Les maladies cardiovasculaires et le cancer restent les deux principales causes de décès dans le monde. Adopter une alimentation saine peut retarder l’apparition de telles maladies et améliorer la longévité. Dans ce cadre, les huiles végétales riches en acides gras polyinsaturés, en particulier en acides gras oméga-3, sont particulièrement recommandées. Une méta-analyse publiée le mois dernier dans le British Medical Journal confirme le rôle bénéfique des oméga-3 sur la santé.
Les acides gras oméga-3 constituent une famille d’acides gras essentiels — des acides gras indispensables au bon développement et au bon fonctionnement de l’organisme, mais que notre corps ne sait pas fabriquer. Ils peuvent néanmoins être synthétisés à partir de leur précurseur, l’acide alpha-linolénique (ALA) si celui-ci est apporté par l’alimentation ; il est facilement disponible dans le soja, les noix, l’huile de colza, les graines de lin et d’autres sources alimentaires végétales.
L’étude publiée le mois dernier visait à examiner les associations entre l’apport alimentaire et les biomarqueurs tissulaires de l’ALA et le risque de mortalité toutes causes confondues, les maladies cardiovasculaires et le cancer. Au total, 41 articles d’études de cohorte prospectives ont été inclus dans cette méta-analyse, totalisant près de 1,2 million de participants. Les résultats ont montré que l’apport alimentaire en ALA est associé à un risque réduit de mortalité toutes causes confondues, de maladies cardiovasculaires et de cardiopathies coronariennes. Et ce ne sont pas les seules vertus des oméga-3.
Des nutriments bons pour le cœur, les yeux et le cerveau
À partir d’ALA, l’organisme synthétise d’autres acides gras oméga-3, notamment les acides eïcosapentaènoïque (EPA) et docosahexaènoïque (DHA). Cependant, le taux de conversion de l’ALA en DHA est trop faible pour couvrir nos besoins quotidiens en cet acide gras, ce dernier est donc également considéré comme indispensable et doit aussi être apporté par l’alimentation. Les aliments les plus riches en oméga-3 sont issus de végétaux terrestres qui contiennent de l’ALA (la noix, l’huile de colza, de soja, de lin, etc.) et d’animaux marins (les poissons gras comme le saumon, le thon, le maquereau, le hareng, la sardine et l’anchois, etc.), qui contiennent de l’EPA et du DHA.
Les acides gras oméga-3 sont nécessaires au développement et au fonctionnement de la rétine, du cerveau et du système nerveux ; ils interviennent dans le processus de coagulation, dans l’immunité, le métabolisme, etc. Des apports suffisants en oméga-3 sont donc particulièrement importants chez la femme en âge de procréer, chez la femme enceinte, chez la femme allaitante, ainsi que chez l’enfant et l’adolescent. Un rapport du Centre de Recherche et d’Information Nutritionnelles (CERIN) recommande aux adultes de consommer chaque jour 250 mg de DHA et 500 mg/jour d’EPA et DHA confondus.
Bien que les oméga-3 présentent de nombreux bienfaits, il apparaît que la plupart des individus en consomment trop peu au quotidien. On estime que près de neuf Français sur dix auraient une déficience en acides gras EPA et DHA. Dans ce cas, une supplémentation en oméga-3 est vivement conseillée. Une étude récente impliquant près de 26 000 adultes a montré qu’une supplémentation en oméga-3, mise en œuvre pendant cinq ans, entraînait une réduction significative (-18%) du risque de maladie auto-immune.
Leur effet protecteur sur la rétine, en particulier contre l’apparition de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) — une maladie chronique qui provoque une perte progressive de la vision et cause principale de malvoyance chez les plus de 50 ans — a récemment été mise en évidence dans une étude menée par des chercheurs français. Les oméga-3 assurent la vision au niveau des photorécepteurs, mais ont également des fonctions anti-inflammatoires, et limitent la mort cellulaire et le développement vasculaire dans la rétine — soit trois mécanismes primordiaux pour prévenir la DMLA, expliquent les chercheurs.
Du poisson gras pour limiter le risque cardiovasculaire
Plusieurs études ont par ailleurs mis en lumière le rôle des oméga-3 dans la prévention des maladies cardiovasculaires. La consommation régulière de ces acides gras provoque une diminution de la pression artérielle chez les personnes souffrant d’hypertension et entraîne également une réduction du taux sanguin de triglycérides.
En outre, une analyse de 4 études de cohorte impliquant plus de 190 000 personnes de 58 pays, a révélé que consommer au moins 175 g de poisson (soit 2 portions) par semaine réduisait de 16% le risque de développer une maladie cardiovasculaire et de 18% la mortalité chez les personnes à haut risque (ou atteintes d’une maladie vasculaire). C’est avec les poissons gras, particulièrement riches en oméga-3, que l’effet était le plus important.
Une conclusion partagée par une étude parue dans la revue Neurology, qui souligne que les gros mangeurs de poissons ont moins de risques de développer des troubles cérébraux, et des accidents vasculaires cérébraux. Une analyse par IRM a montré que les vaisseaux cérébraux des consommateurs réguliers de poisson (2 à 4 fois par semaine) étaient en bien meilleure santé que ceux des personnes qui en consommaient peu.
Enfin, les oméga-3 pourraient également jouer un rôle majeur dans le fonctionnement cérébral et à ce titre, pourraient avoir un effet positif sur le maintien de la santé mentale au cours du vieillissement. Une étude menée sur des rats âgés a montré que quatre semaines de régime alimentaire composés d’aliments ultra-transformés ont entraîné une forte réponse inflammatoire dans le cerveau de ces animaux, accompagnée de signes comportementaux de perte de mémoire. En revanche, un apport en DHA pour compléter ce régime a permis de prévenir les problèmes de mémoire et a réduit presque entièrement l’inflammation. D’autres études doivent néanmoins confirmer ces effets sur l’Homme.