Nouvel espoir pour les patients atteints de diabète de type 2 : la majorité des participants à un essai clinique pour un traitement innovant ont pu se libérer de leur dépendance à l’insuline. La méthode consiste à éliminer une couche de tissu spécifique de l’intestin grêle afin qu’elle se régénère.
Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le diabète touche 422 millions de personnes à travers le globe, le type 2 étant la forme la plus répandue chez les adultes. Ce fléau gagne du terrain à une vitesse alarmante, accentué par des facteurs de risque tels que la sédentarité, la génétique, des habitudes de vie malsaines et, surtout, l’obésité.
L’insulinothérapie est souvent prescrite pour aider à réguler le taux de glucose sanguin. Néanmoins, l’administration d’insuline peut avoir d’importants effets secondaires, notamment l’obésité. Un poids élevé favorise la résistance à l’insuline, instaurant ainsi un cercle vicieux qui complique la gestion du diabète.
Pour contrer cette problématique, des chercheurs ont mis au point un traitement alternatif permettant de se passer des injections d’insuline. Menée par la Dr Céline Bush, l’étude a été présentée récemment à l’UEG Week, un congrès consacré à la gastroentérologie. Le traitement novateur s’est montré efficace auprès de 86 % des participants à l’essai clinique. « Ces résultats sont très encourageants et suggèrent que le ReCET est une procédure sûre et réalisable qui, lorsqu’elle est associée au semaglutide, peut effectivement éliminer la nécessité d’une insulinothérapie », a déclaré Bush, qui a dirigé l’étude, dans un communiqué. Les résultats ont été publiés dans la revue Gastrointestinal Endoscopy (GIE).
La « re-cellularisation par électroporation »
Le nouveau traitement se décline en deux étapes. La première repose sur une méthode dite de « re-cellularisation par électroporation » (ou ReCET). C’est une procédure endoscopique visant à améliorer le contrôle glycémique des diabétiques de type 2. Le ReCET consiste à envoyer des impulsions électriques pour éliminer la couche superficielle du duodénum dans l’intestin grêle, une zone importante pour la digestion et la régulation du sucre, responsable de l’absorption des nutriments.
Ces impulsions perturbent la membrane cellulaire, entraînant la mort cellulaire naturelle sans endommager la muqueuse. L’avantage de ce procédé non thermique est de minimiser les risques de complications. Les cellules mortes sont remplacées par des cellules métaboliquement régénérées, capables de mieux gérer le sucre dans le sang.
Un traitement complémentaire à base de sémaglutide pour se libérer de l’insuline
Dans le cadre de l’essai, le ReCET a été administré à 14 participants diabétiques âgés de 28 à 75 ans, en surpoids ou obèses. Une endoscopie a été réalisée sous sédation profonde. Deux semaines après la première intervention, les participants ont suivi un régime liquide et isocalorique strict avant d’entamer la seconde phase du traitement : la prise de sémaglutide, un médicament utilisé pour traiter le diabète de type 2 et l’obésité.
Le sémaglutide imite une hormone naturelle, le GLP-1, qui joue un rôle dans la régulation de la glycémie. Ce médicament peut occasionner des effets secondaires, notamment gastro-intestinaux. Lors de l’essai, un participant a ressenti des nausées après la dose maximale prévue de 1 mg par semaine, mais le reste du groupe a bien toléré le traitement.
Un an après l’essai, 86 % des participants n’avaient plus besoin d’insuline pour conserver un état stable. De plus, leur taux d’hémoglobine glyquée, ou HbA1c — indicateur du contrôle glycémique —, est resté inférieur à 7,5 %. Selon la Fédération française des diabétiques, le taux doit être inférieur ou égal à 7 % pour un diabète considéré comme sous contrôle. Ce changement s’est maintenu tout au long du suivi, qui a duré 24 mois.