Une étude révèle que les activités récréatives telles que le golf, le jardinage et le travail du bois sont associées à un risque jusqu’à trois fois plus élevé de sclérose latérale amyotrophique (SLA) chez les hommes. Selon les résultats, cela serait dû à une exposition accrue aux pesticides et autres composants chimiques toxiques. Ces résultats s’ajoutent aux preuves croissantes suggérant un lien entre la maladie et l’exposition aux toxines environnementales.
La SLA est une maladie neurodégénérative caractérisée par une perte progressive des fonctions motrices et des changements cognitifs. Dans la plupart des cas, il s’agit d’une maladie sporadique, c’est-à-dire qu’elle ne découle pas d’un changement physiologique spécifique. Il est suggéré qu’elle résulte d’une combinaison de susceptibilité génétique et de facteurs environnementaux. L’identification de ces facteurs pourrait ainsi contribuer à sa prévention.
Les expositions environnementales peuvent avoir lieu dans différents contextes, allant de l’environnement professionnel aux espaces résidentiels, en passant par les lieux récréatifs. Des recherches ont par exemple mis en lumière une forte corrélation entre un risque accru de SLA et les activités professionnelles impliquant une exposition aux métaux lourds, aux gaz d’échappement des moteurs diesels, aux composants volatils organochlorés, etc. Les activités physiques et récréatives peuvent également exposer à des composants toxiques potentiellement liés à la maladie.
« Nous savons que les facteurs de risque professionnels, comme le travail dans les industries manufacturières et commerciales, sont liés à un risque accru de SLA, et cela s’ajoute à une littérature croissante selon laquelle les activités récréatives peuvent également représenter des facteurs de risque importants et éventuellement modifiables pour cette maladie », explique dans un communiqué Stephen Goutman, de l’Université du Michigan.
Cependant, les liens potentiels entre les activités physiques et récréatives et le risque de SLA sont encore peu explorés. Goutman et son équipe ont cherché à étudier plus avant cette corrélation dans leur nouvelle recherche publiée dans le Journal of Neurological Sciences. « Pour une maladie comme Alzheimer, nous savons qu’une liste de facteurs — notamment le tabagisme, l’obésité et un taux élevé de lipides — peut augmenter le risque de 40 %. Notre objectif est d’établir une liste similaire pour la SLA, afin de créer une feuille de route pour réduire le risque », explique sa collègue, coauteure de l’étude, Eva Feldman.
Des facteurs spécifiques au sexe
Dans le cadre de ces récents travaux, les chercheurs ont questionné 400 personnes souffrant de SLA et 287 témoins sains. L’enquête visait à analyser leurs passe-temps et activités physiques, ainsi que les autres activités non liées au travail. Les différentes activités recensées ont ensuite été catégorisées selon le sexe.
Il a été constaté que le risque de développer la maladie est significativement plus élevé chez les hommes pratiquant la natation, le golf, le travail du bois, le jardinage et la chasse. Le golf en particulier était associé à un risque 3 fois plus élevé de développer la maladie. Selon les experts, le golf et le jardinage sont probablement liés à la maladie en raison d’une exposition accrue aux pesticides — ce qui concorde avec les observations des précédentes études. Quant au travail du bois, l’exposition au formaldéhyde pourrait être impliquée dans le risque de développer la SLA.
En revanche, aucune association notable entre les activités récréatives et la SLA n’a été observée chez les femmes. « Il est surprenant que les facteurs de risque que nous avons identifiés semblent spécifiques aux hommes », explique Goutman. Toutefois, « bien que ces activités puissent également augmenter le risque de SLA chez les femmes, le nombre de femmes dans notre étude était trop faible pour que nous puissions arriver à cette conclusion », a précisé l’expert.
Par ailleurs, il est important de noter qu’aucune des activités analysées n’était liée à l’apparition précoce ni au décès dû à la maladie, quel que soit le sexe. En outre, l’étude n’a pas examiné les implications de facteurs de variation potentiels, tels que les antécédents familiaux à la SLA. L’équipe de recherche affirme que davantage de recherches sont nécessaires et qu’il est encore trop tôt pour que les cliniciens préconisent aux patients d’arrêter l’une de ces activités.