L’inquiétude grandit parmi les travailleurs face à l’IA, qui menace un nombre croissant de métiers. Son adoption progresse sans cesse au sein des entreprises, l’automatisation s’imposant comme un levier de compétitivité. L’histoire montre que les pertes d’emploi liées aux machines ont parfois déclenché des soulèvements populaires. Dès lors, la frustration liée aux suppressions de postes actuelles et à venir pourrait-elle conduire à des révoltes similaires ? Sommes-nous à l’aube d’une crise sociale inévitable ? Nous avons interrogé un expert pour éclairer ces enjeux.
Sections principales de l’article :
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- IA et emploi : opportunité ou menace ?
- Quand l’IA frappe des économies fragiles : un danger sous-estimé ?
- Vers une crise sociale inévitable ?
En vue des avancées spectaculaires dans le domaine de l’IA, de nombreux experts s’accordent sur le fait qu’elle deviendra une technologie transformatrice (si ce n’est pas déjà le cas). Elle intègre désormais presque tous les aspects de notre quotidien, allant notamment du travail à l’éducation, en passant par le divertissement.
En particulier, le marché du travail est confronté à d’importants bouleversements, les entreprises entamant progressivement leur transition pour une adoption complète de la technologie. En effet, l’automatisation par l’IA permettrait, en toute logique, une hausse de la productivité. Une adoption généralisée pourrait à terme, selon de récentes estimations, augmenter le PIB annuel mondial de 7 %.
Cette hausse de la productivité a cependant un coût. Les estimations à l’échelle mondiale suggèrent que l’IA générative pourrait exposer 300 millions d’emplois à temps plein à l’automatisation. Les secteurs les plus exposés sont les professions administratives (46 %) et juridiques (44 %), tandis que les emplois nécessitant des efforts physiques, tels que la construction, sont les moins exposés.
Contrairement à ce qu’on pourrait penser, la plupart des recherches indiquent que les emplois à haut niveau de responsabilité sont les plus exposés – un aspect inattendu que nous avons exploré dans un précédent article d’investigation. D’autre part, les emplois dans les pays émergents sont moins vulnérables à l’automatisation par l’IA que ceux des pays développés.
« La possibilité que les modèles d’IA remplacent les travailleurs dans plusieurs domaines semble évidente : j’utilise moi-même certains de ces modèles pour effectuer des tâches que je demandais auparavant à des étudiants ou à des sous-traitants externes », a affirmé dans un courriel à Trust My Science, Bruno Caprettini, professeur assistant à l’École d’économie et de science politique de l’Université de Saint-Gall (en Suisse). « Dire que l’IA va supprimer des emplois