La Chine testera deux fusées réutilisables d’ici l’année prochaine, en prévision de ses missions lunaires habitées

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Le prototype de lanceur réutilisable Zhuque-3 VTVL-1 de Landspace, lors d'un premier essai de lancement le 19 janvier 2024. | Landspace
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En vue de la préparation de ses futures missions vers la Lune, la Chine prévoit de tester deux fusées réutilisables entre 2025 et 2026. L’objectif à terme est d’envoyer des astronautes sur la Lune d’ici 2030. Ces vols d’essai font partie d’un nouveau programme de missions lunaires dirigé par la société gouvernementale China Aerospace Science and Technology Corp (CASC). Complétant les nombreuses initiatives commerciales existantes, la stratégie viserait à diversifier l’écosystème aéronautique spatial du pays. 

Le nouveau programme spatial de la CASC a été annoncé la semaine dernière par l’Assemblée nationale chinoise. Bien que l’entreprise n’ait pas précisé quelles fusées exactement feront l’objet des essais, elle est connue pour avoir développé un lanceur spatial superlourd baptisé Longue Marche 10 (aussi appelé « fusée habitée de nouvelle génération », ou CZ-10). Les versions réutilisables destinées aux missions lunaires pourraient être des variantes de ce dernier.

Sur la base du modèle Longue Marche 10, la plus grande fusée pourrait faire 5 mètres de diamètre pour 92 mètres de haut ! Elle pourra ainsi embarquer jusqu’à 27 tonnes de charge utile en orbite translunaire. Elle comporte trois moteurs et pourrait transporter un vaisseau spatial de type Mengzhou et son équipage. La seconde fusée, un peu plus petite, fait quant à elle 4 mètres de diamètre et comporte un seul moteur. Précédemment proposée par l’Académie de technologie des vols spatiaux de Shanghai (SAST) de la CASC, elle est capable d’embarquer jusqu’à 6,5 tonnes de charge. Elle devrait être utilisée pour le lancement d’un vaisseau spatial avec équipage en orbite terrestre basse d’ici 2025. Les deux fusées disposent de moteurs développés par la société chinoise Jiuzhou Yunjian.

Une invitation à rêver, prête à être portée.

Un avantage géopolitique majeur

Contrairement aux fusées que la Chine a lancées par le passé, les deux nouvelles fusées seront entièrement réutilisables. Cela permettra de réduire considérablement les coûts tout en améliorant la durabilité des missions spatiales. À noter que la CASC avait déjà proposé un modèle de fusée réutilisable basé sur la Longue Marche 8, une version ultérieure de CZ-10. Toutefois, ce projet semble avoir été mis de côté.

Néanmoins, « les progrès de la Chine en matière de fusées réutilisables ont été constants ces dernières années, les problèmes technologiques clés ont été surmontés un par un et les progrès globaux sont très fluides », a déclaré Rong Yi, de l’Académie chinoise de technologie de lanceurs (CALT) (affilié à la CASC), à China News.

D’un autre côté, bien que les deux fusées soient destinées à des utilisations spécifiques, la seconde semble concurrencer celles à usage commercial développées par des entreprises privées telles que Landspace, Space Pioneer, Galactic Energy, iSpace et Deep Blue Aerospace. Bien que ces dernières ne disposent pour l’instant pas de modèle réutilisable, elles pourraient probablement s’engager dans cette voie d’ici quelques années. Deep Blue Aerospace démontre d’ailleurs d’importants progrès et pourrait effectuer son premier lancement orbital cette année.

De son côté, la CASC a utilisé ces dernières années une série de lanceurs Longue Marche pour fournir au total 82 services de lancement commerciaux. L’agence prévoit notamment d’étendre ses services commerciaux et compte également mettre en service cette année une fusée Longue Marche 12 de 3,8 mètres de diamètre. Cette dernière sera lancée depuis un nouveau site de lancement commercial.

Par ailleurs, l’accès aux installations d’essai à grande échelle sera amélioré et les sites de lancement commerciaux augmentés. À court et moyen terme, l’agence gouvernementale prévoit également des avancées dans les technologies satellitaires commerciales, les communications de lancement, la navigation et la télédétection. Le développement de moteurs de fusée plus performants et plus rentables (des moteurs à carburant liquide de la série YF-102 ainsi que des moteurs réutilisables YF-209 à oxygène liquide et au méthane) est aussi au programme.

Bien que cela suggère une forme de concurrence avec les autres entreprises privées, cette course pourrait également s’inscrire dans un effort gouvernemental visant à diversifier l’écosystème aéronautique et spatial du pays. En effet, cette diversification augmenterait considérablement l’accès de la Chine à l’espace — ce qui pourrait constituer en soi des avantages géopolitique et commercial majeurs.

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