Les copilotes bientôt remplacés par l’IA ? Les pilotes toujours plus inquiets

Une manœuvre avant tout dictée par la quête d’économies.

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Les copilotes d’avion pourraient bientôt céder leur place à l’intelligence artificielle, dans le cadre d’une stratégie de réduction des coûts engagée par les acteurs du transport aérien. Si ce changement technologique pourrait, en théorie, générer des économies importantes, il suscite de vives inquiétudes au sein de la profession, qui y voit une atteinte potentielle à la sécurité des passagers. À mesure que la technologie progresse, les voix s’élèvent pour appeler à une réflexion approfondie avant toute transition aussi radicale.

La modernisation technologique et la diminution progressive des effectifs à bord ne sont pas nouvelles dans l’histoire de l’aviation. Dans les années 1950, un vol nécessitait la présence de cinq membres d’équipage technique : le pilote, le copilote, un navigateur, un mécanicien et un opérateur radio. Aujourd’hui, ils ne sont plus que deux dans le cockpit, une évolution rendue possible par les avancées technologiques qui ont permis l’automatisation d’une majorité des tâches de vol.

Le pilotage automatique prend ainsi en charge une large part du trajet, mais le commandant de bord et son copilote demeurent indispensables pour superviser les opérations et assurer une double présence, notamment en cas d’indisponibilité de l’un des deux ou de besoin de repos sur les vols long-courriers.

Or, l’irruption de l’intelligence artificielle dans tous les secteurs, y compris l’aéronautique, rebat les cartes. Des avionneurs, des compagnies aériennes, ainsi que des organismes tels que l’Agence européenne de la sécurité aérienne (AESA), explorent désormais la possibilité d’attribuer à la technologie un rôle renforcé dans le cockpit, allant jusqu’à envisager le remplacement du copilote humain par une IA, réduisant ainsi l’équipage à une seule personne.

Un danger pour les passagers ?

L’IA est déjà testée dans divers volets de l’aviation, notamment pour l’optimisation des trajectoires de vol. Des algorithmes sophistiqués permettent d’améliorer l’efficacité énergétique, de limiter les retards et de fluidifier le trafic aérien. Des systèmes comme Air Guardian, développé par le Massachusetts Institute of Technology (MIT), sont conçus pour prendre temporairement le contrôle de l’appareil lorsque les pilotes sont distraits ou en surcharge.

Ces technologies peuvent également gérer des atterrissages d’urgence ou des opérations au sol. Des entreprises comme Airbus investissent dans des systèmes UTM (Unmanned Traffic Management), destinés à épauler les contrôleurs aériens et, à terme, à automatiser la coordination de l’espace aérien.

Des systèmes basés sur l’IA ont déjà montré qu’ils pouvaient piloter un avion. En 2023, un algorithme a ainsi piloté un chasseur F-16 sans assistance humaine durant 17 heures. Mais la transposition de cette prouesse militaire à l’aviation commerciale pose des défis d’une tout autre ampleur.

De nombreux pilotes s’inquiètent de la fiabilité de ces technologies dans des environnements aussi complexes et imprévisibles que ceux de l’aviation civile. « Ce binôme formé d’un commandant de bord et d’une IA représente un risque pour la sécurité », alerte Angel Gonzalez, membre du département technique du syndicat des pilotes de ligne espagnols, cité par Marca. « Les compagnies et les constructeurs souhaitent commencer par des vols long-courriers, où, au-dessus de l’océan, le commandant irait se reposer pendant que l’IA prendrait seule les commandes », déplore-t-il.

Ce moment critique, où le commandant de bord cède la place temporairement au copilote, exige une vigilance extrême, difficilement assurée par un système automatisé. « Nous avons la responsabilité de pousser les gouvernements et les régulateurs à empêcher une telle atteinte à la sécurité », conclut-il.

Une longue tradition de réduction des coûts

Si l’ambition d’intégrer l’IA dans un domaine aussi sensible peut paraître audacieuse, elle s’inscrit dans une logique historique de rationalisation des coûts et de réduction de la dépendance à l’humain. À titre d’exemple, l’optimisation des itinéraires par intelligence artificielle permettrait de réduire la consommation de carburant. Alaska Airlines a ainsi pu économiser 180 000 litres en seulement six mois grâce à de nouveaux algorithmes de planification de vol.

Les compagnies voient également dans cette évolution une réponse à la pénurie de pilotes expérimentés qui affecte le secteur. Mais les obstacles restent nombreux, notamment d’ordre réglementaire. La sécurité aérienne repose encore sur la constance et la prévisibilité – deux qualités que les systèmes d’IA ne maîtrisent pas encore pleinement.

Selon l’AESA, l’assistance au pilotage par IA pourrait être déployée dès cette année. En revanche, la prise de décision autonome par les machines ne devrait intervenir qu’à l’horizon 2030, et une autonomie complète avec un minimum d’intervention humaine n’est envisagée qu’aux alentours de 2050.

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