Le dentifrice est l’un des produits indispensables du quotidien — du moins, pour quiconque souhaite conserver une hygiène bucco-dentaire correcte. Pourtant, ces produits sont souvent pointés du doigt pour deux raisons : premièrement, certaines marques renferment des composants indésirables, voire toxiques ; de plus, les tubes de dentifrice, constitués d’un mélange complexe de plastique et d’aluminium, ne sont généralement pas recyclables. Des millions de tubes de dentifrice sont ainsi jetés chaque année en France.
Les grandes marques semblent toutefois décidées à s’attaquer au problème. Le groupe Unilever (qui possède, entre autres, la marque Signal) a annoncé l’an dernier qu’il éliminerait progressivement les tubes non recyclables de sa production, au profit de contenants composés de polyéthylène haute densité (PEHD). Il adopte ainsi la même démarche de son concurrent, le groupe Colgate-Palmolive, qui, en 2020, a lancé un tube de dentifrice recyclable, fabriqué en PEHD — un plastique de type 2, déjà utilisé pour la fabrication de flacons alimentaires et de bouteilles de lait.
Cette nouvelle gamme de produits, baptisée Smile for good, est non seulement plus respectueuse de l’environnement, mais repose aussi sur une composition « allégée ». Car c’est l’un des soucis majeurs des dentifrices, comme de nombreux autres produits cosmétiques : une longue liste d’ingrédients, souvent incompréhensible pour le consommateur lambda, dont certains sont susceptibles d’interférer avec le système hormonal. Un bon moyen de s’affranchir de ces composés indésirables est d’opter pour un dentifrice bio, que vous trouverez dans n’importe quel magasin spécialisé.
Des composés parfois nocifs et irritants
Les perturbateurs endocriniens les plus répandus dans les dentifrices sont le butylparaben et le propylparaben, ainsi que le triclosan, rapporte l’association UFC-Que choisir. Le butylparaben et le propylparaben sont tous deux utilisés à la fois comme additifs aromatisants et comme agents conservateurs.
Le triclosan est quant à lui un antimicrobien, ce qui pourrait induire une résistance accrue des bactéries à ce composé. Pour cette raison, la Food and Drug Administration a d’ailleurs ordonné en 2016 qu’il soit retiré des produits de lavage des mains utilisés dans les foyers et les hôpitaux. Le triclosan est toutefois toujours utilisé dans de nombreux produits de consommation (cosmétiques, jouets, équipements de sport, etc.) — y compris dans plusieurs dentifrices, car il prévient l’inflammation des gencives.
Mais ce n’est pas tout ! Une étude récente, publiée dans Nature Communications, rapporte que le triclosan pourrait déclencher une inflammation intestinale. Des expériences menées sur des souris ont révélé que certaines enzymes microbiennes intestinales activaient les effets nocifs du triclosan, exacerbant les symptômes de la colite et la tumorigenèse colorectale associée à la colite. « L’innocuité du triclosan et des composés apparentés devrait être reconsidérée compte tenu de leur potentiel de lésions intestinales », ont conclu les chercheurs.
Certains dentifrices comportent également du sodium lauryl sulfate, un agent tensioactif qui fait mousser le dentifrice au contact de l’eau. Problème : ce composé est connu pour provoquer des irritations. Une étude publiée en 2012 a d’ailleurs déconseillé son usage aux patients atteints de stomatite aphteuse récurrente (aphtes et/ou ulcérations aphteuses), car il retarde le processus de cicatrisation et augmente la douleur.
Un secteur qui évolue vers le naturel
En matière de dentifrice, le choix est vraiment large, chacun vantant les propriétés spécifiques de sa formule. « Dents sensibles », « anti-tartre », « émail renforcé », etc., autant de mentions qu’il faut prendre avec des pincettes : l’association UFC-Que choisir rappelle en effet que, de par leur statut de produits cosmétiques (et non de médicaments), les fabricants n’ont pas à prouver les vertus de leur dentifrice avant leur mise sur le marché. Quant aux logos de l’Union française pour la santé bucco-dentaire (UFSBD) et de la Fédération dentaire internationale (FDI), ils ne cautionnent que l’efficacité du produit dans la prévention des caries.
Pour un produit efficace et « sans fioritures », les dentifrices naturels et bios — généralement à base de plantes — constituent une saine alternative. À noter cependant que certains ne contiennent pas de fluor. Pourtant, si cet oligo-élément peut être toxique à haute dose, il est important de souligner que c’est aussi la mesure la plus efficace pour prévenir l’apparition des caries. Pour les adultes, une teneur en fluor comprise entre 1000 et 1500 ppm est conseillée.
Le secteur des produits cosmétiques a subi un tournant majeur au cours des dernières années, notamment aux alentours des années 2010, lorsque les sels d’aluminium présents dans les déodorants antitranspirants ont été soupçonnés de provoquer le cancer du sein. La question est d’ailleurs à nouveau d’actualité : une nouvelle étude publiée en octobre dernier dans la revue International Journal of Molecular Sciences confirme que les sels d’aluminium induisent des altérations marquées dans les cellules de la glande mammaire. Les modifications observées sont caractéristiques des tumeurs cancéreuses, selon les chercheurs, qui appellent à l’interdiction pure et simple de ces composés dans les antitranspirants.
Les consommateurs, aujourd’hui plus vigilants à l’égard des produits qu’ils appliquent sur leur corps, sont désormais en attente de produits cosmétiques exempts de produits chimiques, composés de produits naturels. À ce titre, les produits commercialisés en boutiques bio ont la cote : selon les experts de Xerfi, le marché français des cosmétiques bio et naturels est en pleine croissance et pourrait peser près de 1,4 milliard d’euros à l’horizon 2023.