Les fraudeurs crypto peuvent souffler : Trump dissout le NCET

Le DOJ abandonne la traque des plateformes.

Cryptomonnaies l'administration Trump démantèle le NCET l'unité anti fraude du ministère de la Justice
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Fidèle à sa volonté affichée de réduire les dépenses publiques, l’administration Trump poursuit sa politique de coupes budgétaires au sein des agences gouvernementales. Tandis que les institutions scientifiques figurent parmi les plus touchées, le secteur des cryptomonnaies semble bénéficier d’un traitement singulièrement plus indulgent. Dernier exemple en date : la dissolution par le département de la Justice américain du NCET, une unité dédiée à la lutte contre les fraudes liées aux actifs numériques.

Dès le début de son second mandat, Donald Trump a signé un décret exécutif destiné à clarifier le cadre réglementaire applicable à la finance numérique, tout en réaffirmant l’ambition des États-Unis de conserver leur leadership dans l’économie des actifs numériques. Le texte insiste notamment sur « la capacité des citoyens et des acteurs privés à accéder aux réseaux publics ouverts de blockchain et à les utiliser à des fins légales, sans être inquiétés ».

Dans le sillage de ce décret, le ministère de la Justice, sous l’administration Trump, a franchi un pas supplémentaire. Dans une note interne de quatre pages adressée lundi soir à ses collaborateurs, le procureur général adjoint Todd Blanche a annoncé la dissolution immédiate de la National Cryptocurrency Enforcement Team (NCET), une cellule nationale chargée des enquêtes sur les délits liés aux cryptomonnaies.

Todd Blanche, ancien avocat de la défense qui avait représenté le président lors de son procès pénal en 2024, justifie cette mesure par l’importance stratégique que représenterait, selon lui, l’industrie des actifs numériques pour la croissance économique et l’innovation.

Interrogé par le Guardian, il a affirmé que « le ministère de la Justice n’est pas un organe de régulation des actifs numériques », s’en prenant à l’approche de l’administration Biden, qu’il accuse d’avoir fait un usage détourné du ministère dans une stratégie de régulation fondée sur les poursuites judiciaires, qu’il juge « hasardeuse et mal conduite ».

Une réorientation des priorités judiciaires

Désormais, le ministère de la Justice s’abstiendra de toute procédure ou mesure coercitive visant à imposer de facto un cadre réglementaire aux cryptomonnaies. L’effort judiciaire sera recentré sur les individus impliqués dans des escroqueries ou des activités criminelles graves facilitées par ces actifs, telles que « le terrorisme, le trafic de drogues et d’êtres humains, le crime organisé, le piratage informatique, ou encore le financement de cartels et de gangs ».

Toujours selon Blanche, les services du ministère « ne cibleront plus les plateformes d’échange de cryptomonnaies, les services de mixage ou les portefeuilles hors ligne, pour les actes commis par leurs utilisateurs finaux ou pour des violations involontaires de la réglementation ». Il a même ordonné la clôture des enquêtes en cours qui contreviendraient à cette nouvelle ligne politique.

La fin d’une cellule née sous Biden

Créée sous la présidence de Joe Biden, la NCET avait pour mission de faire face aux défis posés par l’usage criminel des cryptomonnaies. Constituée d’avocats spécialisés en cybercriminalité et en blanchiment d’argent, l’unité avait mené plusieurs enquêtes retentissantes, notamment contre Tornado Cash, une plateforme accusée de blanchiment d’argent et de violations des sanctions internationales.

L’équipe avait également enquêté sur des opérations de piratage informatique orchestrées par la Corée du Nord et alimentées par des flux de cryptomonnaies. Cette décision représente un revirement majeur pour Donald Trump, longtemps critique à l’égard de l’univers crypto. Ce changement de ton coïncide avec l’appui croissant qu’il reçoit d’importants acteurs de ce secteur.

Le président américain envoie d’ailleurs des signaux forts : plus tôt cette année, il a gracié Ross Ulbricht, fondateur de la place de marché du darknet Silk Road, qui purgeait une double peine de réclusion à perpétuité pour trafic de stupéfiants et blanchiment d’argent. Il a également accordé sa grâce aux cofondateurs de la plateforme d’échange de cryptomonnaies BitMEX, condamnés pour violation du Bank Secrecy Act.

Des intérêts financiers personnels ?

La dissolution de la NCET fait réagir, entre soutien et critiques. Certains y voient un simple alignement idéologique ; d’autres pointent un possible conflit d’intérêts. En mars dernier, une enquête de Reuters a révélé que la famille Trump avait pris le contrôle de World Liberty Financial, une entreprise de cryptomonnaies, détenant une participation de 60 % et revendiquant 75 % des revenus nets issus des ventes de jetons.

Lors de la présentation du projet en septembre, le président déclarait : « Les cryptomonnaies font partie de ces projets que nous devons entreprendre », avant d’ajouter : « Que cela nous plaise ou non, je dois le faire. »

Peter Van Valkenburgh, directeur général du groupe de défense Coin Center, s’est félicité de cette nouvelle orientation en déclarant sur X : « Nous devrions nous attaquer aux malfaiteurs, pas aux développeurs d’outils puissants que ces derniers utilisent. »

À l’inverse, d’autres dénoncent une opération intéressée. Tim Miller, analyste pour MSNBC, a vivement réagi, estimant que Trump orchestre une « escroquerie crypto » à grande échelle, lui permettant d’amasser plusieurs millions de dollars dans l’anonymat. « Il n’existe pas, en dehors de la Maison-Blanche, de précédent historique comparable à un tel système de corruption », a-t-il lancé sur X.

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