Comment le réchauffement climatique est-il responsable des « zones mortes » océaniques ?

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Les zones mortes sont des zones océaniques anoxiques où la quantité d’oxygène disponible est trop faible pour permettre le développement d’écosystèmes marins. Ces zones se retrouvent dans plusieurs océans du monde et une nouvelle étude suggère qu’elles s’étendent plus rapidement que prévu. L’augmentation des taux de CO2 atmosphériques contribue à une fixation plus importante du carbone par les bactéries anaérobies des profondeurs, accélérant l’extension des zones mortes, et conduisant à des effets dévastateurs sur les biotopes marins.

Selon une nouvelle étude, les « zones mortes » dans les océans du monde — où il n’y a presque pas d’oxygène pour supporter la vie — pourraient s’étendre beaucoup plus rapidement qu’on ne le pense actuellement. Ces zones sont créées lorsque de grandes quantités de matières organiques produites par les algues coulent vers le fond marin, utilisant l’oxygène présent dans les eaux profondes.

Les modèles informatiques peuvent prédire la propagation de ces zones, dans le but de donner un aperçu de l’impact qu’elles pourraient avoir sur l’environnement marin au sens large. Cependant, une étude publiée dans la revue Global Biogeochemical Cycles suggère que la fixation du carbone noir — causée par la présence de bactéries anaérobies dans l’eau plus profonde — doit être incorporée dans ces modèles.

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Le rôle majeur des bactéries anaérobies dans la fixation du carbone

Les chercheurs ont mesuré les isotopes stables du carbone organique dans les carottes de sédiments prélevés au fond de la mer d’Oman, l’une des grandes zones mortes naturelles du monde, afin de comprendre clairement ce qui contribue à la matière organique qu’ils contiennent.

Cette valeur est un mélange de toutes les signatures distinctes de tous les organismes qui ont produit ce carbone — principalement des algues et des bactéries vivant dans l’océan de surface, riche en oxygène et duquel elles coulent.

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Grâce aux carottes de sédiments prélevées, les chercheurs ont pu identifier la contribution majeure des bactéries anaérobies dans la fixation du carbone. Crédits : Sabine Lengger

Cependant, en utilisant un biomarqueur distinct produit par des bactéries anaérobies, ils suggèrent qu’environ un cinquième de la matière organique du fond marin pourrait en fait provenir de bactéries vivant dans ou autour de ces zones mortes.

Dans l’article, les scientifiques affirment que cela remet en doute les prévisions actuelles concernant l’impact de l’augmentation des concentrations atmosphériques de dioxyde de carbone et de l’augmentation des températures qui en résulte.

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Une extension des zones mortes largement sous-estimée

Les chercheurs croient finalement que les zones mortes pourraient s’étendre beaucoup plus rapidement qu’on ne le pensait auparavant, et que les calculs futurs doivent prendre en compte les bactéries afin de prédire avec précision les impacts complets du changement climatique et de l’activité humaine sur le milieu marin.

La nouvelle étude s’ajoute aux avertissements émis à la COP25 par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), où il a été signalé que le nombre de zones mortes hypoxiques connues est monté en flèche de 45 à 700 sites.

Sabine Lengger, biogéochimiste à Plymouth, déclare : « Avec le réchauffement climatique et l’augmentation des nutriments provenant des rivières, les zones mortes océaniques devraient s’étendre. Elles peuvent attirer du carbone et le stocker dans l’océan profond, mais à mesure qu’elles se développent, elles peuvent avoir des effets dévastateurs sur la vie marine, ainsi que sur les personnes qui dépendent économiquement de la pêche ».

« Notre étude montre que la matière organique qui coule au fond de la mer ne vient pas seulement de la surface de la mer, mais comprend également une contribution majeure des bactéries qui vivent dans l’océan profond et peuvent également fixer le carbone. Les modèles existants pourraient manquer de ce facteur clé. Les chercheurs auraient ainsi sous-estimé l’ampleur de l’appauvrissement en oxygène que nous attendons dans un futur monde en réchauffement ».

Sources : Global Biogeochemical Cycles

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  1. De grandes zones mortes se trouvent surtout près des grands estuaires (Mississipi dans l’article +haut) les déchets organiques urbains, azote agricole ne sont -ils pas les facteurs majeurs plus que le réchauffement quand on voit combien les grands fleuves, Asie notamment, sont pollués?

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