La plupart des médicaments actuellement disponibles pour lutter contre la prise de poids et l’obésité nécessitent impérativement un régime alimentaire sain et hypocalorique en complément. Des chercheurs ont mis au point une potentielle alternative bien moins contraignante sous la forme d’un nouveau médicament minceur qui serait efficace sans restriction alimentaire. Présentant des résultats prometteurs chez des souris nourries avec un régime riche en graisses et en sucres, la nouvelle molécule préviendrait efficacement la prise de poids tout en éliminant les modifications hépatiques indésirables.
Bien que des facteurs génétiques puissent influencer l’incidence de l’obésité, il est généralement admis que les mauvaises habitudes alimentaires en sont un facteur déterminant. La surcharge pondérale est en effet la conséquence d’un déséquilibre entre l’apport et les dépenses énergétiques. Par conséquent, les perturbations métaboliques associées à la prise de poids sont généralement accompagnées d’un dysfonctionnement mitochondrial — les centrales énergétiques de notre organisme. Les chercheurs ont alors formulé l’hypothèse que ce dysfonctionnement serait l’un des principaux facteurs pathologiques des troubles liés à l’obésité.
Poursuivant cette piste, les chercheurs de la nouvelle étude ont étudié les impacts du magnésium sur le métabolisme énergétique régulé par les mitochondries. Le magnésium (sous forme d’ions Mg2+) étant le quatrième élément le plus abondant dans notre organisme (après le calcium, le potassium et le sodium), il joue un rôle clé dans diverses fonctions, telles que la régulation de la glycémie et de la pression artérielle, le maintien de la structure osseuse, les contractions musculaires, le métabolisme des lipides, la transmission des influx nerveux, etc. En interagissant avec les mitochondries, le magnésium contribue à l’efficacité de la production énergétique et aide à transformer les glucides et les lipides en énergie.
Un déficit en magnésium peut entraver la dégradation des glucides et des lipides, qui s’accumulent ensuite sous forme de dépôts adipeux (ou graisse). De ce fait, on prescrit généralement du magnésium après une chirurgie bariatrique (intervention visant à réduire l’obésité, comme la pose d’un anneau gastrique) car il régule également la satiété et aide à adopter un régime hypocalorique. Cependant, sa présence dans l’organisme nécessite un contrôle méticuleux, la nouvelle étude parue dans la revue Cell Reports expliquant que des concentrations excessives au niveau des mitochondries ralentirait la production énergétique des cellules.
Afin de développer leur nouveau médicament contre l’obésité, les chercheurs ont ciblé la voie d’interaction des ions Mg2+ avec les mitochondries. La molécule a montré une efficacité importante chez les souris, même avec un régime riche en graisse et en sucre tout au long de leur vie. « Lorsque nous donnons ce médicament aux souris pendant une courte période, elles commencent à perdre du poids. Elles deviennent toutes minces », explique Madesh Muniswamy, chercheur à l’Université de médecine du Texas à San Antonio (États-Unis) et auteur correspondant de la nouvelle étude, dans un communiqué.
Un médicament améliorant le confort des patients
Pour étayer son hypothèse, l’équipe de recherche du Texas a d’abord modifié génétiquement des souris afin qu’elles soient dépourvues du gène MRS2, un gène qui favorise l’ouverture des canaux ioniques transportant les ions Mg2+ à l’intérieur des mitochondries. Sans ce gène, il a été constaté que les souris métabolisaient plus efficacement le sucre et les graisses et restaient minces et en bonne santé malgré un régime hypercalorique. De plus, les chercheurs n’ont constaté aucun signe de stéatose hépatique au niveau du foie et des tissus adipeux des rongeurs, une complication couramment observée chez les personnes souffrant d’obésité et de diabète de type 2.
Le même résultat a été observé lorsque les chercheurs ont testé leur nouvelle molécule, appelée CPACC, qui limite le transfert du magnésium à l’intérieur des mitochondries. « L’abaissement du magnésium mitochondrial a atténué les effets néfastes d’un stress alimentaire prolongé », suggère Manigandan Venkatesan, boursier postdoctoral au laboratoire de Muniswamy et co-auteur principal de la nouvelle étude.
Il est important de noter que le stress alimentaire est un état comportemental déclenchant des envies compulsives de consommer de la nourriture à des heures inhabituelles, conduisant inévitablement à la prise de poids. Commencer un nouveau régime en se privant pour perdre du poids pourrait engendrer encore plus de stress chez les patients les plus vulnérables, tels que les enfants ou ceux souffrant d’obésité morbide.
Les chercheurs de la nouvelle étude estiment que leur nouveau médicament serait capable de réguler le métabolisme énergétique et de faire perdre du poids sans nécessiter un régime particulier en accompagnement. Cette nouvelle alternative améliorerait ainsi considérablement le confort des patients. Toutefois, une question mérite d’être posée : l’existence de ce médicament ne constituerait-elle pas un argument encourageant les mauvaises habitudes alimentaires ?