OpenEuroLLM, le projet IA colossal de l’Europe pour rivaliser avec les géants américains et chinois

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| OpenEuroLLM/ Pixabay/ Trust My Science
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Face à l’essor de DeepSeek-R1, le nouveau modèle de la société chinoise DeepSeek qualifié de « moment Spoutnik de l’IA » par l’investisseur Marc Andreessen, la riposte ne s’est pas fait attendre. Sam Altman, PDG d’OpenAI, a rapidement promis de développer des modèles encore plus performants. Promesse tenue : OpenAI vient de lancer un nouvel agent d’intelligence artificielle, Deep Research, capable de rédiger des rapports d’analyse complexes à une vitesse impressionnante. Alors que la domination mondiale de l’IA se partage principalement entre les États-Unis et la Chine, l’Union européenne entend bien s’inviter dans la compétition. Son nouvel atout : OpenEuroLLM, un projet ambitieux soutenu par la Commission européenne et piloté par un consortium d’une vingtaine de partenaires, visant à développer des modèles de langage open source couvrant l’ensemble des langues officielles de l’UE.

La bataille pour la domination de la course à l’intelligence artificielle se joue désormais à l’échelle planétaire, portée par des investissements très importants. Aux États-Unis, le président Donald Trump, lors de son investiture, a évoqué le projet Stargate, une initiative d’envergure estimée à 500 milliards de dollars, portée par OpenAI, SoftBank et Oracle. Sur cette somme, 100 milliards sont déjà engagés pour la construction de dix centres de données, ce qui témoigne de la volonté américaine d’accélérer le déploiement de l’IA.

En Chine, DeepSeek poursuit sa montée en puissance avec Janus-Pro, un modèle de génération d’images qui égaliserait au moins les capacités de DALL-E-3 d’OpenAI, consolidant ainsi la place de Pékin comme acteur majeur de l’intelligence artificielle mondiale. Ces développements confirment l’emprise grandissante de la Silicon Valley et de la Chine sur un secteur devenu stratégique.

L’Europe à la conquête de sa souveraineté numérique ?

Face à cette dynamique, l’Union européenne entend renforcer sa souveraineté numérique. Le projet OpenEuroLLM s’inscrit dans cette stratégie, visant à fournir aux entreprises, aux industries et aux administrations des modèles multilingues de grande envergure. Entraînés sur des supercalculateurs européens, ces modèles prétendent refléter les valeurs fondatrices de l’Europe : transparence, diversité culturelle et éthique.

Lancé officiellement le 26 juin 2023, OpenEuroLLM vient de franchir une étape décisive en recevant le label « Technologies stratégiques pour l’Europe » (STEP), une distinction destinée à renforcer la compétitivité industrielle du continent. Il s’agit du premier projet soutenu par le programme Digital Europe à obtenir cette reconnaissance.

Selon un communiqué officiel, le consortium regroupe vingt institutions de recherche, entreprises et centres de calcul haute performance EuroHPC. Il est coordonné par Jan Hajič (Université Charles, République tchèque) et codirigé par Peter Sarlin (AMD Silo AI, Finlande).

Un écosystème européen en construction

Parmi les partenaires de ce projet figurent des acteurs de premier plan tels que la société française LightOn, le laboratoire allemand Aleph Alpha Research, ainsi que l’Alliance pour les technologies des langues (ALT-EDIC). Des institutions académiques renommées participent également à l’initiative : l’Université d’Helsinki, Fraunhofer IAIS, l’Université d’Oslo, l’Institut ELLIS Tübingen et l’Université de technologie d’Eindhoven.

« Plutôt que de disperser les efforts, il s’agit d’une action coordonnée pour créer des modèles de langage européens ouverts, que les entreprises pourront posséder, contrôler et intégrer dans leurs produits », précise Peter Sarlin dans un commentaire publié sur LinkedIn.

Le pari de l’open source et de l’éthique

L’une des ambitions majeures d’OpenEuroLLM est de se démarquer des modèles développés par les géants américains et chinois. Contrairement aux solutions propriétaires de Google ou DeepSeek, l’initiative européenne mise sur l’open source. Cette approche vise à offrir aux institutions publiques et aux entreprises la possibilité d’adapter librement les modèles à leurs besoins spécifiques, tout en garantissant une transparence totale des algorithmes.

Avec un budget de 37,4 millions d’euros, financé en partie par le programme STEP (20,6 millions) et la Commission européenne, OpenEuroLLM bénéficie également du soutien d’EuroHPC, qui met à disposition ses capacités de calcul haute performance. Si cette enveloppe peut paraître modeste face aux investissements très importants d’OpenAI ou de Meta, le succès récent de DeepSeek, obtenu avec seulement six millions d’euros, démontre que l’innovation ne dépend pas uniquement des ressources financières.

La date de lancement des premiers modèles OpenEuroLLM reste à préciser, mais le projet constitue d’ores et déjà une étape importante pour l’intelligence artificielle européenne. Selon Sarlin, il s’agit de l’un des investissements les plus importants de l’Union européenne dans ce domaine. Le cofondateur de Silo AI insiste sur l’ambition du projet, qui dépasse la simple création de chatbots. OpenEuroLLM vise à établir une véritable infrastructure d’intelligence artificielle, intégrée et souveraine, à même de rivaliser avec les géants mondiaux de la tech.

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