L’huile de CBD peut-elle constituer une véritable alternative pharmaceutique pour traiter l’anxiété ?

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Actuellement, le cannabidiol (CBD) n’est prescrit que pour un petit nombre d’affections, telles que les cas rares d’épilepsie sévère. Néanmoins, face à des troubles anxieux en large hausse chez les jeunes notamment, les propriétés médicinales du CBD suscitent un fort intérêt pour la recherche et la médecine, notamment dans le but de réduire l’utilisation d’anxiolytiques.

Le cannabis est le nom d’une famille de plantes qui comprend à la fois le chanvre et la marijuana. Les scientifiques ont identifié plus de 130 molécules différentes dans les plantes de cannabis, que l’on appelle cannabinoïdes. Le CBD n’est qu’un de ces cannabinoïdes, mais il n’est pas psychoactif et est utilisé dans les recherches pharmaceutiques. À l’inverse, le THC (tétrahydrocannabinol), issu du cannabis, est un composant psychoactif.

Des études ont montré que l’huile CBD peut aider à soulager les symptômes d’une grande variété de maladies. D’ailleurs, plus de 60% des utilisateurs de CBD en ont pris pour soulager l’anxiété, selon une enquête menée auprès de 5000 personnes par le Brightfield Group, une société d’études de marché sur le cannabis.

C’est un taux qui ne baissera probablement pas. En effet, selon un rapport sur les tendances de 2023 de l’American Psychological Association, la santé mentale des adolescents est en crise. Cette crise de santé mentale touche plusieurs pays, et fait suite à la pandémie et à de nouveaux facteurs de stress comme les réseaux sociaux ou l’éco-anxiété.

Les antipsychotiques courants sont souvent utilisés pour traiter la psychose en bloquant les récepteurs de la dopamine dans le cerveau (appelés antagonistes des récepteurs de la dopamine). Cependant, ces antipsychotiques ciblant la dopamine ne fonctionnent pas bien dans de nombreux cas et les effets secondaires qui leur sont associés peuvent être graves. Mais pour la plupart des personnes atteintes de psychose, il n’y a pas d’alternative. La situation mondiale actuelle suscite donc l’intérêt des scientifiques afin de trouver au plus vite de nouvelles thérapies, en suivant la piste prometteuse du CBD et la personnalisation des traitements en fonction des patients.

Des effets médicinaux espérés, mais non prouvés

Il faut savoir qu’un nombre croissant de preuves a montré que le CBD peut réduire les symptômes des troubles anxieux, allant de la simple peur de parler en public à la véritable psychose. En effet, au lieu d’avoir un impact sur le système dopaminergique comme les antipsychotiques existants, le CBD agit en partie en modulant le système endocannabinoïde — un système complexe qui joue un rôle dans la modulation des neurotransmetteurs, du métabolisme et de l’inflammation.

Deux principaux résultats sont particulièrement scrutés. En premier lieu, le CBD calme l’anxiété. Dans une expérience de prise de parole en public, simulée, le CBD semblait réduire la nervosité et les troubles cognitifs chez les patients souffrant d’anxiété sociale, face aux groupes ayant pris un placebo.

Un effet sans confirmation solide cependant, car comme le rapporte un article du New-York Times, une étude en double aveugle a révélé que des volontaires sains ayant reçu du CBD montraient peu ou pas de changement dans leur réaction émotionnelle aux images ou aux mots désagréables, par rapport au groupe placebo. Néanmoins, le mécanisme sous-tendant l’effet possible du CBD reste une voie de recherche.

Deuxièment, le CBD serait indiqué dans la gestion du trouble de stress post-traumatique (SSPT). Dans une étude de 2018 parue dans le Journal of Alternative and Complementary Medicine, 11 personnes souffrant de SSPT ont reçu du CBD ainsi que des soins psychiatriques de routine pendant huit semaines dans une clinique psychiatrique ambulatoire. 10 candidats sur 11 ont montré une diminution des symptômes de SSPT.

Mallory Loflin, professeur adjoint à l’Université de Californie à San Diego et chercheur principal de l’étude, déclare : « Nos meilleures thérapies tentent de briser l’association entre les rappels du traumatisme et la réaction de peur. Nous pensons que le CBD, du moins dans les modèles animaux, peut aider ce processus à se produire beaucoup plus rapidement ». Mais là encore, il n’y a pas de preuves convaincantes quant à savoir s’il s’agit d’un traitement viable. Il manque donc un apport crucial de données valides et robustes pour permettre de trancher catégoriquement la question de l’huile de CBD comme alternative aux thérapies conventionnelles.

Un essai mondial sur les propriétés médicinales

Dans cette voie, la fondation caritative Wellcome a accordé en 2022 au département de psychiatrie d’Oxford 16,5 millions de livres sterling pour le programme STEP (Stratification & Treatment in Early Psychosis), dans le cadre de son soutien à la recherche en santé mentale.

Le programme, dirigé par le professeur Philip McGuire, professeur de psychiatrie à Oxford, impliquera 1000 participants à travers 35 centres, principalement en Europe et en Amérique du Nord. McGuire a déclaré dans un communiqué : « Le cannabidiol est l’un des nouveaux traitements les plus prometteurs pour les personnes atteintes de psychose. Cette étude sera la première à évaluer le cannabidiol chez un grand nombre de personnes atteintes de psychose ou de symptômes psychotiques, et rassemble bon nombre des principaux centres travaillant dans ce domaine à travers le monde ».

Il ajoute : « En plus de traiter la psychose déjà établie, l’étude examinera également si le cannabidiol peut prévenir son apparition chez les personnes à haut risque de la développer. Cette étude pourrait nous fournir un nouveau type de traitement contre la psychose ».

Le cannabidiol utilisé dans l’étude (à hauteur de 99%) est extrait de la plante de cannabis, comme mentionné précédemment. D’autres constituants du cannabis, qui pourraient avoir des effets psychoactifs indésirables, ont été supprimés. La forme de cannabidiol utilisée dans l’étude est la même que la seule forme de cannabidiol sous licence (connue sous le nom d’Epidyolex) approuvé par la FDA aux États-Unis, mais la dose quotidienne de CBD délivrée dans ce médicament est bien inférieure à celle offerte sur le marché aujourd’hui.

Lynsey Bilsland, responsable de la santé mentale chez Wellcome, explique : « Bien que les antipsychotiques soient couramment utilisés pour traiter la psychose, ils peuvent avoir des effets secondaires importants, les patients arrêtent souvent de les prendre et ils ne fonctionnent pas pour tout le monde. Cela signifie qu’il est important que nous explorions des pistes comme celle-ci pour de nouvelles thérapies ».

De plus, dans le cadre de ces essais, les chercheurs visent à identifier des biomarqueurs — des indicateurs biologiques — indiquant qu’un patient pourrait bien répondre au traitement. Cela permettra une plus grande personnalisation du traitement à l’avenir. Le CBD continue à motiver la recherche et pourrait donc révolutionner notre approche de traitement de certains troubles, dont les troubles anxieux.

Enfin, il faut noter qu’en juin 2022, l’Autorité européenne de sécurité des aliments, qui est chargée de réglementer le CBD pour les compléments alimentaires dans toute l’Union européenne, a mis un terme à toutes les demandes de nouveaux produits en raison de lacunes dans les connaissances sur les effets de CBD sur le système nerveux, la fonction psychologique et le système reproducteur.

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