L’exposition à certains parfums pendant le sommeil stimulerait les fonctions cognitives

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L’odorat étant connu pour être fortement lié à la mémoire, des chercheurs ont exploré comment les parfums peuvent agir sur nos fonctions cognitives globales. Leurs résultats suggèrent que diffuser des fragrances pendant le sommeil améliore jusqu’à 226% les performances cognitives chez les personnes âgées. Cette étude promet ainsi une astuce simple, accessible et non invasive pour potentiellement prévenir le déclin cognitif.

Au cours des deux dernières décennies, les scientifiques ont mis en lumière des preuves suggérant que l’enrichissement environnemental stimule la neuroplasticité. Des expériences sur des modèles animaux ont montré que cet enrichissement peut atténuer le déclin cognitif lié au vieillissement, qu’il soit de nature visuelle, auditive ou olfactive.

Le système olfactif est particulièrement intéressant dans la mesure où il s’agit de l’unique système sensoriel à bénéficier de connexions directes avec le système limbique (essentiel à la mémorisation et le contrôle des émotions), tandis que les autres sens passent préalablement par le thalamus avant d’atteindre cette région. « Le sens olfactif a le privilège spécial d’être directement connecté aux circuits de la mémoire du cerveau », confirme dans un communiqué le coauteur de la nouvelle étude Michael Yassa, professeur en neurobiologie de l’apprentissage et de la mémoire à l’Université de Californie, à Irvine.

Les experts estiment que cet avantage pourrait permettre au système olfactif de prévenir ou d’inverser l’altération de la mémoire et de l’apprentissage, par le biais d’une activation neurale directe. Nous avons tous d’ailleurs expérimenté comment certains parfums peuvent être associés à d’agréables souvenirs même lointains. Inversement, la perte de l’odorat est étroitement liée au déclin cognitif. « Cependant, contrairement aux troubles de la vision, que nous traitons avec des lunettes et des aides auditives pour la déficience auditive, il n’existe pas d’intervention pour la perte d’odorat », explique Yassa. Dans l’étude, décrite dans la revue spécialisée Frontiers in Neuroscience, les chercheurs explorent une nouvelle voie d’enrichissement olfactif, dans une optique de recherche de solutions accessibles et non invasives pour prévenir et potentiellement inverser le déclin cognitif.

L’enrichissement olfactif pour pallier le déclin cognitif

En règle générale, la perte de capacité olfactive précède ou accompagne le déclin cognitif. Cette détérioration survient avec le vieillissement ou dans des cas pathologiques comme la COVID-19 et la sinusite chronique. Des recherches ont antérieurement révélé que dans ces conditions, l’altération de l’odorat entraînait une perte significative de matière grise et blanche dans les régions associées à la mémoire et à l’apprentissage. De ce fait, la perte olfactive peut figurer en tant que facteur prédictif de près de 70 maladies neurodégénératives et psychiatriques, telles qu’Alzheimer, Parkinson, la démence à corps de Lewy et la schizophrénie.

Sur la base de ces travaux, des scientifiques ont antérieurement démontré que l’enrichissement olfactif stimulait la mémorisation et la neurogenèse chez les souris. Chez l’Homme, deux expositions quotidiennes à 40 fragrances différentes pendant quelques jours améliorent significativement les symptômes de démence modérée, selon ces résultats. Il a notamment été démontré une amélioration considérable de la mémoire, de la compétence linguistique, des symptômes de dépression et de la capacité olfactive.

Cependant, bien que l’approche a l’avantage d’être non invasive, « il n’est pas réaliste de penser que les personnes atteintes de troubles cognitifs pourraient ouvrir, renifler et fermer 80 bouteilles de parfum par jour. Ce serait difficile même pour ceux qui ne sont pas atteints de démence », précise Michael Léon, professeur de neurobiologie et du comportement à l’Université de Californie à Irvine et également auteur de la nouvelle étude. Avec ses collègues, ce dernier propose un protocole plus simple en réduisant le nombre de fragrances à sept et en les diffusant pendant un laps de temps défini, durant le sommeil. Cette nouvelle approche rend le traitement beaucoup plus accessible que ce soit en matière de temps ou de coûts.

Une amélioration de 226% des capacités cognitives

L’expérience de la nouvelle étude incluait 43 hommes et femmes âgés de 60 à 85 ans et ne présentant aucun déclin cognitif. Chaque volontaire avait reçu sept fioles contenant chacune une huile naturelle parfumée différente. Un premier groupe a reçu des fioles avec de puissants arômes (de rose, d’orange, d’eucalyptus, de citron, de menthe poivrée, de romarin et de lavande), tandis que le groupe témoin avait des fioles avec des concentrations aromatiques beaucoup plus faibles. Tous les soirs, un dispositif était programmé pour diffuser les parfums dans leur chambre à coucher pendant deux heures, pendant qu’ils dormaient. Les participants devaient utiliser une cartouche différente chaque soir.

Après six mois d’utilisation, les performances cognitives des participants ont été évaluées par le biais de tests neuropsychologiques. Les chercheurs ont constaté que ceux ayant bénéficié de fioles aux plus fortes concentrations aromatiques présentaient une amélioration globale des capacités cognitives significative allant jusqu’à 226%. Les données d’IRM fonctionnelle ont révélé une meilleure intégrité du faisceau unciforme gauche, impliqué dans la mémorisation des visages et le contrôle des émotions. Reliant le lobe temporal médial au cortex préfrontal décisionnel, cette structure a tendance à se détériorer avec l’âge. Par ailleurs, les participants ont déclaré avoir bénéficié d’une meilleure qualité de sommeil.

À noter toutefois que l’étude se concentre uniquement sur les personnes en bonne santé. Ce protocole pourrait donc ne pas être adapté à celles présentant des troubles mentaux ou neurologiques. D’autre part, l’étude n’a porté que sur un nombre relativement faible de participants et a été effectuée sur une durée réduite. Néanmoins, ce protocole pourrait, à long terme, constituer une astuce simple et efficace pour prévenir la démence avec des moyens accessibles à tous.

Source : Frontiers in Neuroscience

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