Une partie de la banquise arctique s’amincit deux fois plus vite qu’on ne le pensait auparavant

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Le problème de la fonte des glaces arctiques est non seulement toujours plus vaste, mais il nécessite également une révision constante des données et des estimations pour tenir compte de l’évolution de nombreux phénomènes liés au changement climatique. Dans ce cadre, des chercheurs ont récemment constaté, selon des mesures qui rendent compte de la façon dont le changement climatique affecte cette fonte, que certaines régions de la banquise arctique s’amincissent jusqu’à deux fois plus rapidement que précédemment estimé.

L’étendue de la glace des pôles est cartographiée avec précision depuis des décennies, et c’est cette cartographie qui a permis de constater il y a des décennies déjà, que la hausse des températures mondiales est un facteur important de sa diminution. Cependant, l’incertitude est bien plus grande en ce qui concerne l’épaisseur de la glace.

Et il s’agit d’une distinction importante, car une glace plus fine est également plus susceptible de fondre en été. En règle générale, les scientifiques estiment l’épaisseur de la glace en mesurant la hauteur de sa surface au-dessus du niveau de la mer, puis en tenant compte du fait que cette hauteur est inférieure à l’épaisseur réelle, car la neige épaisse qui repose sur la glace l’alourdit (enfonçant le tout plus profondément dans l’eau).

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Des estimations précédentes insuffisantes

Mais Robbie Mallett, de l’University College London, estime que cette approche n’est pas suffisante car elle repose sur des cartes de l’épaisseur de la neige datant de 1999 qui étaient encore utilisées, alors que nous savons que la neige est devenue moins épaisse au cours des vingt dernières années en raison du changement climatique.

Pour réduire l’incertitude, lui et ses collègues ont combiné les données radar des satellites avec une estimation beaucoup plus réaliste de la quantité de neige sur la glace de mer. En remplaçant les cartes par une modélisation des niveaux de neige, qui a été étalonnée par rapport aux observations réelles, les chercheurs ont constaté que l’épaisseur de la glace de mer diminuait de 60 à 100% plus rapidement entre 2002 et 2018. Les fluctuations annuelles des taux d’amincissement se sont également révélées beaucoup plus importantes que prévu, avec une augmentation de 76%, qu’avec l’ancienne méthode.

Le fait d’avoir une idée plus réaliste de l’amincissement de la glace de mer aidera à construire des modèles de changement climatique plus précis, tandis que la compréhension des variations annuelles aidera le nombre croissant de navires qui traversent l’Arctique, déclare Mallett. « L’épaisseur de la glace de mer reste très incertaine par rapport à la superficie qu’elle couvre. Cependant, cet article constitue une avancée significative dans la caractérisation des tendances que nous observons en matière d’épaisseur, et ces tendances reflètent un réchauffement de l’Arctique trois fois supérieur au taux mondial », déclare Mallett.

Les résultats ne s’appliquent qu’à quatre des sept mers qui entourent le centre de l’Arctique, car les données radar par satellite pour la région centrale ne datent que de 2010, et la glace au centre a tendance à être plus épaisse et à survivre pendant plusieurs années.

Tenir compte des « grandes incertitudes »

Il existe également ce que Mallet décrit comme de « grandes incertitudes » quant à la distance à laquelle les systèmes radar par satellite pénètrent dans la glace de mer à travers la neige, et on ne sait pas exactement quelle quantité de neige il y a dans l’Arctique.

Peter Wadhams, de l’université de Cambridge, estime qu’un « trou gigantesque » dans la recherche est qu’elle omet des mesures fiables de l’épaisseur de la glace de mer prises par des sous-marins jusqu’en 2007. Selon Mallet, ces mesures n’ont été prises qu’en des « points » isolés et ne représentent pas nécessairement les zones beaucoup plus vastes de milliers de kilomètres carrés sur lesquelles son équipe s’est penchée.

Walt Meier, du Centre national des données sur la neige et la glace, basé aux États-Unis, estime que la nouvelle approche constitue une amélioration considérable par rapport à l’ancienne. « La méthode utilise un modèle de neige sophistiqué qui permet de suivre les chutes de neige, le vent de souffler la neige sur le sol et de déplacer la neige sur la glace lorsque celle-ci dérive avec les vents et les courants », explique-t-il.

Le déclin de la glace de mer arctique ne montre aucun signe d’essoufflement cette année, son étendue étant actuellement inférieure de plusieurs centaines de milliers de kilomètres carrés à ce qu’elle était lorsque la région a atteint un minimum estival record en 2012. La glace atteint généralement son minimum en septembre avant de regeler pour l’hiver.

Source : The Cryosphere

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