Convertir les pelouses en prairies de fleurs sauvages ? Un atout climatique majeur

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Les jardins urbains peuvent fournir d’importants avantages écologiques. Rejoignant l’initiative, le prestigieux King’s College de Cambridge a transformé l’une de ses pelouses en prairie de fleurs sauvages et voit un retour inattendu de la biodiversité. La prairie s’avérant être un atout climatique majeur, l’institut compte donner l’exemple et inciter d’autres à reconvertir leurs pelouses.

Les jardins urbains peuvent aider à contrecarrer les « îlots de chaleur urbains » en réduisant la température jusqu’à 2°C par endroits. En effet, en ville, le manque de végétation empêche la lumière du soleil d’être correctement réfléchie. Actuellement, des efforts sont entrepris à travers le monde, afin de convertir toujours plus de zones urbaines en « oasis de verdure ».

L’on pense généralement que les pelouses font partie de ces efforts. D’un autre côté, il s’agit d’une forme de norme sociale établie depuis le début du 20e siècle et adoptée pour des raisons d’esthétique ou de prestige. Depuis, leur utilisation s’étend à de nombreuses activités, dont le sport.

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Cependant, elles ne peuvent pas constituer un habitat suffisamment sain pour la biodiversité et ne peuvent fournir les avantages écologiques auxquels l’on pourrait s’attendre. En effet, les écologistes recommandent de diversifier au maximum les habitats naturels, pour que la biodiversité puisse s’y épanouir. Or, les pelouses ne contiennent que quelques espèces d’herbes préalablement triées, en plus d’être tondues et contrôlées par des engrais et des pesticides.

Les chercheurs du King’s College suggèrent de rompre avec la tradition et de convertir plus de pelouses en prairies. Débutant leur expérience sur une petite parcelle de l’établissement, les scientifiques ont obtenu des résultats remarquables, en révélant des avantages écologiques inattendus. « Nous avons constaté que la prairie était étonnamment bénéfique pour la biodiversité. J’ai été vraiment surprise de l’ampleur du changement pour une si petite zone », s’extasie la botaniste Cicely Marshall de l’Université de Cambridge, chercheuse principale de l’expérience.

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Le King’s College de Cambridge a converti l’une de ses pelouses en prairie de fleurs sauvages. © Université de Cambridge

Un retour de la biodiversité

La fascinante expérience, décrite dans la revue Ecological Solutions and Evidence, a débuté en 2020, lorsque pour la première fois depuis 1772, l’une des pelouses du King’s n’a pas été tondue, au lieu de quoi des graines de marguerites, de bleuets et de coquelicots y ont été semées. L’année suivante, le charmant spectacle de la prairie en fleurs a révélé d’autres surprises, notamment un véritable retour de la biodiversité.

La prairie a stimulé la biodiversité de sorte à devenir une prairie de fauche, typique de l’Est de l’Angleterre. Mises à part les fleurs sauvages, d’autres plantes ont naturellement émergé et formé un habitat plus diversifié et plus résilient au climat changeant. N’occupant que l’équivalent d’un demi-terrain de football, la prairie abritait trois fois plus d’espèces de plantes, d’araignées et d’autres insectes que la pelouse attenante. Cette dernière n’abritait que 6 espèces ayant un statut officiel de conservation, tandis que la prairie en comprenait 14.

Lors de l’échantillonnage des espèces, 84 espèces végétales différentes ont été identifiées dont seules 33 ont été manuellement semées. Au sein de ce fouillis végétal se trouvaient 16 espèces d’insectes et d’araignées, ainsi que 149 genres de nématodes. Ces insectes ont également attiré 8 espèces différentes de chauves-souris, qui ont visité la prairie trois fois plus que la pelouse. « Pour les espèces qui peuvent rechercher des insectes sur plusieurs kilomètres en une seule soirée, il est incroyable que notre petite prairie ait eu un impact sur leur comportement », souligne Marshall.

Un atout climatique majeur

En analysant le potentiel des prairies pour l’atténuation du changement climatique, les chercheurs ont constaté une réduction significative des émissions de carbone. L’absence de tonte et de fertilisation permettrait notamment d’économiser environ 1,36 tonne d’émission par hectare et par an, soit l’équivalent en émission d’un vol transatlantique. Du côté des pelouses, les émissions de carbone risqueraient d’augmenter dans les années à venir. Le nombre de tontes nécessaires pour les entretenir augmentant à mesure que le changement climatique modifie les saisons.

En plus du coût d’entretien (écologique et financier), les pelouses sont particulièrement vulnérables à la sécheresse prolongée et nécessitent un réensemencement en cas de perte. En revanche, les prairies peuvent se régénérer facilement et résistent mieux à la sécheresse, grâce à leurs racines plus étendues. En outre, la prairie de fleurs plantée par les chercheurs réfléchissait 25% plus de rayonnement solaire que la pelouse, un atout majeur pour atténuer l’effet d’îlot de chaleur urbain.

Rompre avec les traditions ?

Dans le cadre de la recherche, l’équipe a effectué un sondage afin de récolter les avis sur la conversion des autres pelouses de l’Université de Cambridge en prairies fleuries. Les 278 personnes répondant au sondage ont majoritairement été favorables aux prairies, évoquant notamment les avantages pour le bien-être mental, l’environnement et l’éducation. Les professeurs et jardiniers de l’établissement ont pu faire valider une période d’essai sur 5 ans et comptent actuellement les établir définitivement. Des sentiers seront également tracés pour pouvoir s’y promener.

Toutefois, la rupture avec les traditions rencontrera inévitablement des difficultés, les pelouses étant utilisées pour de nombreuses activités, en plus d’être profondément ancrées dans les normes sociales. Beaucoup de personnes tondent d’ailleurs leurs pelouses, en ayant l’impression de soigner davantage leur jardin.

Source : Ecological Solutions and Evidence

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