En Europe, la COVID-19 devient moins mortelle, et les scientifiques ne savent pas encore pourquoi

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Un marché bien bondé, malgré la pandémie, dans le sud de la France, le 18 août 2020. | Christophe Simon/AFP via Getty Images
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Ces derniers temps, les infections à coronavirus augmentent à nouveau en Europe, mais les données actuelles indiquent que la maladie est de moins en moins mortelle. En effet, des scientifiques ont constaté que la COVID-19 devenait moins dangereuse par rapport au début de la pandémie, bien qu’ils ne sachent pas encore exactement pourquoi. Plusieurs facteurs seraient en jeu.

Un médecin britannique a déclaré que le coronavirus « était un peu moins en colère », tandis qu’un consultant en maladies infectieuses de l’Université nationale de Singapour affirmait qu’une version mutée du coronavirus, nommée D614G, rendait la maladie moins mortelle.

En Angleterre, la proportion de personnes infectées par le coronavirus et qui sont ensuite décédées de la maladie était plus faible début août qu’elle ne l’était fin juin. En effet, au cours de cette période, le taux de mortalité par infection « a chuté de 55 à 80% » selon les données utilisées, ont constaté Jason Oke de l’Université d’Oxford et ses collègues. « Cela ne semble pas être la même maladie, ni être aussi mortel qu’auparavant, lorsque nous avons vu un grand nombre de personnes en mourir », a expliqué Oke.

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La vie reprend possession des rues londoniennes à mesure que le confinement se lève. Crédits : Keith Mayhew/SOPA Images/Shutterstock

Par exemple, il faut savoir que dans la semaine du 17 août, 95 personnes sont décédées pour un peu plus de 7000 cas à travers le Royaume-Uni. Par contre, au cours de la première semaine d’avril, 7164 personnes sont décédées des suites de la maladie, tandis qu’environ 40’000 personnes avaient été testées positives à ce moment-là.

La division des décès par cas donne un taux brut de létalité d’environ 1% en août, contre près de 18% en avril

Ces chiffres ne représentent pas les véritables taux de mortalité par infection à l’heure actuelle, à la fois parce que les décès sont comptabilités en retard sur les infections (de quelques semaines) et parce que les régimes de test ont changé au fil du temps, mais ils indiquent un changement dans le taux de mortalité par infection. Par ailleurs, il est important de noter qu’Oke et ses collègues ont utilisé une méthode plus sophistiquée pour estimer ce changement de taux. « Cette situation n’est pas unique à l’Angleterre et au reste du Royaume-Uni » déclare Oke, qui a constaté que la même tendance se répète partout en Europe. Néanmoins, les chercheurs ne savent pas encore pourquoi ce changement a lieu.

Selon les données concernant l’Angleterre, une plus grande proportion de personnes plus jeunes sont infectées que lors du premier pic de cas en avril, les taux de cas du 10 au 16 août étant les plus élevés parmi les 15-44 ans. Et la COVID-19 est connue pour être moins dangereuse pour les « jeunes », de sorte que l’évolution démographique des personnes infectées pourrait être une raison plausible pour laquelle la maladie semble actuellement moins mortelle.

Pourtant, Oke ne pense pas que le changement de la répartition par âge suffit à elle seule à expliquer ce qui se passe. « Il y a encore beaucoup de personnes âgées dont le test est positif », explique-t-il. Plusieurs chercheurs ont déclaré que l’autre principale explication possible est que les cas sont traités de manière plus efficace dans les hôpitaux.

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À présent, les chercheurs se demandent si la version mutée du coronavirus, nommée D614G, permettrait d’expliquer pourquoi la COVID-19 devient moins mortelle. Paul Tambyah, de l’Université nationale de Singapour, a déclaré que la montée de la mutation D614G avait coïncidé avec une baisse des taux de mortalité dans certains pays, suggérant que cette mutation pourrait être « plus contagieuse, mais moins mortelle ».

Mais d’autres chercheurs ne sont pas d’accord et ont conclu que si la mutation D614G pouvait effectivement être plus contagieuse, il n’y a cependant aucune preuve qu’elle soit moins mortelle. Par exemple, une étude menée par Erik Volz à l’Imperial College de Londres, publiée ce mois-ci, mais pas encore évaluée par des pairs, a examiné le génome d’échantillons de virus prélevés sur 19’000 patients britanniques (prenant également en compte le fait qu’ils soient décédés suite à la maladie, ou non). « Nous ne voyons pas de réduction du risque de décès avec la variante D614G », a déclaré Volz. Il a également ajouté que le fait de ne pas contrôler l’âge des patients dans la modélisation peut conduire à une « conclusion erronée », selon laquelle la mutation « présente des conséquences moins graves ».

Sources : medRxiv, CEBM, Public Health England, GOV.UK, NHS

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