Contracter la COVID-19 multiplie par 33 le risque d’embolie pulmonaire dans les 30 jours

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C’est la conclusion d’une nouvelle étude menée en Suède impliquant plus d’un million de personnes testées positives au SARS-CoV-2 (quelle que soit la gravité de leur infection), visant à quantifier le risque de thrombose veineuse profonde, d’embolie pulmonaire et d’événement hémorragique après avoir contracté la COVID-19. Il apparaît que ces risques sont systématiquement accrus, ce qui soutient la mise en place d’un traitement préventif de ces incidents thrombotiques et renforce l’importance de la vaccination.

La COVID-19 peut provoquer des symptômes plus ou moins graves, les cas les plus critiques conduisant généralement à un syndrome de détresse respiratoire aiguë. La maladie est également à l’origine de complications cardiovasculaires. Il est par ailleurs avéré que la COVID-19 augmente le risque de thromboembolie veineuse : une méta-analyse publiée l’été dernier, impliquant principalement des patients atteints de Covid sévère, a rapporté une incidence de thromboembolie veineuse (thrombose veineuse ou embolie pulmonaire) d’environ 13%.

Une autre recherche publiée à la même période, comparant des patients infectés et un groupe témoin composé de personnes non infectées, a conclu quant à elle que le risque global de thromboembolie veineuse ne différait pas de façon significative entre les deux cohortes (à l’exception du sous-groupe de patients hospitalisés en soins intensifs). Face à ces résultats contradictoires, des chercheurs suédois de l’Université d’Umeå ont entrepris de mener une étude plus large, à l’échelle nationale, pour mieux évaluer les risques. Ils souhaitaient notamment quantifier le risque des différents troubles thrombotiques, et déterminer comment évoluent ces risques au cours du temps.

Un risque accru jusqu’à six mois après l’infection

Dans cette étude de grande envergure, les chercheurs ont considéré le cas de 1 057 174 personnes testées positives au SARS-CoV-2 entre le 1er février 2020 et le 25 mai 2021 en Suède, appariées selon l’âge, le sexe et le comté de résidence à 4 076 342 participants témoins qui n’ont pas été infectés. Les données provenaient des registres de l’Agence nationale suédoise de santé publique et du Conseil national suédois de la santé et du bien-être.

Il apparaît tout d’abord que, par rapport à la période témoin, les ratios de taux d’incidence ont été significativement augmentés 70 jours après avoir été infecté pour la thrombose veineuse profonde, 110 jours pour l’embolie pulmonaire et 60 jours pour les hémorragies. En d’autres termes, il semble que le risque de développer un caillot sanguin ou une hémorragie soit bien réel, même plusieurs mois après avoir contracté la COVID-19.

Au cours du premier mois suivant l’infection, le risque de développer une embolie pulmonaire s’avère 33 fois plus élevé que chez les individus n’ayant pas été infectés ; ce risque demeure accru jusqu’à six mois après l’infection ! De même, le risque de développer une thrombose veineuse profonde au cours du mois est cinq fois plus élevé que pour les personnes n’ayant pas été contaminées par le virus. Quant au risque d’hémorragie (gastro-intestinales ou cérébrales par exemple), il était près de deux fois plus élevé dans les 30 jours suivant l’infection. Les risques de thrombose et d’hémorragie demeurent élevés respectivement pendant les deux et trois mois suivant l’infection.

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Risques relatifs d’une thrombose veineuse profonde, d’une embolie pulmonaire et d’une hémorragie dans les 30 jours suivant l’infection dans une étude de cohorte appariée, ajustée en fonction de plusieurs facteurs de confusion potentiels, en fonction de la gravité de la maladie. © I. Katsoularis et al.

Cette étude est l’occasion de reconsidérer le risque de thrombose associé à la vaccination contre la COVID-19 — en particulier aux vaccins Vaxzevria (AstraZeneca) et Janssen : selon l’ANSM, quelques rares cas de thromboses atypiques ont été observés dans les 4 à 28 jours suivant la vaccination. Mais cette étude suédoise montre que les complications associées à la COVID-19 sont plus importantes et durables que ce qui a pu être observé après les campagnes de vaccination.

Des risques accrus pour toutes les personnes infectées

Les chercheurs ont remarqué que les risques de thromboembolie variaient selon la gravité de l’infection et la vague pandémique : « Les ratios de taux étaient les plus élevés chez les patients atteints de COVID-19 critique et les plus élevés lors de la première vague pandémique en Suède, par rapport aux deuxième et troisième vagues », précisent-ils dans leur article.

Néanmoins, les données recueillies montrent que même les personnes atteintes d’une forme bénigne de COVID-19 présentaient un risque multiplié par trois de développer une thrombose veineuse profonde et un risque multiplié par sept d’embolie pulmonaire, par rapport au groupe témoin. En revanche, ces personnes ne présentaient aucun risque accru d’hémorragie.

L’embolie pulmonaire, potentiellement mortelle, survient lorsqu’un caillot de sang se loge dans les poumons et qu’il obstrue une artère pulmonaire ou l’une de ses branches. La partie du poumon lésée ne peut plus fournir d’oxygène à l’organisme (on parle d’hypoxémie). Fort heureusement, il est possible de traiter ou de prévenir l’apparition d’un caillot sanguin à l’aide d’anticoagulants. Les chercheurs ont d’ailleurs observé que parmi les personnes qui étaient déjà sous anticoagulants avant la pandémie, le risque de développer une embolie pulmonaire suite à l’infection était de 70% inférieur, suggérant un effet protecteur. Ce traitement ne semble en revanche avoir eu aucun effet sur le risque de thrombose et était associé à un risque accru d’hémorragie.

Alors que la plupart des gouvernements ont désormais levé les restrictions, les populations doivent trouver le moyen de « vivre avec » la COVID-19, de la même manière que l’on côtoie déjà plusieurs virus saisonniers. Ainsi, pour tout un chacun, la vigilance est de mise : en cas d’essoufflement soudain et durable, même plusieurs mois après avoir été infecté (et même en cas d’infection bénigne), les experts recommandent de consulter rapidement un médecin.

Source : I. Katsoularis et al., British Medical Journal

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