Des résumés faits par IA sur Google Search. Menace pour les médias ?

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Un bouleversement s’annonce dans la manière dont nous conduirons nos recherches sur le web. Google Search prévoit d’intégrer une nouvelle fonctionnalité assistée par l’intelligence artificielle capable de générer automatiquement des résumés des résultats en se basant sur deux ou trois sources. Placée au-dessus des premiers résultats de recherche, cette fonctionnalité pourrait sérieusement menacer l’accès à une information diversifiée. Sans compter les répercussions évidentes sur les médias — par la réduction du nombre de clics sur leurs liens, essentiels à leur survie.

Actuellement en phase d’essai, la nouvelle fonctionnalité de Google Search est propulsée par les plus performants modèles linguistiques de Google, y compris le modèle généraliste PaLM2 et le modèle multitâche unifié, conçu pour la synthèse des informations provenant de différents types de médias. Cette expérimentation se déroule dans le cadre d’un projet nommé Search Generative Experience (SGE).

Comment fonctionne-t-elle ?

Lors d’une démonstration, un responsable du projet a saisi dans la barre de recherche Google : « pourquoi le pain au levain est-il toujours aussi populaire ? ». Après avoir cliqué sur « Rechercher », le moteur a révélé les 10 sites internet les mieux référencés. Jusque-là, rien de nouveau. Cependant, quelques secondes plus tard, la nouvelle fonctionnalité se manifeste sous la forme d’un petit onglet clignotant en haut de la page, portant l’indication « L’IA générative est expérimentale ».

Ensuite, cet onglet produit automatiquement un résumé de quelques lignes, expliquant pourquoi le pain au levain est savoureux, ses bienfaits probiotiques, etc. Sur le côté droit de ce résumé, trois liens sources apparaissent, appuyant le contenu du résumé. Cette combinaison est appelée « instantanés d’IA ». Au-dessus de ces trois liens se trouve un bouton de menu qui conduit vers les résumés des trois liens ainsi que vers d’autres liens supplémentaires, renvoyant aux sources corroborant les trois résumés. L’utilisateur peut donc cliquer sur ces derniers s’il souhaite approfondir le sujet.

Une autre démonstration a été réalisée dans le cadre d’une recherche commerciale, visant notamment à trouver les meilleurs haut-parleurs Bluetooth pour une utilisation sur la plage. Cette fois, le résumé principal indiquait les critères à prendre en compte pour disposer d’un bon haut-parleur Bluetooth, comme l’autonomie de la batterie, la résistance à l’eau, la qualité du son, etc. Les trois liens affichés orientaient vers des sites de vente offrant de bonnes options. En ajoutant une limite de prix spécifique à la recherche, l’instantané propose de nouvelles sélections.

Pour des requêtes plus spécifiques telles que « qu’est-ce qui est mieux pour une famille avec des enfants de moins de 3 ans et un chien, le Parc national de Bryce Canyon ou celui des Arches ? » : une recherche standard nécessiterait de décomposer cette question en plusieurs parties. Cependant, l’IA fournit des résultats tout en passant en mode « conversationnel », suggérant des étapes de suivi telles que « combien de temps passer à Bryce Canyon avec des enfants ? ». « Grâce aux nouvelles fonctionnalités d’IA générative dans la recherche, nous simplifions désormais davantage la recherche, vous permettant ainsi de comprendre un sujet plus rapidement, de découvrir de nouveaux points de vue et informations et de faire avancer les choses plus facilement », déclarent les responsables sur le blog de l’entreprise.

Il est important de noter que toutes les recherches n’activeront pas systématiquement les instantanés d’IA. Ils sont en effet configurés pour n’apparaître que si l’algorithme de Google estime que la recherche a besoin d’être enrichie ou optimisée. L’IA n’est pas non plus censée intervenir pour des sujets sensibles tels que la santé, la finance et les activités illégales. Cependant, son intégration modifiera fondamentalement la manière dont les utilisateurs effectueront des recherches et pourrait potentiellement menacer l’existence de nombreux sites d’information.

Une fonctionnalité réduisant l’accès à l’information ?

Bien que séduisante en apparence, la nouvelle fonctionnalité soulève des interrogations majeures concernant la visibilité des sites. Il est en effet largement reconnu que la plupart des utilisateurs ne parcourent que rarement le bas de la page de recherche et ne s’aventurent presque jamais au-delà de la première page de résultats. Même si l’instantané d’IA ne masque pas les premiers résultats de recherche, il les relègue plus bas dans l’interface de la page, les rendant ainsi nettement moins visibles. Sur mobile, la situation sera encore plus préoccupante, l’instantané d’IA occupant presque tout l’écran. Cette fonctionnalité risque ainsi d’empêcher des clics indispensables à la survie des sites d’information.

L’industrie médiatique, déjà fragilisée, s’interroge également sur la façon dont Google envisage de rétribuer les journalistes dont les travaux ont permis à l’IA de générer les résumés. La nouvelle interface repose en effet sur un modèle de langage formé en analysant des millions de contenus originaux, qui ont nécessité des heures de travail à leurs auteurs. Au lieu de faciliter l’accès à l’information, la fonctionnalité pourrait avoir un effet pervers et restreindre indirectement l’accès à cette dernière, en incitant notamment les utilisateurs à se contenter de résumés de quelques lignes.

Prochaine étape

L’IA de Google ne possède pas encore les capacités de répondre à des requêtes couvrant un très grand nombre de variantes. Selon les responsables du projet, l’étape suivante consistera à fournir des réponses cohérentes et précises, grâce au modèle linguistique. L’entreprise envisage également de monétiser la nouvelle interface, en insérant des annonces publicitaires dans les instantanés d’IA.

Dans un souci de sécurité et d’intégrité de l’information, Google prévoit également de développer une IA qui fournira uniquement des données factuelles vérifiables et qui ne formulera pas d’opinion. Les ingénieurs considèrent que les modèles capables de formuler des opinions ne sont pas compatibles avec ceux qui sont strictement factuels, dont la probabilité de commettre des erreurs est plus faible.

Vidéo de démonstration de la nouvelle fonctionnalité :

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