Des astronomes ont découvert une nouvelle comète rasante aux alentours du Soleil. Elle a tout d’abord été détectée via le coronographe LASCO C3, puis par le LASCO C2, embarqués sur l’observatoire solaire spatial SOHO. Elle s’est malheureusement approchée trop dangereusement de notre étoile, jusqu’à son auto-destruction…
L’US Naval Research Laboratory (NRL) et l’Observatoire solaire et héliosphérique (SOHO) de la NASA ont réussi à capturer des images de cette comète alors qu’elle s’approchait du Soleil.
Une trajectoire fatale
Selon les calculs des astronomes, la comète devait passer derrière le Soleil à une distance de moins de deux rayons solaires (1,4 million de kilomètres environ). Une trajectoire jugée bien périlleuse par les scientifiques : « Une petite comète ne peut pas y survivre », annonce dans un tweet Karl Battams, qui dirige le projet Sungrazing Comets de la NASA au Naval Research Laboratory.
Elle s’est donc trouvée au plus près du Soleil ce jeudi matin, mais tout indique qu’elle n’en a pas réchappé… Battams a souligné la rapidité avec laquelle cet objet s’est désagrégé lors de son approche : sa queue, constituée de débris de roche plus ou moins gros, a été complètement vaporisée sous l’effet de l’intense rayonnement solaire et des températures extrêmes qui règnent aux abords de l’astre.
Les comètes de type « sungrazer » — littéralement, qui passent au plus près du Soleil — proviennent d’une comète massive, qui s’est fragmentée en centaines de petits morceaux il y a des siècles. Elles appartiennent pour la plupart au groupe de Kreutz, du nom de l’astronome allemand Heinrich Kreutz, qui en 1888, détermina que plusieurs comètes rasantes étaient en réalité issues d’une seule et même grande comète qui s’était disloquée. Un certain nombre de ces mini-comètes sont repérées chaque année. Les sungrazers les plus massifs peuvent survivre à plusieurs passages du périhélie (le point de leur orbite qui se situe au plus proche du Soleil), mais finissent souvent par se fragmenter.
La dernière comète observée était très brillante (les experts estimaient sa magnitude à 2 ou 3) et donc particulièrement facile à détecter. Mais comme la plupart de ses consœurs, elle n’a pas résisté à son voyage, laissant peu de temps aux astronomes pour faire sa connaissance.
Le phénomène n’est pas exceptionnel. Plus tôt cette année, la toute première comète découverte en 2020 a subi le même sort. Tout comme la dernière en date, les spécialistes n’ont même pas eu le temps de lui donner un nom. Là encore, les instruments embarqués sur SOHO avaient permis de capturer ses derniers instants.
Plus de 4000 comètes découvertes par SOHO !
Les premiers lancements de satellites d’observation du Soleil, à la fin des années 1970, ont initié un fort intérêt de la communauté scientifique pour les comètes rasantes. La mission SOHO (Solar and Heliospheric Observatory), lancée en 1995, a permis la découverte de plusieurs centaines de ces comètes ! Au mois de juin 2020, la NASA annonçait que l’observatoire avait découvert sa 4000e comète depuis sa mise en orbite. Dans la vidéo suivante, Karl Battams évoque quatre de ses comètes préférées, découvertes par SOHO :
Chargé d’étudier la structure interne du Soleil et les vents solaires, l’engin spatial est doté d’une douzaine d’instruments d’observation. En orbite autour du Soleil, sa position privilégiée, a permis au LASCO (Large Angle and Spectrometric Coronagraph) de détecter des centaines de comètes rasantes : plus des trois quarts des comètes ainsi découvertes appartiennent au groupe de Kreutz. À noter que ces comètes sont souvent découvertes par des amateurs passionnés, qui observent les images diffusées en temps réel sur Internet. Cette démarche s’inscrit dans le projet Citizen Science mis en place par la NASA, qui invite la population à contribuer aux différents projets scientifiques en cours.
Par exemple, une comète inconnue a été découverte le 5 août dernier par un astronome amateur, Worachate Boonplod. Un objet particulièrement intéressant, car il n’appartient à aucun groupe de comètes connu. Au départ, il ne s’agissait que d’une petite tache légère, enregistrée par LASCO C3. Puis, lorsqu’elle s’est approchée du Soleil le jour suivant, la tache s’est allongée de plus en plus, suggérant qu’il pourrait s’agir en réalité de deux comètes.
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L’hypothèse a été confirmée lorsque l’objet est entré dans le champ de vision du LASCO C2 : la résolution élevée de l’appareil a révélé qu’il s’agissait non pas de deux comètes, mais de trois ! Cet amas de comètes s’est depuis éloigné du Soleil et n’est plus observable. Il est toutefois fort probable qu’il se soit lui aussi désagrégé… Voici des images de cette « triple comète » découverte par Worachate Boonplod le 5 août 2020. Ces images proviennent de l’Heliospheric Imager de la mission STEREO. Cette comète possède une longue queue dynamique, que nous voyons ici interagir avec le vent solaire :
Les données récoltées par les instruments de SOHO — dont la mission est pour le moment prolongée jusqu’au mois de décembre 2020 — permettent d’affiner la classification des comètes rasantes, qui sont a priori issues de différents groupes, y compris celui de Kreutz. Chaque groupe ayant pour origine une grosse comète qui s’est peu à peu fragmentée au fur et à mesure de ses voyages. De nombreuses autres comètes viendront sans aucun doute grossir la base de données dans les mois et années à venir…