Des ovules humains immatures obtenus in vitro à partir de cellules sanguines

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En 1923, le généticien britannique J. B. S. Haldane affirmait que l’ectogenèse, le processus visant à développer des embryons et fœtus humains dans des utérus artificiels, serait la méthode de naissance d’environ 70% des bébés en 2074. Bien que la science soit encore très loin de cette prédiction, une équipe de scientifiques japonais a récemment franchi une nouvelle étape en transformant des cellules sanguines en cellules souches, puis ces cellules souches en ovules immatures.

Même si la prouesse réalisée par les biologistes et médecins japonais de l’université de Kyoto n’est qu’une étape très préliminaire, elle ouvre toutefois un nouveau champ de possibilités. En effet, les scientifiques ont réussi à transformer des globules rouges en ovogonies, c’est-à-dire les cellules souches de la lignée germinale (ensemble des cellules souches se différenciant en gamètes) chez la femme. Puis à transformer ces ovogonies en ovules immatures (infécondables). Les résultats ont été publiés dans la revue Science.

« Pour la première fois, des scientifiques ont démontré de manière convaincante qu’il est possible d’élaborer des ovules des ovules très immatures » affirme Amander Clark, biologiste du développement à l’université de Californie à Los-Angeles. Cette technique pourrait aider des milliers de personnes souffrant d’infertilité, selon Clark.

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Pendant plusieurs années les scientifiques ont tenté d’obtenir des gamètes à partir de cellules souches. En 2012, Mitinori Saitou et ses collègues de l’université de Kyoto rapportaient avoir produit des ovules et des spermatozoïdes mâtures de souris, et avoir utilisé ces derniers pour donner naissance à des souriceaux viables et en bonne santé. Mais concernant les humains, les tentatives n’ont jamais été couronnées de succès.

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Schéma récapitulant les étapes de la gamétogenèse humaine. Chez la femme, l’ovogenèse commence par les ovogonies, des cellules souches pluripotentes germinales. Crédits : BioTop.net

Pour ce faire, les chercheurs ont tout d’abord prélevé des globules rouges (les cellules sanguines transportant le dioxygène dans l’organisme) chez des femmes, puis, ont induit leur dédifférenciation en cellules souches pluripotentes particulières appelées ovogonies la dédifférenciation est le processus par lequel une cellule spécialisée se déspécialise pour revenir à l’état de cellule souche.

Les ovogonies sont des cellules souches germinales appelées à se différencier en gamètes, et plus précisément en ovules après avoir migré dans les ovaires. Les chercheurs ont donc introduit ces ovogonies in vitro dans des ovaires artificiels obtenus à partir de cellules embryonnaires de souris. Les ovogonies se sont ensuite bien différenciées en ovules immatures.

L’ectogénèse et ses implications bioéthiques

La prochaine étape pour les auteurs est d’arriver à produire des ovules et spermatozoïdes mâtures en utilisant la même technique. « C’est le début d’un changement de paradigme » affirme Kyle Orwig, professeur de gynécologie obstétrique à l’université de médecine de Pittsburgh. Cette étape constitue le tout premier jalon du développement artificiel de bébés. Cependant, une telle situation soulève inévitablement des questions éthiques et sociétales.

Théoriquement, lorsque cette technique sera au point, des bébés pourraient être développés à partir du sang, des cheveux ou de la peau de n’importe quel individu, vivant ou mort. « Cela conduit donc à des possibilités vraiment étranges, pour ne pas dire dérangeantes » confit Ronald Green, spécialiste de la bioéthique à l’université de Dartmouth. « Une femme pourrait vouloir avoir un bébé provenant de George Clooney. Et le coiffeur de la star pourrait vendre ses cheveux en ligne ».

En outre, l’accès simplifié au développement d’ovules humains conduirait inévitablement à une routine de séquençage d’ADN des embryons. « Mener des tests génétiques sur une grande majorité de générations de bébés avant même qu’ils soient des fœtus lorsqu’ils ne sont que des embryons  et voir des parents, voire même les gouvernements, choisir quels embryons doivent devenir des bébés… Cela a de lourdes implications » conclut Hank Greely, expert en bioéthique à Stanford.

Source : Science

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