L’éruption du Hunga Tonga (de janvier) est l’explosion la plus puissante jamais enregistrée dans l’atmosphère

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Image satellite de l'éruption capturée par GOES-West le 15 janvier 2022. | NASA Worldview, NOAA/NESDIS/STAR
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Pendant des milliards d’années, les éruptions volcaniques ont contribué à façonner la Terre, et ce depuis les débuts de sa formation. Notre planète a alors évolué avec des volcans (dont la plupart sont aujourd’hui éteints) qui, au fil du temps, ont fondamentalement conditionné la composition de son atmosphère, paramètre essentiel de son climat global. Une éruption record s’est produite le 15 janvier de cette année sur les îles Tonga, dans l’Ouest de l’océan Pacifique sud. Bien que sa puissance rivalise avec celle du célèbre Krakatoa et constitue d’après les scientifiques la plus puissante explosion jamais enregistrée dans l’atmosphère par des instruments modernes, son influence sur le climat ne serait que peu probable.

L’éruption du volcan sous-marin baptisé Hunga Tonga-Hunga Ha’apai — car il reliait dès 2015 les deux petites îles Tonga et Ha’apai — du 15 janvier 2022 serait bien plus puissante que n’importe quel autre événement volcanique du 20e siècle. Une partie du volcan a émergé en 2009, à la suite d’une éruption qui a donné naissance aux deux îles. Elles ont ensuite été reliées après une autre éruption en 2015, avant que celle de 2022 ne fasse à nouveau disparaître cette connexion.

Après une brève période calme en 2021, le volcan a explosé d’une façon spectaculaire en janvier 2022. Des cendres et de la fumée ont été projetées à plus de 30 kilomètres d’altitude, tel un gigantesque champignon nucléaire. Ces éruptions sont notamment susceptibles d’être fréquentes, car toute la zone se situe sur la « ceinture de feu du Pacifique », l’endroit précis où se rencontrent deux plaques tectoniques.

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L’éruption du volcan était si intense que des personnes vivant à près de 10 000 kilomètres (en Alaska) ont pu l’entendre. Il s’agit probablement du bruit le plus fort que l’on ait jamais pu enregistrer sur Terre. Même le réseau international de surveillance pour le respect du traité d’interdiction des essais nucléaires a détecté le signal infrason.

Les enregistrements par ces détecteurs ont montré que l’onde de pression atmosphérique générée par le volcan était comparable à la plus grande explosion nucléaire de l’histoire (la bombe Tsar, conçue par les Soviétiques en 1961). Cependant, l’explosion volcanique a duré quatre fois plus longtemps.

D’après des experts internationaux, qui ont publié une étude sur l’éruption dans la revue Science, l’événement serait également comparable à celui de l’éruption du Krakatoa en 1883. L’explosion de ce volcan fait notamment partie des cataclysmes majeurs relatés par de nombreux historiens, et serait l’équivalent en puissance de 13 000 bombes d’Hiroshima. Et comme cette éruption historique, l’explosion du Hunga Tonga a été suivie de tsunamis qui se sont propagés jusque dans l’océan Atlantique et la mer Méditerranée.

Des ondes ayant fait quatre fois le tour du globe

L’éruption du Hunga Tonga a généré une large gamme d’ondes atmosphériques observables à l’échelle mondiale. La plus importante est l’onde Lamb (une onde énergétique qui se propage dans l’air à la vitesse du son, le long d’une trajectoire guidée par la surface de la planète), dont la fréquence est supérieure ou égale à 0,01 Hz. Cette dernière a fait près de quatre fois le tour de la Terre en 6 jours.

D’après une autre étude portant sur l’éruption volcanique, parue dans la même revue (Science), les ondes de Lamb générées par l’explosion étaient à l’origine de l’élévation des niveaux des mers. De plus, les vagues liées aux variations bathymétriques (variations liées à la profondeur et au relief du sol sous l’océan) du Pacifique ont engendré des tsunamis relativement prolongés sur différentes côtes du globe.

Par ailleurs, à 16 500 km de là, au Royaume-Uni, les ondes auraient balayé les nuages environ 14 heures après l’éruption. « À l’époque, nous avions un enregistreur laser qui observait la base des nuages et lorsque l’onde traversait le nuage, il était perturbé », rapporte à BBC News Giles Harrison, physicien de l’atmosphère à l’Université de Reading et co-auteur de la nouvelle étude.

Probablement peu d’effets sur le climat

Bien que l’explosion du volcan des Tonga fût exceptionnelle, certains experts estiment qu’elle n’aura probablement que peu d’effets sur le climat. La quantité de matière éjectée ne serait apparemment pas suffisante pour perturber la température de la Terre, contrairement à l’éruption du Pinatubo de 1991, qui avait abaissé les températures d’environ un demi-degré pendant deux ans.

Si le Pinatubo a en effet « craché » plus 13 000 kilotonnes de dioxyde de soufre, le Hunga Tonga n’en a éjecté que 400 kilotonnes. De plus, l’éruption du volcan des Tonga ne s’est apparemment pas maintenue suffisamment longtemps pour perturber ainsi le climat, en plus d’être relativement isolée. Cette isolation est appuyée par la poussée des vents allant de l’équateur jusqu’aux pôles, qui soufflent les cendres volcaniques vers le sud.

Source : Science

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