Une étude révèle le meilleur traitement existant contre la somnolence diurne

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Les individus souffrant d’apnée obstructive du sommeil sont la plupart du temps sujets à une somnolence excessive au cours de la journée. Il existe quelques traitements médicamenteux permettant de maintenir l’état d’éveil, mais leur efficacité relative reste méconnue. Des chercheurs de l’Université McMaster (Canada) se sont penchés sur la question. Leurs conclusions viennent d’être publiées dans Annals of Internal Medicine et révèlent potentiellement le meilleur traitement existant contre la somnolence diurne.

L’apnée obstructive du sommeil (AOS) est caractérisée par plusieurs épisodes de fermeture partielle et/ou complète des voies respiratoires supérieures pendant le sommeil — soit une potentielle interruption de la respiration — sur plus de dix secondes. Les personnes qui souffrent d’AOS présentent un risque 2 à 3 fois plus élevé de maladies cardiovasculaires et métaboliques. Cette pathologie est courante et sa prévalence augmente avec celle de l’obésité. On estime que près d’un milliard de personnes dans le monde sont concernées, dont la plupart sont non diagnostiquées et non traitées.

« Parmi ces patients, nombreux sont ceux qui présentent une somnolence diurne excessive, ce qui affecte leur qualité de vie, les rend moins productifs et les expose à d’autres problèmes psychologiques. Améliorer cette situation est d’une importance capitale pour les médecins », explique Tyler Pitre, médecin résident en médecine interne à l’Université McMaster. Le traitement standard repose sur l’usage d’un appareil de ventilation nasale spontanée avec pression expiratoire positive, qui soutient les voies respiratoires pendant le sommeil. Cependant, certains patients continuent à présenter une somnolence diurne excessive (SDE) et nécessite un traitement médicamenteux antifatigue.

Le solriamfétol est probablement le plus efficace

L’AOS est associée à de nombreux risques médicaux : hypertension, insuffisance cardiaque, fibrillation auriculaire, stéatose hépatique non alcoolique, ou encore accident vasculaire cérébral. La SDE, en particulier, augmente le risque d’accidents de voiture et de travail (notamment lors de l’utilisation de machines), de difficultés de concentration (liées à un certain degré de déficit cognitif) et de dysfonction sexuelle. Il existe plusieurs traitements permettant de limiter la SDE — des médicaments de la famille des psychoanaleptiques — mais leur efficacité à long terme et relative n’était jusqu’à présent pas connue.

Tyler Pitre, et sa collègue Dena Zeraatkar, professeure adjointe au Département d’anesthésie de l’Université Mc Master, ont donc entrepris de comparer l’efficacité des médicaments contre la SDE, prescrits dans le cadre d’une AOS. Pour ce faire, ils ont procédé à l’examen systématique de 14 essais cliniques de médicaments antifatigue, incluant au total 3085 participants. Ils ont également passé en revue les données de MEDLINE, CENTRAL, EMBASE et ClinicalTrials.gov dans le cadre d’une méta-analyse en réseau spécifique.

Les médicaments qui ont fait l’objet de ce comparatif — qui sont également utilisés pour le traitement de la narcolepsie — ont été évalués à l’aide de l’échelle de somnolence d’Epworth (ESS) et du test de maintien de l’éveil (MWT). Les effets indésirables pouvant survenir à long terme ont également été pris en compte.

Les chercheurs ont découvert que le solriamfétol (SUNOSI®) est probablement le plus efficace contre la SDE : il est associé à des scores plus élevés sur l’ESS et au MWT, tandis que le risque d’arrêt du traitement en raison d’événements indésirables est plus faible. L’armodafinil (NUVIGIL®), et son énantiomètre modafinil (PROVIGIL®) antérieurement mis sur le marché, ainsi que le pitolisant (WAKIX®) — un bloqueur du récepteur H3 de l’histamine — se sont également avérés efficaces, mais plus modérément ; après 4 semaines de traitement, le pitolisant n’a toutefois pas amélioré de façon significative le score au MWT par rapport au placebo, précisent les chercheurs.

Un traitement potentiel pour les patients souffrant de COVID long

Après quatre semaines de traitement, les effets indésirables augmentent « probablement » le risque d’arrêt de l’armodafinil-modafinil et « peuvent augmenter » le risque d’arrêt du solriamfétol, soulignent toutefois les chercheurs. Il apparaît en effet que le solriamfétol peut augmenter la tension artérielle, ce qui est particulièrement risqué pour les personnes souffrant d’AOS, car beaucoup d’entre elles ont également des problèmes cardiovasculaires.

Le solriamfétol est un inhibiteur de la recapture de la noradrénaline-dopamine et agit en augmentant les niveaux de noradrénaline (qui contribue à l’excitation, l’attention et la vigilance, entre autres) et de dopamine (liée au plaisir et à la motivation) dans le cerveau. Ses effets indésirables les plus fréquents incluent également des palpitations, une hyperhidrose (transpiration excessive), une sécheresse buccale, des troubles digestifs, des maux de tête, une anxiété, ou encore une irritabilité accrue.

Selon les chercheurs, les avantages et les inconvénients de cette substance devraient faire l’objet d’une étude plus approfondie, notamment sur le long terme. Il est aujourd’hui essentiel de trouver le meilleur remède pour lutter contre la SDE, car de plus en plus de personnes sont affectées par l’AOS. « Quinze à 30% des personnes en Amérique du Nord ont un diagnostic d’AOS […]. De nombreuses personnes présentent des symptômes car cette pathologie est fortement associée à l’obésité, qui touche un nombre important et croissant de personnes au Canada, aux États-Unis et dans d’autres pays à revenu élevé », précise Tyler Pitre.

Les médicaments comparés dans cette étude sont déjà utilisés pour la narcolepsie et l’AOS, mais pourraient également s’avérer efficaces pour d’autres conditions : « Il serait intéressant de voir quelle sera l’efficacité de ces médicaments antifatigue pour traiter des maladies apparentées telles que le syndrome de fatigue chronique et le COVID long, maintenant que nous savons qu’ils sont efficaces pour une affection similaire », souligne Dena Zeraatkar.

Source : T. Pitre et al., Annals of Internal Medicine

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