En parcourant le cratère martien Jezero, le rover Perseverance est à nouveau tombé sur une roche inhabituelle, cette fois-ci zébrée. Elle aurait une texture différente de toutes celles observées jusqu’ici dans le cratère et peut-être même sur toute la planète, selon l’équipe de la NASA. Bien que les informations concernant sa composition soient pour le moment limitées, elle pourrait potentiellement découler sur de nouveaux indices concernant le passé géologique de la planète.
Il y a environ un mois, Perseverance a commencé à gravir la pente raide entourant le cratère Jezero, la région au nord de l’équateur martien où il a atterri le 18 février 2021. L’objectif est d’y analyser des roches anciennes qui pourraient fournir des informations sur l’histoire primitive de la planète. Faisant 45 kilomètres de diamètre, ce cratère aurait notamment hébergé, il y a environ 3,6 milliards d’années, un lac et plusieurs deltas de rivières qui auraient potentiellement pu abriter la vie.
Bien que le terrain raide et accidenté ait au départ rendu l’ascension difficile, la progression s’est considérablement améliorée au cours des derniers jours, le rover ayant avancé sur un tronçon relativement plat. Alors que l’engin progressait au niveau d’un banal terrain caillouteux, l’équipe de la NASA a repéré au loin un étrange rocher rayé.
Baptisée « Freya Castle » (en référence à un pic escarpé du Grand Canyon), la roche ne ressemble à rien de ce qui a été observé jusqu’ici. « L’équipe scientifique pense que cette roche a une texture différente de toutes celles observées auparavant dans le cratère de Jezero, et peut-être même sur toute la planète Mars », explique dans un communiqué de la NASA Athanasios Klidaras, doctorant à l’Université Purdue (dans l’Indiana, aux États-Unis).
Une roche issue de processus ignés et/ou métamorphiques ?
Pour repérer la roche, Klidaras et ses collègues ont analysé les images de la caméra de navigation à faible résolution embarquée sur le côté gauche de Perseverance (Navcam). L’équipe a ensuite paramétré le rover pour observer la roche de plus près avec sa caméra multispectrale Mastcam-Z, avant de poursuivre sa trajectoire. Les données ont ensuite été transmises quelques jours plus tard au centre de la NASA, puis analysées en détail.
Faisant environ 20 centimètres de diamètre, la roche présente un motif frappant de rayures noires et blanches alternées. « Nos connaissances sur sa composition chimique sont limitées, mais les premières interprétations suggèrent que des processus ignés et/ou métamorphiques pourraient avoir créé ses rayures », explique Klidaras.
Les processus ignés sont des phénomènes au cours desquels le magma est entraîné à la surface, où il est refroidi puis solidifié. Les cristaux qui en résultent se forment de manière désordonnée. Pendant environ un milliard d’années, Mars présentait d’intenses activités volcaniques qui auraient pu créer les conditions nécessaires à la formation de roches telles que Freya Castle.
Les processus métamorphiques, quant à eux, sont des phénomènes au cours desquels les roches subissent des modifications en étant exposées à de fortes pressions et des températures élevées. Les roches qui en résultent sont plus denses et compactes. Le processus peut également donner naissance à de nouveaux minéraux en réorganisant leur composition ou en déclenchant des réactions avec des fluides, tels que l’eau.
D’autre part, les chercheurs estiment que la roche pourrait s’être détachée d’un relief situé en amont, car elle est très différente de celles environnantes. « Cette possibilité nous enthousiasme et nous espérons qu’au fur et à mesure que nous poursuivrons notre route vers le haut, Perseverance rencontrera un affleurement de ce nouveau type de roche afin que des mesures plus détaillées puissent être acquises », indique Klidaras.
La dernière d’une vaste collection
Freya Castle est la dernière d’une série de roches étranges mises au jour par Perseverance depuis son arrivée près du cratère Jezero. Dans cette collection figure par exemple « Cheyava Falls », une roche tachetée en forme de flèche découverte plus tôt cet été. Ses taches seraient potentiellement révélatrices d’une ancienne forme de vie microbienne, lorsqu’il y avait encore de l’eau sur la planète.
D’autres roches surnommées « Atoko Point » et « Bunsen Peak » ont également été découvertes et pourraient révéler davantage d’indices dans ce sens. Les chercheurs espèrent en savoir plus concernant ces roches en analysant les échantillons collectés par Perseverance — qui devraient normalement être renvoyés sur Terre d’ici 2031 (sous réserve de financements).