space Agency
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Étant donné sa croissance fulgurante en matière d’exploration spatiale, la Chine pourrait supplanter les États-Unis en tant que première puissance spatiale d’ici cinq à dix ans, selon un récent rapport. Cela s’expliquerait non seulement par les efforts de Pékin, qui ne montrent aucun signe de ralentissement, mais également par le retard enregistré par Washington dans ses objectifs spatiaux — retard susceptible de s’aggraver avec les coupes budgétaires records que subit la NASA.

Les États-Unis font depuis des décennies figure de référence en matière d’exploration spatiale, notamment grâce à des missions qui ont marqué l’histoire, comme le programme Apollo. Ils occupent également une place centrale dans la coopération scientifique mondiale, à travers des projets tels que la Station spatiale internationale (ISS) ou les télescopes Hubble et James Webb.

De son côté, le programme spatial chinois a connu une expansion rapide depuis les années 1990, mobilisant des ressources financières, techniques et humaines considérables. Ses premières initiatives visaient surtout des objectifs économiques, mais Pékin a depuis réorienté une partie de ses moyens vers l’exploration spatiale.

Le rapport publié cette semaine par la Commercial Space Federation, une organisation américaine dédiée à l’industrie spatiale commerciale, souligne qu’à ce rythme la Chine pourrait bientôt détrôner les États-Unis. « La Chine ne se contente pas de rattraper son retard : elle impose le rythme, déréglemente et, parfois, redéfinit le leadership sur Terre et au-dessus de la Terre », affirme le document.

« L’essor spatial de la Chine, porté par une politique rigoureuse, des investissements stratégiques et des avancées technologiques considérables, a fondamentalement redessiné le champ de la compétition pour le pouvoir mondial », ajoutent ses auteurs.

La Chine en passe de devenir le premier pays à renvoyer l’Homme sur la Lune ?

Le rapport détaille la montée en puissance des infrastructures spatiales chinoises et leurs progrès notables dans l’exploration du système solaire au cours de la dernière décennie. Parmi ces avancées figurent l’une des plus vastes constellations de satellites météorologiques au monde, ainsi qu’un ensemble en constante expansion de satellites d’observation terrestre et de communication.

La Chine n’était encore que le troisième pays à déployer une constellation de satellites de navigation dans les années 2000. Mais elle prévoit désormais d’étendre largement son réseau avec au moins trois mégaconstellations de satellites en orbite basse, en mesure de concurrencer le système Starlink.

Pékin a aussi marqué l’histoire en devenant le premier pays à atterrir sur la face cachée de la Lune, puis à en rapporter des échantillons grâce à la mission Chang’e 6. Ses missions habitées ont progressé avec la station spatiale Tiangong qui, après le démantèlement de la Station spatiale internationale prévu d’ici la fin de la décennie, deviendra l’unique station d’État opérationnelle — renforçant ainsi le poids géopolitique de la Chine.

Le pays envisage en outre la construction d’une base lunaire habitée et alimentée par un réacteur nucléaire autonome à l’horizon 2035. Selon le rapport, Pékin pourrait être le premier à renvoyer des humains sur la Lune depuis 1972, si les retards du programme Artemis de la NASA se poursuivent.

Ce ralentissement est en partie attribué aux échecs répétés de Starship, la fusée expérimentale développée par SpaceX. Bien qu’il s’agisse d’un projet privé et non d’un programme gouvernemental, ces contretemps pèsent sur la dynamique américaine. Néanmoins, sans l’apport de SpaceX, les États-Unis seraient déjà éclipsés par la cadence des lancements chinois.

La Chine dispose aujourd’hui de six sites de lancement opérationnels, ce qui lui permet d’augmenter rapidement sa cadence. Mais ce qui frappe le plus, notent les auteurs, c’est que ces réalisations se font simultanément : « la Chine vit simultanément les ères d’Apollo, de l’ISS et de l’espace commercial ».

Des efforts de collaboration internationale combinés à des financements conséquents

Les progrès récents de la Chine reposent aussi sur le soutien financier de l’État à ses entreprises spatiales, dans le but de renforcer l’Administration spatiale nationale chinoise (CNSA). L’an dernier, Pékin a ainsi alloué 2,86 milliards de dollars à ses projets spatiaux commerciaux — un montant plus de dix-sept fois supérieur à celui de 2016, selon le rapport.

Un autre facteur clé est sa volonté de collaborer avec d’autres pays, tels que la Russie, l’Inde ou le Japon. Cette ouverture a permis de nouer plus de 80 projets spatiaux internationaux, affaiblissant la domination américaine dans le secteur.

De leur côté, les États-Unis voient leurs ambitions spatiales entravées par les récentes décisions de l’administration Trump. Celle-ci a proposé de réduire significativement le budget de la NASA, ce qui menace des programmes à long terme comme le retour d’échantillons prélevés par le rover martien Perseverance.

« Les États-Unis sont encore en avance dans de nombreux domaines spatiaux », a déclaré Dave Cavossa, président de la Commercial Space Federation, à Ars Technica. « Mais les Chinois progressent très vite et sont sur le point de nous dépasser dans les cinq à dix prochaines années si nous n’agissons pas », a-t-il ajouté.

Source : Commercial Space Federation
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