Une thérapie génique CRISPR semble guérir une dangereuse maladie inflammatoire

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Une récente percée dans le traitement de l’angio-œdème héréditaire (HAE) par édition génique CRISPR offre un espoir de traiter ainsi d’autres maladies pour le moment incurables. Dans le cadre d’un essai clinique récent, la société Intellia Therapeutics rapporte avoir potentiellement guéri 90 % des patients admis. Que ce soit des maladies génétiques ou auto-immunes, les thérapies par édition génique pourraient cibler de nombreuses autres pathologies.

La thérapie génique, par édition génomique CRISPR, ouvre de nouvelles voies pour le traitement de maladies rares et complexes. Parmi celles-ci, l’angio-œdème héréditaire (HAE). Elle se caractérise par des épisodes récurrents d’œdèmes (gonflements) soudains dans différentes parties du corps, y compris les extrémités, le visage, les voies respiratoires et les organes internes. Ces attaques peuvent être douloureuses, défigurantes et, lorsqu’elles affectent les voies respiratoires, potentiellement mortelles.

La société américaine de biotechnologie Intellia Therapeutics, en collaboration avec des chercheurs de l’Université de Cambridge, de l’Université d’Auckland et du Centre Médical Universitaire d’Amsterdam, a récemment publié dans le New England Journal of Medicine des résultats intermédiaires d’une étude clinique portant sur le NTLA-2002, une thérapie d’édition génique CRISPR in vivo ciblant spécifiquement le gène KLKB1 — résultant en une réduction significative des symptômes chez les patients atteints d’HAE.

Développement et efficacité de NTLA-2002

La thérapie NTLA-2002 repose sur la technologie d’édition génique CRISPR pour cibler spécifiquement le gène KLKB1, qui joue un rôle clé dans la production de prékallikréine. La prékallikréine est un précurseur de la kallikréine, une enzyme qui, lorsqu’elle est suractivée, contribue au développement des symptômes de l’HAE en provoquant une accumulation excessive de fluide dans les tissus. Les auteurs expliquent dans un communiqué qu’en désactivant le gène KLKB1, NTLA-2002 vise à réduire la production de prékallikréine, limitant ainsi l’activation de la cascade inflammatoire responsable des attaques de gonflement.

Lors des essais cliniques de phase 1, NTLA-2002 a été administré à des patients atteints d’HAE à différentes doses pour évaluer son efficacité et sa sûreté. Les résultats ont été remarquablement positifs, avec une réduction significative des niveaux de kallikréine plasmatique et, par conséquent, une diminution notable du nombre d’attaques de gonflement. Cette réduction des symptômes a été observée avec toutes les doses administrées, indiquant une forte efficacité du traitement.

De plus, NTLA-2002 a été bien toléré par les patients, avec des événements indésirables limités principalement à des réactions liées à l’administration par voie intraveineuse et à de la fatigue, tous deux de nature légère et transitoire. Ces résultats suggèrent non seulement que le NTLA-2002 pourrait offrir une solution durable pour le contrôle des symptômes de l’HAE, mais aussi qu’il présente un profil de sûreté favorable.

De l’espoir pour d’autres maladies

L’impact de la thérapie NTLA-2002 sur les patients atteints d’angio-œdème héréditaire (HAE) dépasse largement les attentes médicales traditionnelles, en offrant non seulement un soulagement physique, mais aussi une amélioration considérable de la qualité de vie sur le long terme. Les patients qui ont bénéficié de cette thérapie rapportent une diminution drastique voire une disparition totale des crises d’œdèmes, ce qui représente un changement majeur pour ces patients, qui vivaient auparavant dans la crainte constante d’une nouvelle crise.

Les témoignages de deux patients, Cleveland Firman et Judy Knox, dans un article du Independant, illustrent parfaitement la transformation vécue par les patients : une libération des contraintes imposées par la maladie, permettant un retour à une vie normale, active et épanouie. Cette amélioration du bien-être physique s’accompagne d’un impact tout aussi significatif sur le bien-être mental, les patients gagnant en confiance et en autonomie, libérés de l’anxiété permanente liée à la gestion de leur condition.

Les perspectives ouvertes par NTLA-2002 sont vastes et prometteuses, non seulement pour le traitement de l’HAE, mais aussi pour l’application de la technologie CRISPR à d’autres maladies. Cette thérapie préfigure une nouvelle ère de la médecine personnalisée, où des traitements ciblés et définitifs pourraient remplacer les approches symptomatiques et les traitements à vie actuellement en vigueur.

L’efficacité et la sûreté démontrées par NTLA-2002 encouragent la poursuite des recherches et le développement de nouvelles thérapies géniques pour une gamme plus large de conditions génétiques. En outre, les résultats positifs de cette étude renforcent l’intérêt pour l’édition génique comme outil thérapeutique révolutionnaire, capable de corriger directement les anomalies génétiques à l’origine des maladies, ouvrant ainsi la voie à des avancées médicales inédites et à l’amélioration des soins pour des millions de patients à travers le monde.

Source : New England Journal of Medicine

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