Deux études révèlent que les injections de corticoïdes aggravent l’arthrose du genou

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Deux nouvelles études distinctes remettent en question un traitement couramment administré aux patients souffrant d’arthrose du genou (ou gonarthrose). Ces recherches, impliquant plusieurs centaines de patients, montrent que les injections de corticostéroïdes, qui sont censées réduire l’inflammation au niveau de l’articulation, tendent à favoriser la progression de la maladie.

L’arthrose est une maladie articulaire courante, qui conduit à la destruction du cartilage et à l’inflammation de la membrane qui tapisse l’intérieur de l’articulation (appelée membrane synoviale). Elle provoque de vives douleurs et peut engendrer une importante perte de mobilité. L’arthrose peut toucher toutes les articulations du corps ; la gonarthrose concerne 30% des cas. Outre le vieillissement et une prédisposition génétique, les principaux facteurs de risque sont une surcharge pondérale, une sollicitation excessive des articulations, ou encore certains dysfonctionnements métaboliques (diabète, hypertension artérielle, etc.).

Il n’existe à ce jour aucun traitement curatif, mais certaines interventions permettent de ralentir l’évolution de l’arthrose. Pour soulager la gonarthrose, en dehors du paracétamol et des anti-inflammatoires non stéroïdiens — ces derniers ayant été récemment mis en cause dans l’aggravation de la synovite — des infiltrations de corticoïdes ou d’acide hyaluronique dans l’articulation du genou peuvent être proposées aux patients. Mais deux études américaines révèlent aujourd’hui que les injections de corticoïdes sont associées à la progression de la maladie.

Des composés à utiliser avec la plus grande prudence

Les corticostéroïdes sont fréquemment utilisés pour le traitement des maladies inflammatoires, y compris l’arthrose du genou. Ils sont souvent administrés après une arthroscopie du genou — une intervention qui consiste à éliminer les microparticules intra-articulaires qui entretiennent l’inflammation. L’acide hyaluronique, relativement visqueux et dont la composition est assez proche du liquide synovial, est essentiellement destiné à lubrifier l’articulation. Ces deux produits aident à soulager les douleurs. Deux équipes de chercheurs ont examiné les effets à long terme de ces injections.

Chacune des études repose sur une cohorte tirée de l’Osteoarthritis Initiative, une étude observationnelle multicentrique, longitudinale et prospective sur l’arthrose du genou, actuellement dans sa 14e année de suivi. La première étude, menée par des chercheurs de l’Université de Californie à San Francisco, a inclus 210 participants : 44 d’entre eux ont reçu des injections de corticostéroïdes, 26 ont reçu des injections d’acide hyaluronique, tandis que 140 autres personnes (constituant le groupe témoin) n’ont reçu aucune injection.

Les groupes ont été appariés selon l’âge, le sexe, l’indice de masse corporelle, les scores de douleur et d’activité physique et la gravité de la maladie. Chaque patient a passé une IRM deux ans avant l’injection, au moment de l’injection, puis deux ans plus tard. « Il s’agit de la première comparaison directe d’injections de corticostéroïdes et d’acide hyaluronique utilisant l’évaluation semi-quantitative de l’ensemble de l’organe du genou par IRM », a souligné le Dr Upasana Upadhyay Bharadwaj, chercheuse au Département de radiologie de l’Université de Californie.

imagerie arthrose genou
Articulation du genou d’un patient présentant (à gauche) de graves défauts cartilagineux et (à droite) une articulation du genou intacte. © RSNA

Les résultats ont révélé que les injections de corticostéroïdes dans le genou étaient significativement associées à la progression globale de l’arthrose du genou, en particulier dans le ménisque latéral, le cartilage latéral et le cartilage médial ! Le Dr Upadhyay Bharadwaj recommande ainsi la plus grande prudence dans leur usage.

L’acide hyaluronique, nouveau traitement à privilégier ?

L’acide hyaluronique, en revanche, a montré des effets positifs : comparativement au groupe témoin, le groupe qui a reçu des injections hyaluroniques a montré une diminution de la progression de l’arthrose, en particulier une réduction des lésions de la moelle osseuse.

La seconde étude, menée par des chercheurs de la Chicago Medical School, a elle aussi comparé la progression de l’arthrose chez des patients ayant reçu des injections de corticostéroïdes et d’acide hyaluronique. Le suivi a été réalisé par radiographie à rayons X. Cette étude a impliqué 150 patients : 50 d’entre eux ont reçu des injections de corticostéroïdes, 50 ont reçu des injections d’acide hyaluronique et 50 autres personnes ont servi de groupe témoin. Ici également, les groupes ont été appariés selon le sexe, l’indice de masse corporelle et les résultats initiaux d’imagerie.

Les chercheurs ont évalué dans chaque cas le rétrécissement de l’interligne articulaire, la formation d’éperons osseux (ou ostéophytes) et l’épaississement osseux autour du cartilage du genou, inhérents à la maladie. Une nouvelle radiographie a été effectuée deux ans après les injections : comparativement aux deux autres groupes, les patients ayant reçu une injection de corticostéroïdes ont présenté une progression significativement plus importante de l’arthrose, y compris un rétrécissement de l’interligne articulaire médial.

« Les résultats suggèrent que les injections d’acide hyaluronique devraient être explorées plus avant pour traiter les symptômes de l’arthrose du genou, et que les injections de stéroïdes devraient être utilisées avec plus de prudence », conclut Azad Darbandi, co-auteur de cette étude.

En résumé, bien que les injections de corticoïdes procurent à certains patients un soulagement de la douleur à court terme, il semblerait que leur usage entraîne des effets délétères sur le long terme. À noter qu’une étude parue en 2020 avait déjà souligné que la thérapie physique conférait un bénéfice supérieur aux injections intra-articulaires de glucocorticoïdes dans le cas de l’arthrose du genou : les patients ayant bénéficié d’une kinésithérapie avaient moins de douleurs et d’incapacité fonctionnelle au bout d’un an que les patients ayant reçu une injection de corticoïdes.

Source : Radiological Society of North America

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