Le Soleil traverse actuellement une phase d’activité intense. Le 17 avril dernier, le Centre de prévision de la météo spatiale a enregistré une éruption solaire de classe X1 qui a duré près de 30 minutes. Ce lundi, deux nouvelles éruptions de classe M1 ont entraîné une coupure momentanée des communications radio en Australie et dans plusieurs pays d’Asie. À l’approche du point culminant du cycle solaire en cours, les scientifiques prévoient une augmentation d’éruptions, d’éjections de masse coronale et d’aurores polaires dans les mois à venir.
L’activité solaire suit en effet des cycles réguliers d’environ 11 ans, répertoriés depuis 1775. Nous sommes actuellement dans le 25e cycle, qui devrait atteindre son apogée fin 2024 ou début 2025. Ainsi, il est fort probable que notre soleil se « déchaîne » au cours des prochains mois, une activité qui se manifestera par des éruptions solaires plus intenses et plus fréquentes. La double éruption enregistrée ce 25 avril provenait de la tache solaire AR2993, qui avec la tache AR2294, fait partie des régions les plus actives de notre étoile.
Ces projections de matière étaient de classe M, donc de taille modérée, mais suffisante pour perturber les fréquences inférieures à 20 MHz. Nous pourrions néanmoins nous attendre à des phénomènes plus importants, potentiellement dommageables. « Je suis sûr que nous verrons des [régions actives] plus grandes au cours des prochaines années. Les régions actives 2993 et 2994 sont de taille moyenne et ne représentent pas ce que le cycle solaire 25 peut produire de mieux », a déclaré à Live Science le physicien Dean Pesnell du Goddard Space Flight Center de la NASA.
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Des perturbations minimisées par la position de la Terre
Les essaims de taches solaires qui sont apparus à la surface du Soleil, et qui s’étendent sur des centaines de millions de kilomètres carrés, sont provoqués par des perturbations magnétiques de la photosphère visible, mettant au jour les couches inférieures relativement plus « froides ». Le champ magnétique y est temporairement beaucoup plus intense que dans les zones environnantes. De ces couches peuvent jaillir d’immenses quantités d’énergie, sous forme de rayonnement électromagnétique (les éruptions solaires), pouvant lui-même entraîner des éjections de masse coronale (EMC) — des bulles remplies de plasma brûlant. Ces expulsions de plasma s’éloignent du soleil à des vitesses pouvant atteindre les 3000 km/s.
Les éruptions solaires sont classées en cinq catégories (A, B, C, M et X) selon l’intensité maximale de leur flux énergétique (qui s’exprime en W/m²) dans la bande de rayonnement X, chaque catégorie étant 10 fois plus puissante que la précédente. Les éruptions de classe X ont une intensité de l’ordre de 10-4 W/m². L’éruption la plus importante jamais enregistrée date de novembre 2003 : son intensité a été estimée à X28 ! Elle avait provoqué un blackout de plusieurs heures dans une partie de l’Europe et en Afrique du Sud.
La double éruption du 17 avril dernier, d’intensité X1.3 puis X1.1 respectivement, semble provenir d’un troisième essaim de taches solaires, situées non loin des régions AR2993 et AR2994. Selon le site Spaceweather.com, plusieurs navigateurs et aviateurs ont rapporté « des effets de propagation inhabituels à des fréquences inférieures à 30 MHz ». Fort heureusement, au moment de l’éruption, la Terre ne se trouvait pas directement sur le passage du jet de particules ionisées — auquel cas les perturbations électromagnétiques auraient été bien pires.
Car si les éruptions solaires et les EMC peuvent créer de magnifiques aurores boréales lorsque les particules solaires se heurtent à notre magnétosphère, elles représentent aussi un danger majeur pour les réseaux électriques, les satellites, les réseaux de communication, ainsi que pour les astronautes se trouvant dans l’espace.
Un drame évité de justesse il y a dix ans
Pas vraiment lieu de s’inquiéter pour l’instant : Jan Janssens, spécialiste des communications au Centre d’excellence solaire-terrestre de Bruxelles, a expliqué à Live Science que le niveau actuel de l’activité solaire est à peu près le même qu’au cours du dernier cycle solaire, et qu’il est même inférieur à ce qu’il était à cette époque lors des deux précédents cycles d’activité solaire. « Cette situation est typique à ce stade du cycle solaire », a-t-il déclaré.
Rien d’anormal à signaler à ce jour, mais les experts redoublent de vigilance : l’augmentation de la fréquence des phénomènes de ce type s’accompagne en effet d’un niveau de danger plus élevé. Depuis la tempête solaire de 1859 — surnommée « événement de Carrington », du nom de l’astronome Richard Carrington qui l’a étudiée —, notre société a jusqu’à présent échappé aux effets dévastateurs des tempêtes solaires. En 1859, la tempête était d’une telle intensité que des aurores polaires étaient visibles jusque dans certaines régions tropicales et qu’elle a mis hors service les réseaux télégraphiques de l’époque.
Plus récemment, il y a dix ans, la Terre a évité le pire : en juillet 2012, une tempête solaire gigantesque a eu lieu seulement une semaine avant que notre planète ne se trouve dans son axe. Selon la NASA, il s’agissait de la plus grande tempête survenue depuis 150 ans, qui aurait pu « renvoyer la civilisation au XVIIIe siècle » selon les termes employés par l’agence spatiale. Pour empêcher un tel scénario, les opérateurs de réseaux électriques et de télécommunications s’emploient à consolider leurs infrastructures contre les perturbations à venir.