Depuis plus d’un siècle, la baignade dans la Seine est interdite pour des raisons sanitaires. À deux semaines du début des Jeux olympiques, les interrogations persistaient quant à la propreté du fleuve, sujet à des problèmes de qualité de l’eau. Ces inquiétudes se sont concrétisées lorsque des athlètes sont tombés malades après avoir participé à un triathlon.
En 2015, la région Île-de-France a initié un projet ambitieux, investissant 1,4 milliard d’euros dans la construction d’infrastructures destinées à récupérer les eaux pluviales. Ces eaux, chargées de bactéries pendant la saison des pluies, se déversaient dans la Seine. L’objectif était de moderniser le système d’égouts de la capitale pour rendre la Seine baignable durant les Jeux olympiques, ce qui n’est pas arrivé depuis 1923.
En mai dernier, les autorités parisiennes ont inauguré un bassin de stockage d’eau souterraine, situé à côté de la gare d’Austerlitz, d’une capacité équivalente à 20 piscines olympiques. Cette installation, pièce maîtresse des infrastructures achevées à temps pour les JO, garantit également une Seine propre à long terme pour les Parisiens.
Pour démontrer la viabilité du projet, la maire de Paris, Anne Hidalgo, s’est baignée dans la Seine le 17 juillet. « La Seine est exquise. L’eau est très, très bonne. Un peu fraîche, mais pas si mauvaise », a-t-elle déclaré après son plongeon. Cette affirmation a suscité des polémiques, notamment après que l’équipe belge a annulé sa participation au triathlon mixte, suite à l’infection de Claire Michel, une de ses athlètes.
« Les Belgian Hammers ne prendront pas le départ de la compétition de relais mixte aux Jeux de Paris. Claire Michel, l’une des athlètes de l’équipe, doit malheureusement se retirer pour cause de maladie », a annoncé l’équipe belge dans un communiqué. Bien que l’équipe n’ait pas précisé la nature de la maladie, le journal De Standaard a rapporté que Claire Michel est tombée malade suite à une infection à la bactérie E. coli. La majorité des souches d’E. coli sont inoffensives, mais certaines peuvent provoquer des infections urinaires ou pulmonaires, des diarrhées et, dans les cas les plus graves, la mort.
Des épisodes de fortes pluies en cause
La cérémonie d’ouverture des JO a été suivie par des épisodes de fortes pluies, suscitant des préoccupations. Les eaux pluviales ont fait grimper les niveaux d’E. coli au-delà de la limite de 900 unités, seuil déterminé par la Fédération Mondiale de Triathlon pour garantir la sécurité des compétitions. Fin juin, les précipitations avaient déjà fait atteindre un pic aux niveaux d’E. coli.
Pour rassurer les athlètes, les organisateurs olympiques de Paris ont annoncé que « des tests de qualité de l’eau sont effectués quotidiennement pour les compétitions dans la Seine, et la décision de maintenir ou non une épreuve est prise par la Fédération Mondiale de Triathlon, en coordination avec Paris 2024, en fonction des résultats ». Ainsi, un entraînement de natation a dû être annulé après des résultats défavorables.
Suite au retrait de l’équipe belge, l’équipe olympique suisse a également dû remplacer Adrien Briffod, souffrant d’une infection gastro-intestinale après l’épreuve individuelle masculine. Toutefois, il n’est pas certain que cette infection soit liée à la qualité de l’eau de la Seine. De son côté, Tyler Mislawchuk, un athlète canadien ayant terminé neuvième au triathlon masculin, a été photographié en train de vomir après la course, une image devenue virale. « J’ai vomi dix fois après la course », a-t-il affirmé, précisant toutefois que la chaleur était probablement en cause.
« La Seine n’est pas un cas particulier. C’est un problème complexe et très coûteux », a déclaré Metin Duran, professeur de génie civil et environnemental à l’Université Villanova, spécialisé dans la gestion des eaux pluviales. La maire de Paris, Hidalgo, a donc pris un pari audacieux en se jetant dans la Seine pour prouver la propreté du fleuve… Cependant, les incidents de santé des athlètes soulèvent des questions sur l’efficacité des mesures prises et la véritable qualité de l’eau de la Seine. Les organisateurs de Paris 2024 devront redoubler d’efforts pour assurer la sécurité des participants et restaurer la confiance dans la capacité de la ville à accueillir des compétitions dans des conditions optimales.