L’implant cérébral Neuralink pourrait-il vraiment « soigner » les acouphènes d’ici 5 ans ?

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Prototype de l'implant Neuralink. | Neuralink
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Comme souvent, Elon Musk ne se montre pas avare de grandes déclarations sur Twitter. Il vient en effet d’affirmer que d’ici moins de 5 ans, l’implant cérébral Neuralink pourrait être en mesure de traiter efficacement (ou plutôt compenser entièrement) les acouphènes. De nombreuses étapes semblent pourtant encore nécessaires afin de voir cette technologie arriver dans nos cerveaux.

« Peut-être dans moins de 5 ans, car la version actuelle des Neuralinks sont des dispositifs de lecture/écriture neuronaux semi-généralisés avec environ 1000 électrodes, et les acouphènes ont probablement besoin de moins de 1000 », peut-on lire sur le compte Twitter d’Elon Musk en réponse à des interrogations sur ce sujet.

Le dispositif appelé Neuralink est un implant cérébral de type « interface neuronale directe ». Cet implant, qui a déjà fait l’objet de recherches, aurait le potentiel de pallier directement certains dysfonctionnements du cerveau : paralysie, maladie de Parkinson, pertes de mémoire… Les espoirs sont nombreux.

Pour reprendre la définition de la Fédération de la recherche pour le cerveau, les cellules sont « l’unité de travail de base » du cerveau. On peut les voir comme des cellules spécialisées. Elles transmettent des informations à d’autres cellules nerveuses, selon leur domaine de spécialisation. Elles sont constituées de trois éléments essentiels :

  • La dendrite, qui reçoit un signal nerveux.
  • Le soma, corps cellulaire qui le décode.
  • L’axone, qui le transmet.

Ces neurones sont connectés entre eux grâce à des synapses. Les synapses servent à connecter l’axone et la dendrite. Ils communiquent via des signaux électriques, appelés « potentiels d’action » : c’est cela qui libère les neurotransmetteurs, ces « messagers chimiques » chargés de passer à travers les synapses pour transmettre l’information. Au fil des recherches scientifiques, il a été possible de déterminer des zones du cerveau reliées à différentes fonctions : mouvement, vue, toucher…

Un dispositif encore considéré comme dangereux

Les implants cérébraux d’interface directe ont donc pour objectif de capter les « intentions » des cellules neuronales. Le projet Neuralink, et ce n’est pas le seul, cherche à implanter des électrodes dans le cerveau, à proximité des neurones, afin de détecter les potentiels d’action. Le dispositif se compose donc inévitablement d’électrodes, qui sont elles-mêmes reliées à une puce qui permet différentes interactions. En stimulant les neurones par un faible courant électrique, on peut déclencher artificiellement une information, par exemple. Il serait aussi possible de détecter le moment où le potentiel d’action devrait détecter quelque chose (mouvement, perception), et d’en prendre le relais pour pallier un handicap.

Soigner les acouphènes est donc une application qui paraît somme toute logique. Comme le rappelle dans un article David Tuffley, maître de conférences en éthique appliquée et cybersécurité à Griffith University, « les acouphènes sont un problème courant, causé lorsque le nerf qui relie l’oreille interne au cerveau, connu sous le nom de nerf vestibulocochléaire, est endommagé en raison d’un bruit fort prolongé, d’une blessure ou d’un manque d’approvisionnement en sang ». Les traitements actuels consistent peu ou prou à masquer le son, ou à apprendre aux patients à les ignorer. « À l’heure actuelle, l’implant Neuralink se connecte au cortex cérébral, la couche superficielle du cerveau. C’est là que l’appareil peut remédier aux dommages causés à la capacité du cerveau à traiter les entrées ou les sorties sensorielles motrices », explique David Tuffley.

Les implants neuronaux ne sont d’ailleurs pas si nouveaux : le premier implant cochléaire pour améliorer l’audition a été placé dans les années 1960, et des recherches sur les implants cérébraux sont même menées depuis le 18e siècle. Pour autant, l’accélération des recherches enthousiasme les scientifiques. « Nous sommes à l’aube d’un changement de paradigme complet. Ce type de technologie a le potentiel de transformer nos traitements. Pas seulement pour les accidents vasculaires cérébraux, la paralysie et les maladies motrices dégénératives, mais aussi pour à peu près tous les autres types de maladies cérébrales », affirme ainsi Paul Nuyujukian, directeur du Brain Interfacing Laboratory de l’Université de Stanford, dans l’article de Science Alert.

Cependant, il semble que l’affirmation d’Elon Musk, comme souvent, soit assez ambitieuse. La Food and Drug Administration, organisme de régulation aux États-Unis, a en effet classé ce dispositif dans la catégorie des dispositifs médicaux de classe III, la catégorie la plus risquée. Avant même de commencer les tests sur les êtres humains, il devra donc remplir de très nombreuses conditions. Or, ces derniers temps, le projet Neuralink a plutôt eu tendance à faire polémique pour les blessures et les décès engendrés chez les singes qui servent de cobayes à l’heure actuelle. Une plainte de l’association Physician comitee for responsible medicine (PCRM) a même été déposée à ce sujet.

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