Réchauffement climatique : les ouragans deviennent si extrêmes qu’une catégorie supplémentaire est nécessaire, selon des chercheurs

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Vue satellite de l'ouragan Patricia, qui pourrait être classé dans la nouvelle catégorie (6), selon l'étude. | MODIS/NASA
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Les ouragans extrêmes devenant toujours plus fréquents en raison du réchauffement climatique, des chercheurs proposent une nouvelle catégorie de classification : la catégorie 6. L’échelle conventionnelle, qui va de 1 à 5, ne refléterait pas entièrement les ouragans à venir et les dangers qu’ils représentent. En outre, 5 tempêtes extrêmes au cours de la dernière décennie auraient déjà pu être classées dans cette nouvelle catégorie.

L’échelle habituellement utilisée pour catégoriser la vitesse des vents des cyclones et les dangers qu’ils pourraient représenter (humainement et matériellement) est l’échelle de Saffir-Simpson, allant de 1 à 5. La première catégorie englobe toute tempête dont la vitesse du vent est comprise entre 119 et 153 km/h. La dernière catégorie correspond aux tempêtes avec une vitesse de vent de plus de 250 km/h.

À noter que les mots ouragan, cyclone et typhon désignent essentiellement le même phénomène météorologique, mais dans différentes zones géographiques. Les phénomènes se déroulant dans le nord de l’Atlantique et dans le nord-est du Pacifique sont appelés ouragans. En revanche, ceux qui se produisent dans le nord-ouest du Pacifique sont appelés typhons, tandis que ceux du Pacifique sud et de l’océan Indien sont des cyclones tropicaux.

L’échelle de Saffir-Simpson était initialement basée sur l’estimation des vents de pointe, de l’onde de tempête et de la pression centrale minimale, pour estimer à la fois les dégâts potentiels provoqués par le vent et l’eau lorsque la tempête atteint la côte. Toutefois, en 2010, le protocole de mesure a été modifié pour se limiter uniquement à la vitesse maximale moyenne des vents soutenus sur une durée d’une minute à une altitude de dix mètres (au-dessus du niveau de la mer).

Cela signifie que l’échelle réfère uniquement les risques liés aux vents. Les autres dangers associés aux tempêtes (précipitations, inondations, …) sont communiqués par le biais d’autres mesures spécialisées. Or, les risques liés à l’eau sont la principale cause de mortalité due aux ouragans. De ce fait, limiter l’échelle de Saffir-Simpson uniquement aux risques liés aux vents ne reflète pas fidèlement ses intentions initiales. En d’autres termes, les classifications rapportées pourraient sous-estimer les risques réels.

D’un autre côté, les modélisations des changements à court terme provoqués par le réchauffement climatique prédisent des tempêtes toujours plus intenses. L’élévation de la température océanique et atmosphérique augmente notamment l’énergie thermique disponible pour l’intensification des ouragans. En conséquence, les cyclones dépassant la catégorie 5 avec des vitesses de vent record seront toujours plus fréquents, à mesure que la planète se réchauffe.

En vue de ces constats, les chercheurs du Lawrence Berkeley National Laboratory (Berkeley Lab) suggèrent une mise à niveau de l’échelle de Saffir-Simpson en y ajoutant une sixième catégorie. « Notre motivation ici est de reconsidérer comment le caractère ouvert de l’échelle peut conduire à une sous-estimation du risque et, en particulier, comment cette sous-estimation devient de plus en plus problématique dans un monde en réchauffement », explique dans un communiqué du Berkeley Lab Michael Wehner, auteur principal de l’étude, récemment publiée sur la plateforme Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS).

La nouvelle catégorie englobe les méga-cyclones (ou méga-ouragans) dont la vitesse dépasse les 300 kilomètres par heure. « 300 km/h est probablement plus rapide que la plupart des Ferrari, c’est même difficile à imaginer », a déclaré Wehner au Guardian. Cette vitesse, combinée à la force des vagues et des précipitations, pourrait complètement raser la majorité des infrastructures.

5 tempêtes extrêmes de catégorie 6

La suggestion des chercheurs de la nouvelle étude tient à la fois des conséquences attendues du réchauffement climatique et de l’analyse de l’évolution des ouragans au cours des dernières décennies. Les données historiques entre 1980 et 2021 ont en effet montré que 5 tempêtes ont dépassé les 300 kilomètres par heure et devraient ainsi être classées dans la sixième catégorie. De plus, toutes ces tempêtes se sont produites au cours des 9 dernières années d’enregistrements, ce qui souligne l’implication de l’élévation des températures.

Les cinq tempêtes qui devraient être surclassées sont les typhons Haiyan (2013), Meranti (2016), Goni (2020), Surigae (2021) et l’ouragan Patricia (2015). Haiyan et Surigae ont frappé les Philippines avec des vitesses de vents allant jusqu’à 315 km/h, tandis que Goni a atteint les côtes à 310 km/h. Considéré comme la tempête tropicale la plus intense jamais observée dans l’hémisphère occidental, l’ouragan Patricia, qui s’est formé au large du Mexique, a développé des vents de 343 km/h.

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Les cinq tempêtes récentes qui ont atteint l’intensité de vent hypothétique de catégorie 6. Les triangles indiquent quelles tempêtes ont atteint ces intensités. © Michael F.Wehner et al.

La seconde partie de l’étude consistait à modéliser les impacts du réchauffement climatique sur l’intensification des ouragans. Les chercheurs ont constaté qu’avec un réchauffement de 2 °C au-dessus des niveaux pré-industriels, les risques de tempête de catégorie 6 augmentent de 50 % près des Philippines et doublent dans le golfe du Mexique.

Par ailleurs, « même dans le cadre des objectifs qui visent à limiter le réchauffement climatique à seulement 1,5 °C au-dessus des températures préindustrielles d’ici la fin de ce siècle, les risques accrus de tempêtes de catégorie 6 sont substantiels dans ces simulations », affirme Wehner.

L’ajout d’une sixième catégorie de classification des tempêtes a pour objectif de sensibiliser et de faire comprendre les enjeux. L’étude pourrait aussi être utilisée pour les plaidoyers en faveur de plans d’aménagement et de prévention dans les régions les plus vulnérables.

Source : PNAS

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