De nombreuses études au cours des dernières années ont démontré les impressionnantes capacités cognitives des corbeaux dans de nombreux domaines. De la reconnaissance sociale à la mémoire en passant par des calculs basiques, les corbeaux possèdent des facultés étonnantes que les scientifiques ne cessent de découvrir. Et récemment, des chercheurs allemands ont montré, grâce à une série d’exercices standardisés pour les primates, que les jeunes corbeaux possèdent des capacités cognitives rivalisant avec celles des grands singes adultes.
Des chercheurs des instituts Max Planck d’ornithologie et d’anthropologie évolutive en Allemagne ont fait évoluer huit corbeaux dans une version modifiée de la batterie de tests de cognition des primates (PCTB) tous les quatre mois depuis leur éclosion. Cette série de tests n’examine pas seulement les compétences de réflexion liées aux relations spatiales, à la permanence des objets, à la causalité et à l’utilisation des outils — elle traite également des capacités sociales, de la communication et de la théorie de l’esprit.
Ils ont comparé les résultats des oiseaux avec les données recueillies précédemment sur les primates, y compris les résultats sur les chimpanzés (Pan troglodytes) et les orangs-outans (Pongo pygmaeus), ainsi que sur les perroquets. Ils ont découvert qu’à l’âge de quatre mois seulement, les corbeaux avaient déjà les compétences sociales et cognitives attendues d’un corbeau adulte. Cela en dépit d’un cerveau qui n’était pas encore complètement développé.
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Étant donné que ces compétences sont comparables à celles d’un grand singe, cela signifie que les corbeaux qui sont à peine capables de voler peuvent déjà résoudre des problèmes parfois trop complexes pour un orang-outan. Lorsque les enfants humains sont mis à l’épreuve dans le PCTB, ils obtiennent des résultats équivalents aux grands primates. Du moins, en ce qui concerne les composantes sociales.
Un développement axé prioritairement sur les compétences sociales
Mais au cours des quelque 6 millions d’années qui séparent les humains et les chimpanzés en termes évolutifs, nous n’avons pas vraiment accéléré le développement d’autres compétences cognitives, telles que la mémoire spatiale et la capacité à reconnaître des quantités relatives. Les comparaisons entre les enfants humains et les bébés chimpanzés montrent que nous sommes au coude à coude en ce qui concerne notre « machinerie mentale » générale dans les années où notre cerveau se forme.
Cela implique que nos ancêtres ont reçu un coup de pouce mental dans le développement socioculturel peu de temps après avoir développé la capacité à nous tenir debout. Les premiers humains ont mis leur énergie à faire croître rapidement la capacité neurologique nécessaire pour communiquer et comprendre les intentions d’autrui, au lieu de rendre les bébés meilleurs pour comparer les volumes ou manipuler des outils.
Étant donné que de telles distinctions apparaissent dans des espèces aussi étroitement apparentées que les chimpanzés et Homo sapiens, la façon dont d’autres animaux très intelligents se comparent est restée une question ouverte et intrigante. Puisque personne n’avait rassemblé beaucoup d’informations sur le développement cognitif des corvidés, le domaine ne demandait qu’à être étudié.
Lorsque l’âge était pris en compte pour chaque ensemble de compétences, il n’y avait pas de réelle différence entre les oiseaux qui avaient quatre mois et ceux qui avaient 16 mois. Chacun, en moyenne, a obtenu les meilleurs résultats dans les domaines quantitatifs du test, et les moins bons dans les composantes spatiales. À la surprise des chercheurs, cependant, l’intelligence physique et sociale des corbeaux n’était pas vraiment si différente entre les âges.
Corvidés : ils possèdent définitivement une intelligence complexe
Peut-être qu’un test conçu pour les primates n’est pas assez pointu pour détecter des distinctions subtiles dans le comportement des oiseaux. Mais les tests effectués par d’autres chercheurs sur des perroquets utilisant le PCTB n’ont pas montré de talent cognitif similaire à celui des corbeaux, ce qui est surprenant compte tenu des observations qui semblent remettre en cause un tel résultat.
Il est également possible que des différences apparaissent avant quatre mois ou après 16 mois, ou peut-être qu’un échantillon de huit corbeaux est tout simplement trop petit pour tirer des conclusions claires. Dans cet esprit, nous pourrions simplement y voir des preuves que les corbeaux donnent la priorité à leurs compétences sociales comme nous le faisons, les développant tôt avec d’autres capacités cognitives.
Mis à part leur talent limité pour donner un sens aux espaces, les comparaisons entre les scores des corbeaux et ceux des singes étaient remarquablement similaires. Les capacités sociales et cognitives — même parmi les oiseaux âgés de quatre mois — étaient comparables. Peut-être que rien de tout cela ne devrait nous surprendre. Non seulement nous savons que les corvidés sont intelligents, mais nous savons également qu’ils ont des vies sociales complexes, partagent des états émotionnels et se disputent les ressources.