Nous sommes nombreux à partager notre lit avec notre partenaire. Dormir aux côtés d’une autre personne influence-t-il la durée et la qualité du sommeil ? Cela aurait-il un impact sur la santé mentale ? C’est ce qu’ont cherché à déterminer des scientifiques de l’Université d’Arizona. Il ressort de leur étude qu’il est effectivement préférable de partager son lit avec son conjoint, et ce, pour plusieurs raisons.
Il est prouvé que le sommeil est extrêmement important pour l’état de santé globale. « La régularité, la durée, la qualité et le moment du sommeil sont importants à prendre en compte dans la prévention des maladies cardiaques », souligne Patricia Haynes, professeure agrégée de sciences de la promotion de la santé à l’Université d’Arizona. Du point de vue physique, un sommeil régulier est par exemple associé à un tour de taille plus petit — le tour de taille étant un prédicteur de certaines maladies chroniques, telles que le diabète.
La spécialiste explique également qu’un bon sommeil agit un peu comme une zone tampon, nous permettant d’être moins vulnérables aux aléas du quotidien (stress, tracas, etc.). Le sommeil nous permet en quelque sorte d’avoir une approche plus proactive face aux situations difficiles. Au contraire — et tout un chacun en a déjà sans doute fait l’expérience —, une mauvaise nuit nous rend généralement de mauvaise humeur, plus impatients, plus irritables et aussi beaucoup moins productifs. Des chercheurs tentent ainsi d’identifier les facteurs qui améliorent le sommeil.
Un sommeil de bien meilleure qualité
Jusqu’à présent, peu d’études ont exploré les effets de dormir avec son conjoint sur la qualité du sommeil. Une équipe de chercheurs, dirigée par Brandon Fuentes, chercheur au Département de psychiatrie de l’Université d’Arizona, s’est intéressée à la question. Leur étude repose sur des données recueillies dans le cadre de l’étude SHADES (Sleep and Health Activity, Diet, Environment, and Socialization) auprès de 1007 adultes du sud-est de la Pennsylvanie.
Un simple sondage a permis de déterminer si les participants à l’étude dormaient ou non avec une autre personne (ou un animal domestique), et à quelle fréquence ; les facteurs de santé liés au sommeil ont été évalués à l’aide d’outils spécifiques (l’échelle de somnolence d’Epworth, l’indice de sévérité de l’insomnie et le score d’apnée STOP-BANG). Les facteurs de santé mentale comprenaient notamment le score de dépression PHQ9 et le score d’anxiété GAD7.
Il ressort de l’étude que le fait de dormir seul ou avec un partenaire, un membre de la famille ou un animal de compagnie peut avoir un impact significatif sur la santé de notre sommeil. « Nous avons été très surpris de découvrir à quel point cela pouvait être important », souligne le Dr Michael Grandner, directeur du programme de recherche sur le sommeil et la santé à l’Université d’Arizona.
Il se trouve que dormir avec son(sa) conjoint(e) procure de réels avantages pour le sommeil en lui-même : cela réduit le risque d’apnée du sommeil, la sévérité de l’insomnie et cela améliore la qualité du sommeil dans sa globalité, notent les chercheurs. En France, l’apnée du sommeil touche 4% de la population ; ce trouble impacte largement la vie quotidienne, car il provoque une somnolence diurne, une baisse de la vigilance et de la concentration et des troubles de la mémoire. À long terme, l’apnée du sommeil augmente la mortalité de cause cardiovasculaire.
Dormir à deux réduit les risques de stress et de dépression
Les résultats de l’étude montrent que les personnes qui partagent leur lit avec leur partenaire la plupart des nuits s’endorment plus rapidement, dorment plus longtemps et sont, de ce fait, moins fatiguées que les personnes qui ont l’habitude de dormir seules. À l’inverse, les personnes dormant seules sont davantage sujettes à l’insomnie, à la somnolence, à la fatigue et présentent un risque accru d’apnée du sommeil.
Mais ce n’est pas tout : dormir avec son conjoint est également associé à des scores plus faibles en matière de dépression, d’anxiété et de stress. Les personnes qui dorment à deux montrent aussi une plus grande satisfaction vis-à-vis de la vie et des relations sociales. Les personnes qui dorment seules ont montré des scores de dépression plus élevés.
À noter que ces avantages ne semblent valables que si le lit est partagé avec le partenaire de vie. En effet, les personnes qui ont déclaré dormir avec leur enfant la plupart des nuits ont rapporté une insomnie plus sévère, et présentaient un plus grand risque d’apnée du sommeil et un moindre contrôle de leur sommeil. Dormir avec des enfants était en outre associé à un stress plus important. De même, les participants ayant déclaré dormir avec d’autres membres de la famille affichaient un plus grand risque d’apnée du sommeil.
Un sommeil sain est de plus en plus reconnu comme un aspect important de la santé, au même titre que l’alimentation et l’activité physique. Le Dr Grandner recommande au moins 7 heures de sommeil de qualité chaque nuit ; mais ceci n’est qu’une moyenne, certains ont besoin de plus ou moins d’heures pour se sentir vraiment reposés (à noter que la période des vacances, lors de laquelle nous n’avons généralement aucune contrainte horaire, est une bonne occasion de déterminer sa propre durée idéale de sommeil).