L’événement s’est produit en fin d’après-midi, le 7 mars. L’objet en question n’était pas plus gros qu’une boule de bowling. Mais alors qu’il traversait notre atmosphère, dans le ciel au-dessus de l’État du Vermont, il a disparu dans une explosion spectaculaire, très lumineuse. Les experts estiment que le phénomène a libéré autant d’énergie que 200 kilogrammes de TNT.
Ce bolide est apparu au-dessus de la partie nord de l’État sous la forme d’une boule de feu brillante à 17h38 HNE (heure de l’Est), juste avant le coucher du soleil. D’après les informations communiquées par le NASA Meteor Watch, un organisme de surveillance des météores, l’objet mesurait probablement 15 centimètres de diamètre et pesait 4,5 kilogrammes environ. Il a traversé notre atmosphère à la vitesse de 68 000 km/h (soit approximativement 55 fois la vitesse du son !).
Évidemment, le météore n’est pas passé inaperçu. L’antenne locale de la chaîne WCAX3 rapporte avoir reçu un très grand nombre d’appels des habitants peu après l’événement. Ces derniers déclaraient avoir entendu « un grand boom » et avoir senti tout leur corps trembler. Tous évoquent un phénomène extrêmement lumineux et particulièrement spectaculaire.
Une onde de choc significative
Sur la base de nombreux témoignages oculaires, la NASA estime que la boule de feu est apparue pour la première fois à 84 km au-dessus de la forêt d’État du mont Mansfield, à l’est de Burlington, la plus grande ville du Vermont. Il a ensuite continué sur environ 53 km au nord-est, vers la frontière canadienne, pour finir par disparaître à une cinquantaine de kilomètres d’altitude au sud de la ville de Newport.
À mesure que l’objet (probablement un fragment d’astéroïde) pénétrait plus profondément dans l’atmosphère, la pression s’accumulait à l’avant tandis qu’un vide partiel se formait à l’arrière, expliquent les experts de la NASA. Puis, à une trentaine de kilomètres d’altitude, la différence de pression entre l’avant et l’arrière de l’objet était telle qu’elle a dépassé la limite de résistance de la structure : la roche extraterrestre s’est alors violemment fragmentée, produisant une onde de pression qui a fait trembler les bâtiments et généré le son entendu par ceux qui se trouvaient à proximité de la trajectoire.
Les spécialistes précisent qu’une telle onde de pression peut également se coupler au sol, provoquant de petites « secousses » qui peuvent être captées par les instruments de mesure sismiques de la région ; l’onde elle-même peut être détectée par les stations d’infrasons (des sons de basse fréquence pouvant parcourir de grandes distances). Lors du passage du météore, trois stations de mesures d’infrasons voisines ont ainsi pu capturer le signal généré par l’explosion. Les amplitudes et les durées des signaux enregistrés ont permis d’évaluer l’énergie de fragmentation de la boule de feu : elle s’avère équivalente à 200 kilogrammes de TNT !
Des objets sous haute surveillance
Le 15 février 2013, un énorme bolide traverse le ciel au-dessus de la ville de Tcheliabinsk, en Russie. Ce superbolide — ainsi nommé de par la traînée lumineuse, particulièrement intense, qu’il laissait derrière lui — a explosé en libérant une énergie estimée à 440 kilotonnes de TNT par le Jet Propulsion Laboratory (c’est 30 fois l’énergie libérée par la bombe lâchée sur Hiroshima) ; l’onde de choc avait détruit des milliers de fenêtres aux alentours.
L’événement avait surpris le monde entier. Les pouvoirs publics ont soudain pris conscience que le phénomène pouvait tout à fait se reproduire, dans n’importe quel endroit du monde. Fort heureusement, la plupart des météores qui traversent notre atmosphère n’y résistent pas (de par leur petite taille) et se transforment en poussière avant d’avoir touché le sol terrestre. Mais les plus gros d’entre eux peuvent parfois produire des météorites, dont les scientifiques sont particulièrement friands : ce sont, après tout, des échantillons de matière extraterrestre à portée de main…
On estime qu’en France, il tombe une dizaine de météorites par an. Pourtant, leur découverte est très rare. C’est ainsi qu’est né le dispositif FRIPON (Fireball Recovery Interplanetary Observation Network ou Réseau de recherche de bolides et de matière interplanétaire). Initié par François Colas (chercheur CNRS à l’Observatoire de Paris), Brigitte Zanda (enseignant-chercheur au Muséum national d’Histoire naturelle) et Sylvain Bouley (enseignant-chercheur à l’Université Paris-Sud), le réseau surveille les entrées de météorites depuis 2016.
Limité à l’Hexagone au moment de sa création, le réseau s’étend rapidement dans plusieurs autres pays d’Europe et dans le reste du monde. FRIPON repose aujourd’hui sur 150 caméras et 25 récepteurs radio européens et couvre une superficie d’environ 1,5.106 km2 ; depuis sa mise en œuvre, il a permis de détecter près de 4000 météoroïdes. Le niveau d’automatisation du réseau permet de déclencher une campagne de récupération de météorite quelques heures seulement après son arrivée à la surface de la Terre. Selon les observations de FRIPON, le flux absolu de météoroïdes de plus de 1 cm s’élève à 1250/an/106 km2, et le flux de météorites de plus de 100 g est estimé à 14/an/106 km2 .