Même les plus petits organismes terrestres peuvent faire de grandes choses. En effet, l’animal qui se classe premier en matière de mouvement animal le plus rapide au monde, n’est guère plus grand que le bout de votre doigt : il s’agit d’une fourmi.
Surnommée fourmi Dracula (Mystrium camillae), cette espèce minuscule, timide et insaisissable, est un prédateur souterrain qui aime sucer le sang de ses propres larves, dans une pratique connue sous le nom de « cannibalisme non destructeur ». Elle est également extrêmement rapide.
Une nouvelle étude a révélé que les mâchoires de cette espèce rare et mystérieuse, peuvent se refermer cinq mille fois plus vite que nous pouvons effectuer un clin d’œil. Des scientifiques du Smithsonian Institution, à Washington, ont utilisé une caméra à haute vitesse pour saisir ce mouvement remarquable en action pour la toute première fois.
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Le mécanisme de la fourmi fonctionne comme un claquement de doigts, mais à une vitesse bien plus extrême, soit mille fois plus rapide que ce dont les mains humaines sont capables.
En appuyant sur les pointes de ses mandibules, la pression entre les mâchoires de la fourmi commence à s’intensifier, jusqu’à ce qu’elle atteigne enfin un point de rupture, libérant l’une des 2 mandibules afin qu’elle glisse à travers l’autre. Du début à la fin, l’action prend 0.000015 seconde, passant de zéro à environ 320 km/h en une fraction d’instant. Cette espèce particulière de fourmi a maintenant remporté la médaille d’or quant à l’appendice animal le plus rapide, ainsi que la manœuvre biologique la plus rapide jamais connue.
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Le genre Mystrium a été qualifié de « groupe le plus mystérieux au sein des étranges fourmis Dracula », et les scientifiques ne savent toujours pas pourquoi cette fourmi a évolué pour obtenir des mandibules si spéciales. Bien que, dans le monde animal, lorsqu’il s’agit d’attraper une proie et d’éviter les prédateurs, le fait de pouvoir être rapide est extrêmement important.
Aujourd’hui, les mouvements les plus rapides connus sont des comportements basés sur la chasse et la défense, et ces contractions rapides sont couramment observées chez les arthropodes tels que la crevette mante, les sauterelles et les fourmis piège à mâchoires (Odontomachus).
Pour parvenir à de tels résultats, l’énergie est stockée dans les muscles, puis libérée via un loquet qui la libère à travers une sorte de ressort élastique. En incorporant de véritables verrous et des ressorts, ces animaux n’ont pas besoin d’effectuer un travail excessif avec leurs muscles, ce qui permet à des créatures comme la fourmi Dracula d’attraper ses proies et de se défendre contre les prédateurs, de la manière la plus efficace possible.
Même lorsqu’elle est comparée à d’autres fourmis de ce type, la fourmi Dracula règne en maître ! À l’heure actuelle, nous connaissons au moins six lignées de fourmis ayant des mandibules à puissance amplifiée similaires, mais cette dernière possède une morphologie unique qui la rend particulièrement rapide.
Contrairement aux autres fourmis pièges à mâchoires, les mandibules des fourmi Dracula partent d’une position fermée, puis glissent l’une sur l’autre. De plus, les mécanismes de ressort et de verrouillage qui permettent à la mâchoire de se refermer sont intégrés à la mandibule elle-même : cette structure unique est probablement ce qui donne à ce genre de fourmi une telle rapidité.
Il faut savoir que chez d’autres fourmis pièges à mâchoires, où les structures de ressort, de verrouillage et de déclenchement sont séparées, il faut trois à soixante fois plus de temps pour que les mâchoires se referment. Et même à la vitesse de pointe, ce mouvement est toujours dix à vingt fois plus lent que celui dont est capable Mystrium camillae, la fourmi Dracula.
Les chercheurs pensent que ces mâchoires spéciales se sont peut-être développées en conséquence à l’habitat souterrain unique de cette fourmi, qui vit sous les tropiques de l’Asie du Sud-Est et de l’Australie, des environnements où des mâchoires ouvertes ne sont pas vraiment une option viable : « Les habitudes d’alimentation et de nidification des fourmis Mystrium se limitent également aux tunnels confinés dans le sol, ce qui peut favoriser ce type de système d’amplification, dans lequel la fourmi ne peut pas ouvrir largement la gueule, comme le montrent les fourmis pièges à mâchoires », supposent les chercheurs.
À l’heure actuelle, nous ne pouvons donc pas être certains des
raisons exactes du développement de cette mâchoire spéciale.
D’autres études devront être menées sur ce type de fourmi. Ce
qui est certain, c’est que ces créatures sont de véritables trésors
d’informations enfouis sous terre, et des recherches
supplémentaires seront nécessaires afin de comprendre pourquoi ces
fourmis sont dotées de pièges si rapides.