Certaines personnes sont connues pour parler fort, même lorsque cela n’est pas nécessaire. Dans ce cas, la nuisance sonore (et l’agacement) occasionnés pour les individus alentours n’est pas le seul problème. En effet, une nouvelle étude révèle à quel point et comment le volume de la voix influence la propagation de particules de la bouche, éjectées en plus grand nombre à volume élevé. Et dans certains cas, comme lors des épidémies de grippe, ces particules peuvent transporter des virus qui se retrouvent alors en suspension dans l’air et peuvent être inhalées à tout moment, contribuant à la propagation des maladies.
Une nouvelle étude de l’UC Davis révèle à quel point plus les gens parlent fort, plus ils émettent de particules en suspension dans l’air, ce qui fait de l’intensité sonore un facteur potentiel de propagation des maladies aéroportées. Les résultats, publiés dans la revue Scientific Reports, dirigée par Sima Asadi et William Ristenpart, a examiné, entre autres facteurs, l’émission de particules pendant le discours en fonction du volume de la voix.
Chaque fois que nous ouvrons la bouche et expirons, nous libérons de minuscules gouttelettes respiratoires générées dans nos poumons et notre gorge, qui peuvent potentiellement transporter des virus. La plupart des gens savent se couvrir la bouche lorsqu’ils éternuent ou toussent, mais beaucoup ne savent pas que le simple fait de parler produit un effet similaire.
Volume de la voix et propagation des maladies aéroportées
« Un résultat clé de notre recherche est que parler est potentiellement aussi important que les éternuements et la toux pour la transmission de la grippe. Lorsque vous respirez ou que vous parlez, vous ne pouvez pas voir les gouttelettes à l’œil nu car elles sont de taille micrométrique, mais elles sont toujours assez grandes pour transporter des virus » explique Asadi.
Chaque année, des maladies aéroportées telles que la grippe infectent des millions de personnes et provoquent l’hospitalisation de 200’000 à 800’000 personnes, selon les CDC. Apprendre comment ces maladies se propagent est la première étape pour apprendre à les combattre. Asadi espère contribuer à cette compréhension en étudiant le comportement de ces gouttelettes, que les humains et les animaux libèrent en expirant.
Elle a commencé ses recherches en réalisant que peu de travail avait été fait sur l’émission de particules pendant le discours, et les quelques études qui avaient été faites montraient des résultats incohérents. Elle a décidé de découvrir pourquoi, en testant l’émission en fonction de différents facteurs vocaux, et a trouvé une forte corrélation avec le volume. « Nous avons montré que lorsque vous parlez plus fort, peu importe ce que vous dites, vous libérez plus de particules ».
Super-spreaders : un facteur potentiellement clé dans la transmission des maladies
L’étude a également identifié un groupe de personnes appelé « superémetteurs » (super spreaders), qui émettent beaucoup plus de particules que leurs pairs lorsqu’ils parlent, quel que soit le volume. L’équipe a testé l’âge, le sexe et l’IMC comme explications potentielles, mais n’a pas observé de corrélation claire.
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Malgré tout, cela explique potentiellement le phénomène des supers spreaders — des gens qui sont capables d’infecter un nombre inhabituellement élevé d’autres personnes. Bien que davantage de travail doive être fait pour tester cette hypothèse, Asadi pense que l’étude jette les bases de futures recherches sur la transmission des maladies aéroportées.
Elle travaille actuellement sur une recherche de suivi visant à examiner comment les différents « phonèmes », les unités sonores qui composent les mots et les phrases, sont liés à l’émission de particules. La théorie est que le fait de prononcer certains mots, phrases et langues a un impact sur le nombre de particules libérées par une personne.