La Chine est souvent pointée du doigt pour ses centrales électriques alimentées au charbon, dont la consommation va même encore augmenter cette année pour soutenir la reprise économique du pays. La Chine est le premier « producteur » d’émissions de CO2, mais en parallèle, elle est aussi le pays qui investit le plus dans les énergies propres. Selon un rapport de l’Agence internationale pour les énergies renouvelables, la puissance issue des énergies renouvelables en Chine s’élevait à près de 895 GW en 2020 (vs. 609 GW en Europe). Et le pays envisage d’accroître encore ses capacités avec de gigantesques projets solaires et éoliens.
« La Chine va mettre sur pied la plus grande capacité de production d’énergie solaire et éolienne de l’histoire », a déclaré He Lifeng, directeur de la Commission nationale du développement et de la réforme. C’est dans le désert de Gobi, au nord de la Chine, ainsi que dans d’autres régions désertiques, que Pékin prévoit de construire de nouvelles fermes solaires et éoliennes, d’une capacité totale de 450 GW. Un projet conçu pour soutenir les objectifs climatiques du pays, qui ambitionne de réduire ses émissions de CO2 avant 2030, et d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2060.
Le président Xi Jinping s’est engagé à porter la capacité éolienne et solaire totale de la Chine à au moins 1200 GW d’ici 2030. Fin 2021, la Chine avait d’ores et déjà installé 306 GW de capacité d’énergie solaire et 328 GW de capacité éolienne supplémentaires. Elle construit actuellement environ 100 GW de capacité d’énergie solaire dans la zone désertique. Il n’est pas pour autant question d’abandonner le charbon. Et pour cause : ces centrales garantissent une alimentation de base en électricité, tandis que la productivité des infrastructures d’énergies renouvelables peut fluctuer selon les conditions météorologiques.
Une contribution significative à la production mondiale d’énergie propre
He Lifeng a en effet reconnu que les centrales au charbon à haut rendement et des lignes de transport d’électricité à très haute tension sont nécessaires pour assurer le fonctionnement régulier du réseau dans un contexte d’installation à grande échelle d’énergie renouvelable. Une déclaration qui corrobore les propos du vice-Premier ministre chinois Han Zheng, qui a déclaré cette semaine que la Chine devait donner toute sa place au « rôle fondamental de garantie du charbon dans l’approvisionnement énergétique », rapporte Reuters.
Au cours de la dernière décennie, la Chine a massivement investi dans les énergies renouvelables. Elle est devenue le premier producteur au monde d’hydroélectricité (30% de la production mondiale), d’éolien (28,7% de la production mondiale), de solaire photovoltaïque (32% de la production mondiale) et d’électricité à partir de biomasse (17,5% de la production mondiale). En 2020, notamment grâce à ses parcs éoliens, elle était responsable de plus de 50% de la croissance mondiale des capacités d’énergie renouvelable (estimée à 280 GW).
Mais la Chine reste aussi le premier pays producteur et consommateur de charbon au niveau mondial. En 2021, elle a produit un record de 4,07 milliards de tonnes de ce combustible — soit une hausse de 4,7% par rapport à 2020. Selon un autre rapport de l’Agence internationale de l’énergie (IEA), les émissions mondiales de CO2 ont atteint leur plus haut niveau historique en 2021 (36,3 milliards de tonnes), « compensant largement le déclin induit par la pandémie de l’année précédente », précise l’analyse ; une situation due principalement à une utilisation accrue du charbon, qui a représenté plus de 40% de cette augmentation.
La reprise de la demande d’énergie en 2021 a en effet été aggravée par des conditions météorologiques défavorables et un marché de l’énergie marqué par une flambée des prix du gaz naturel, qui ont entraîné une utilisation accrue de charbon pour produire de l’électricité.
Un combustible fossile qui reste indispensable
« La Chine a été la seule grande économie à avoir connu une croissance économique en 2020 et 2021 », souligne le rapport de l’IEA. Conséquence : l’augmentation des émissions chinoises de CO2 au cours de ces deux années ont largement compensé la baisse globale observée dans le reste du monde au cours de la même période. En 2021, les émissions de CO2 de la Chine ont dépassé 11,9 milliards de tonnes, soit 33% du total mondial. Le pays a dû faire face à une demande croissante en électricité (+10% en 2021, soit près de 700 TWh supplémentaires), une augmentation soudaine que les sources d’énergie à faibles émissions ont été incapables de satisfaire.
Ainsi, bien que la Chine ait connu la plus forte augmentation de sa production d’énergie renouvelable en 2021, elle a dû rouvrir d’anciennes mines de charbon pour répondre à la demande. La production d’électricité à partir de sources renouvelables en Chine a approché les 2500 TWh en 2021, ce qui représente 28% de la production totale d’énergie du pays. À noter par ailleurs que la State Grid Corporation of China a récemment mis en service une centrale hydroélectrique à stockage par pompage dans la province du Hebei. Avec une capacité de 3,6 GW, c’est la plus grande centrale électrique à accumulation par pompage au monde.
Ces nouveaux projets éolien et solaire à venir permettront peut-être à la Chine de réduire sa consommation de charbon, mais Pékin n’envisage certainement pas de se passer de cette ressource pour le moment. La Commission nationale du développement et de la réforme a précisé dans son plan de travail 2022 que la Chine « continuera à tirer parti du rôle de soutien de base des énergies traditionnelles, en particulier le charbon et les centrales à charbon ».